Question écrite n° 63566 :
Kirghizistan

12e Législature

Question de : Mme Chantal Robin-Rodrigo
Hautes-Pyrénées (2e circonscription) - Socialiste

Le régime de M. Askar Akaev s'est écroulé en quelques heures, jeudi 24 mars, sous la pression de quelques milliers de manifestants qui ont pris d'assaut le siège de la présidence et du gouvernement. Dans une déclaration à l'agence nationale kirghize Kabar, citée par la télévision russe NTV, le président déchu a dénoncé, vendredi, un « coup d'État », et, démentant sa démission, a assuré que son séjour hors du pays n'était que « temporaire ». L'opposition kirghize s'est toutefois attelée dès le 25 mars 2005 à organiser le pouvoir à Bichkek et a annoncé la tenue d'une élection présidentielle pour juin prochain, pressée de restaurer rapidement l'ordre public après la chute, en quelques heures, la veille, du régime de M. Askar Akaev. Les événements au Kirghizistan ont toutefois suscité de vives inquiétudes de la part de ses voisins. Se voulant rassurante, l'opposition qui a pris le pouvoir aurait déclaré qu'elle ne comptait pas remettre en cause les engagements internationaux et de tous les accords signés auparavant. Toutefois, compte tenu de la confusion politique qui règne au sein de cet État, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande à M. le ministre des affaires étrangères de lui faire le point sur le dossier kirghize et de lui préciser les intentions du Gouvernement à son sujet.

Réponse publiée le 26 juillet 2005

La France, qui avait ouvert une antenne diplomatique permanente dans le pays quelques mois auparavant, a suivi très attentivement les événements survenus au Kirghizstan et appelé de manière constante, dès le début des événements survenus à Och et Djalalabad au cours du week-end du 19 et 20 mars, à l'apaisement et au dialogue. Si elle a, comme l'ensemble de la communauté internationale, regretté les débordements de violence constatés les 24, 25 et 26 mars, il est clair que ceux-ci traduisaient aussi le désarroi de la population kirghize qui a pu être attisé par les circonstances dans lesquelles s'étaient déroulées les élections. Une fois l'ordre restauré, la France n'a eu de cesse, avec l'ensemble de ses partenaires, d'engager toutes les forces politiques kirghizes à s'entendre sur les modalités de la transition, sur le rétablissement de la légalité constitutionnelle et sur un calendrier politique devant mener à des élections libres et transparentes. Elle a soutenu le rôle très positif joué dans ce sens par l'OSCE, que ce soit à travers son centre de Bichkek et son antenne d'Och ou encore à travers l'action de la présidence en exercice slovène et de son représentant spécial, l'ancien Premier ministre Alojz Peterle, ou le secrétaire général, M. Jan Kubis. Le Président Askar Akaev a formellement démissionné le 4 avril dernier et le gouvernement intérimaire, dirigé par un ancien Premier ministre, M. Kurmanbek Bakiev, a été confirmé par le Parlement. Si la situation reste sur place fragile, notamment dans le sud du pays, les autorités intérimaires se sont employées à mettre en oeuvre les premières réformes, notamment pour lutter contre la corruption. Une convention constituante a été mise en place et la préparation des élections présidentielles, finalement fixées au 10 juillet prochain, suit son cours. La France s'est mobilisée pour participer activement, aux côtés de ses partenaires, à la nouvelle mission d'observation électorale qui a d'ores et déjà été déployée dans tout le pays sous l'égide de l'OSCE. La France mesure les défis qui seront ceux des autorités kirghizes au lendemain des élections : la nécessité de garantir, d'abord, la sécurité et l'ordre dans le pays sans mettre à mal sa cohésion, de créer, ensuite, les conditions d'un succès de la transition politique et de répondre, enfin, aux attentes sociales exprimées par la population. Elle a prévu de s'associer à la mise en oeuvre du plan d'action préparé par la Présidence en exercice de l'OSCE pour, sur la base des programmes existants en faveur de la démocratisation et de la réforme des forces de police, un soutien à la transition en cours dans le pays. La France est convaincue que la stabilité du Kirghizstan est dans l'intérêt de tous et qu'elle est essentielle à celle de l'Asie centrale dans son ensemble. Elle continuera, avec ses partenaires européens et l'ensemble des acteurs concernés, à oeuvrer dans ce sens.

Données clés

Auteur : Mme Chantal Robin-Rodrigo

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : affaires étrangères

Ministère répondant : affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 26 avril 2005
Réponse publiée le 26 juillet 2005

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