Question écrite n° 60710 :
machines et équipements

12e Législature

Question de : M. Alain Bocquet
Nord (20e circonscription) - Député-e-s Communistes et Républicains

M. Alain Bocquet attire l'attention de M. le ministre délégué à l'industrie sur la politique de restructuration du groupe d'électroménager suédois Électrolux qui, après avoir décidé l'an passé la fermeture de son unité de fabrication à Reims (Marne) et la suppression de 249 emplois, risque de faire subir le même traitement à l'usine de Revin (Ardennes) où travaillent 700 salariés. Prétextant un effritement de ses profits en 2004, avec tout de même un résultat net positif de 245 millions d'euros et une progression de son volume de ventes de 2,4 % en Europe de l'Ouest, le numéro un mondial du secteur a annoncé son intention d'interrompre l'activité d'une quinzaine de unités de production pour la délocaliser dans des pays de bas salaires. Électrolux, qui a déjà supprimé 20 544 emplois depuis 1998, entend profiter des opportunités de dumping social entretenues par la construction européenne libérale. La firme vient ainsi de déposer des permis de construire pour deux usines en Pologne. Il apparaît cependant que le coût des rémunérations n'est pas responsable de l'érosion de sa rentabilité. La cause réside essentiellement dans la hausse conjoncturelle du cours des matières premières, et principalement de l'acier, qui représentent de 75 % à 80 % du prix de revient d'un lave-linge ou d'un réfrigérateur. Quand la direction table elle-même sur une croissance de la demande pour l'électroménager, cette année, aussi bien en Europe qu'aux États-Unis, rien ne justifie ce programme de destruction d'emplois et de capacités, sinon une volonté de servir toujours mieux les intérêts d'actionnaires qui, pour leur part, ont bénéficié d'une hausse de leurs gains, le dividende versé par action passant de 6,5 couronnes suédoises (SEK) pour 2003 à 7 SEK pour l'exercice 2004. En réalité, la stratégie industrielle est soumise à des considérations purement financières. Le 15 février 2005, jour de l'annonce du plan de réorganisation, l'action Électrolux était la seule forte hausse à la bourse de Stockholm, s'appréciant de 12,3 % à 18,15 euros pour un montant de transaction de 551 millions d'euros, trois fois plus que pour Ericsson, le poids lourd du marché suédois. Aussi il lui demande quelles dispositions il entend prendre pour obtenir, des dirigeants d'Électrolux, des garanties et des engagements sur la pérennité du site de Revin, doté depuis décembre d'une ligne de production ultra moderne, et le maintien des effectifs, c'est-à-dire non seulement les 700 postes de l'usine ardennaise mais aussi plus globalement les 2 000 emplois que compte le groupe en France et au nom desquels d'importantes aides publiques lui ont été attribuées.

Réponse publiée le 19 juillet 2005

Électrolux, numéro deux mondial sur le marché du gros électroménager (produits blancs) et des aspirateurs, est présent en France au travers de la société Électrolux Home Products. Cette dernière disposait, jusqu'à fin 2004, de deux usines, l'une à Reims, spécialisée dans la fabrication de produits de cuisson (fours encastrables et cuisinières), l'autre à Revin, spécialisée dans la fabrication de lave-linge à chargement par le haut (TOP). L'outil industriel français du groupe a été affecté de manière importante en 2004, Électrolux ayant annoncé, en juillet 2004, la fermeture (effective à ce jour) de l'usine de Reims dont les fabrications en baisse ne répondaient plus à l'évolution de la stratégie produits du groupe. Début 2005, le groupe a réaffirmé sa volonté d'accélérer, d'ici à 2008, la rationalisation de son outil industriel et de déplacer certaines de ses unités de fabrication vers des marchés à développement rapide qui présentent des coûts de production moins élevés (Europe de l'Est). La direction du groupe a précisé que la moitié des vingt-sept sites de production d'électroménager, situés dans les pays à coûts élevés, risquerait de fermer. L'usine de Revin, qui emploie 650 salariés à la fabrication de lave-linge à chargement par le haut dont la France constitue le marché principal, est une usine moderne dans laquelle une nouvelle ligne de production est opérationnelle depuis octobre 2004, et a produit 660 000 machines. Par ailleurs, le groupe vient de prendre la décision importante pour Revin d'autoriser le financement de l'outil de production du nouveau lave-linge TOP dont la fabrication débutera en 2007. Le site de Revin, avec la confirmation de cet investissement, se voit confier la majeure partie de la fabrication de lave-linge TOP, principalement le haut de gamme. Les produits d'entrée de gamme sont confiés à l'usine polonaise qui fabrique également des lave-linge TOP, mais en plus petite quantité. La direction française d'Électrolux indique que le groupe est sensible aux efforts réalisés par les pouvoirs publics pour désenclaver la région et lui donner une position internationale favorable.

Données clés

Auteur : M. Alain Bocquet

Type de question : Question écrite

Rubrique : Industrie

Ministère interrogé : industrie

Ministère répondant : industrie

Dates :
Question publiée le 22 mars 2005
Réponse publiée le 19 juillet 2005

partager