Question écrite n° 72623 :
golfe de Guinée

12e Législature

Question de : Mme Chantal Robin-Rodrigo
Hautes-Pyrénées (2e circonscription) - Socialiste

De nouveaux intérêts stratégiques et pétroliers américains se font jour dans le golfe de Guinée. En effet, dans ce coin d'Afrique où le boom pétrolier pourrait bien permettre le remplacement d'ici à dix ans des exportations pétrolières vers l'Amérique en provenance du golfe Persique, les États-Unis d'Amérique semblent vouloir enraciner leur prééminence politique et militaire. De plus en plus stratégique pour Washington, ce golfe de Guinée est vulnérable : piraterie, terrorisme, instabilité politique. Pourtant, au large de ces 3 700 kilomètres de côtes quasi sans surveillance, l'industrie pétrolière américaine a investi des milliards de dollars. Washington, cherchant à se défaire de sa dépendance envers le pétrole du très instable Proche-Orient, se tourne vers l'Afrique de l'Ouest, qui produit 4,5 millions de barils de brut léger. Déjà, le golfe de Guinée, Nigeria en tête, fournit 15 % de son pétrole à une Amérique assoiffée d'essence. D'ici à 2015, ce chiffre pourrait passer à 25 %, selon le National Intelligence Council, institut de réflexion de la CIA. Dans le même temps, l'autre golfe, le golfe Persique, fournit 22 % des importations américaines. S'étirant de la Côte d'Ivoire à l'Angola, le golfe de Guinée reste un inconnu pour les forces américaines, et cette tournée le mois dernier d'un garde-côte, le Portsmouth, était destinée à faire connaissance, rencontrer les gens, reconnaître les dangers du terrain et les menaces sur l'accès au pétrole. Au programme, Cap-Vert, Ghana, Bénin, Guinée équatoriale et São Tomé et Principe. Pendant les trois jours de la très médiatique opération de relations publiques américaines dans la petite São Tomé, les autorités de ce pays ne se faisaient pas d'illusions et savent parfaitement que les Américains s'intéressent à São Tomé et Principe à cause du pétrole. Autre dimension de la stratégie d'implantation américaine, le partage d'informations sensibles et l'aide à la réponse à d'éventuelles attaques terroristes. Les forces américaines ont commencé par les vastes espaces sahariens d'Afrique du Nord. Mais il y a eu aussi la première réunion, en Italie, en octobre, avec les responsables des marines des pays du golfe de Guinée. Une conférence similaire est prévue pour le Ghana en décembre 2005. La politique expansionniste américaine est donc inquiétante car elle risque de porter tort à la propre influence française et européenne sur cette partie du continent africain. Compte tenu de cette évolution inquiétante qui appelle une riposte diplomatique diversifiée et une coopération d'envergure de la part de notre pays et de l'Union européenne en direction des États susvisés, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande à M. le ministre des affaires étrangères de lui indiquer ses intentions au sujet de ce dossier.

Réponse publiée le 24 janvier 2006

Les États-Unis ont clairement affiché leur volonté de sécuriser et d'accroître leurs approvisionnements pétroliers en provenance des pays du golfe de Guinée, qui représentent aujourd'hui 15 % des importations de pétrole américaines, et doivent en constituer le quart d'ici à dix ans. Pour atteindre cet objectif, les États-Unis renforcent leur présence dans une région où, traditionnellement, ils étaient peu présents et y développent des actions de coopération civiles et militaires. L'intérêt américain pour cette région, dont les besoins sont considérables, est un point positif qu'il faut analyser sur le plan de la complémentarité davantage que sur celui de la concurrence. Nous entretenons avec les États-Unis un dialogue constant sur les sujets africains, sur lesquels existe une très grande convergence de vues. Les objectifs poursuivis par nos deux diplomaties sont similaires : renforcer la démocratie, l'état de droit et la bonne gouvernance, aider l'Afrique à construire son développement et à atteindre les objectifs du millénaire pour le développement. Nous restons l'un des premiers partenaires au développement de cette région d'Afrique centrale, dans laquelle, sous notre impulsion, l'Union européenne accroît son influence. Le fait que les États-Unis s'y intéressent également, de façon plus marquée que par le passé et en concertation avec nous, ne peut que renforcer la stabilisation de cette région et ses chances d'accéder à un développement durable.

Données clés

Auteur : Mme Chantal Robin-Rodrigo

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : affaires étrangères

Ministère répondant : affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 6 septembre 2005
Réponse publiée le 24 janvier 2006

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