Question écrite n° 72348 :
élargissement

12e Législature

Question de : Mme Chantal Robin-Rodrigo
Hautes-Pyrénées (2e circonscription) - Socialiste

Malgré la possibilité d'un report de l'adhésion et la mise en garde de Bruxelles, la Bulgarie garde confiance. L'attitude tient à la fois de la méthode Coué et de la politique de l'autruche. Á en croire ses représentants, la Bulgarie tient fermement le cap de l'adhésion à l'Union européenne et les non français et néerlandais au référendum sur le traité constitutionnel n'y changeront rien. L'inquiétude est de savoir si la date de l'intégration, prévue en janvier 2007, sera maintenue ou bien si la Commission fera jouer la clause de sauvegarde qui lui permet de la retarder d'un an au cas où les dossiers ne sont pas bouclés. La menace est dans le fond plutôt virtuelle puisqu'elle suppose un accord à l'unanimité des représentants des vingt-cinq pays membres de l'Union européenne. Mais elle a semblé prendre corps le mois dernier quand la Commission a, dans une lettre, mis en garde la Bulgarie contre les retards accumulés sur cinq points, dont le plus important est la réforme judiciaire. Inadapté et inefficace, le système actuel permet à de nombreux criminels de s'en tirer par des artifices de procédure : un fait qui inquiète Bruxelles dans la perspective de voir la Bulgarie devenir une des frontières extérieures de l'Union. La réaction des autorités bulgares a été de dire : « Il ne faut pas dramatiser. » Or il n'en demeure pas moins que la Bulgarie n'est pas prête à entrer dans l'Union en l'état actuel des choses et que le retard accumulé dans ses réformes posera grandement problème en cas d'adhésion effective à la date prévue. En conséquence, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande à Mme la ministre déléguée aux affaires européennes de lui indiquer la position et les intentions du Gouvernement au sujet de ce dossier.

Réponse publiée le 4 octobre 2005

Au terme de négociations qui ont duré quatre années, la Bulgarie et la Roumanie ont signé leur traité d'adhésion à l'Union européenne le 25 avril 2005 à Luxembourg, en vue de leur entrée dans l'Union prévue au plus tôt le 1er janvier 2007. Les préparatifs des pays à l'adhésion font l'objet d'un suivi renforcé de la part de l'Union et de ses États membres et la Commission présentera notamment à l'automne 2005 puis 2006 des rapports de suivi, évaluant précisément la préparation de la Roumanie et de la Bulgarie. C'est dans cette perspective que la Commission, comme elle l'avait fait lors du processus d'adhésion des dix nouveaux États membres, a adressé en juin des courriers aux autorités bulgares et roumaines. Ces courriers soulignent que la Bulgarie et la Roumanie devraient être en mesure d'ici à la date prévue pour leur adhésion de remplir les engagements qu'elles ont pris lors des négociations mais que, dans certains domaines, des mesures urgentes doivent être prises pour résorber des retards préoccupants. Dans le cas de la Bulgarie, la Commission constate que les lacunes se concentrent dans cinq domaines : libre prestation des services, protection des droits de la propriété intellectuelle, agriculture (notamment sécurité alimentaire), environnement et surtout justice et affaires intérieures (JAI). Lors de la clôture du chapitre JAI à l'automne 2003, la France a obtenu que la Bulgarie prenne des engagements précis dans ce domaine, en particulier en ce qui concerne la réforme de la justice mais aussi le contrôle aux frontières et la lutte contre la corruption, le crime organisé et la traite des êtres humains. À notre demande, la Bulgarie s'est ainsi engagée à procéder d'ici à la fin 2005 à une réforme durable de la phase préalable au procès, qui conditionne le bon fonctionnement de l'ensemble du système judiciaire. La France suit avec une très grande vigilance les progrès de la Bulgarie dans ce domaine et attend qu'elle adopte et mette en oeuvre la réforme de la justice, selon le calendrier prévu. Un point précis sera fait dans le cadre des rapports annuels de suivi, que présentera la Commission à la fin octobre. S'il apparaît que la Bulgarie ou la Roumanie venaient à rencontrer des difficultés pour remplir leurs engagements, le traité d'adhésion prévoit que l'UE pourrait recourir, le cas échéant, aux clauses de sauvegarde qui y figurent. Si la Bulgarie devait apparaître comme insuffisamment préparée à l'adhésion, notamment dans le domaine de la JAI, l'UE pourra décider de reporter d'une année (soit au 1er janvier 2008) l'entrée de ce pays dans l'Union. Par ailleurs, si des manquements graves en matière de JAI devaient être constatés après l'adhésion de ce pays à l'Union, cette dernière aura la possibilité, pendant une période de trois ans après l'entrée de ce nouveau membre, d'activer une clause de sauvegarde spécifique, permettant notamment de suspendre la reconnaissance mutuelle des décisions de justice.

Données clés

Auteur : Mme Chantal Robin-Rodrigo

Type de question : Question écrite

Rubrique : Union européenne

Ministère interrogé : affaires européennes

Ministère répondant : affaires européennes

Dates :
Question publiée le 16 août 2005
Réponse publiée le 4 octobre 2005

partager