CADES
Question de :
M. Arnaud Montebourg
Saône-et-Loire (6e circonscription) - Socialiste
M. Arnaud Montebourg appelle l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES). Aux termes de l'ordonnance n° 96-50 du 24 janvier 1996, modifiée par le loi n° 2004-810 du 13 août 2004, la caisse, établissement public placé sous la tutelle du ministère de l'économie et des finances, a pour mission de financer et d'éteindre la dette cumulée du régime général de la sécurité sociale. Pour ce faire, elle choisit de manière systématique le Grand Duché du Luxembourg comme place de cotation pour ses émissions obligataires. La législation bancaire de ce pays, qui reconnaît le secret bancaire, le rapproche d'un paradis fiscal. Les pratiques de cet État ont été maintes fois dénoncées, notamment par le rapport n° 2311 de la mission d'information parlementaire sur les obstacles au contrôle et à la répression de la délinquance financière et du blanchiment des capitaux en Europe. Ainsi, la CADES elle-même ne peut pas connaître l'identité des souscripteurs finaux de ses emprunts obligataires. De plus, de telles opérations bancaires impliquent de disposer de correspondants sur place. La CADES a porté son choix sur la Kredietbank Luxembourg (KL), banque à la réputation douteuse, comme l'atteste la mise en examen pour association de malfaiteurs de trente-sept dirigeants de la maison belge Kredietbank en 1998. Il convient en conséquence de se demander si ces éléments sont compatibles avec l'impératif de transparence des finances publiques et de l'opportunité pour la CADES de privilégier cette place financière. Enfin, les comptes de la chambre de compensation Clearstream pour 2003 font apparaître un compte au nom de la CADES référencé SO115 Trésor public - CADES. La direction de la CADES semble ne pas connaître l'existence de ce compte. Il souhaiterait en conséquence obtenir les précisions qui s'imposent.
Réponse publiée le 7 juin 2005
En ce qui concerne les emprunts de la CADES, ils sont cotés, pour des raisons historiques remontant à la distinction entre les marchés du « franc domestique » et de « l'eurofranc », à Paris et à Luxembourg. Cette cotation à Luxembourg est une pratique générale, et à laquelle recourent de grands émetteurs obligataires. L'identité des souscripteurs des emprunts de la CADES est connue au moment de chaque émission, par les banques participant au syndicat d'émission, ainsi que lors du paiement des coupons et du remboursement du capital. Les banques effectuent elles-mêmes les contrôles sur la qualité des acheteurs. Pour le choix de l'agent payeur qui assure le paiement des coupons des emprunts, la CADES a, pour ses différentes émissions, utilisé une vingtaine de banques différentes françaises et internationales. Par ailleurs, s'agissant de l'utilisation d'un compte qu'aurait eu la CADES auprès de la société Clearstream, la CADES confirme qu'elle ne dispose pas et n'a jamais ouvert un compte auprès de cette société. Il est enfin rappelé que le législateur a doté la CADES de dispositifs de gouvernance et de suivi précis : la CADES dispose d'un comité de surveillance où siègent quatre parlementaires. Le conseil d'administration comprend quant à lui les directeurs généraux du Trésor et de la comptabilité publique, ainsi que des représentants de l'Agence France Trésor et de la direction de la sécurité sociale. Il est rendu compte de ses activités dans un rapport annuel au Parlement, publié en annexe du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Enfin, le président du conseil d'administration est fréquemment entendu par les commissions de finances et des affaires sociales des deux assemblées.
Auteur : M. Arnaud Montebourg
Type de question : Question écrite
Rubrique : Sécurité sociale
Ministère interrogé : économie
Ministère répondant : économie
Dates :
Question publiée le 30 novembre 2004
Réponse publiée le 7 juin 2005