Cour de justice
Question de :
M. Jacques Myard
Yvelines (5e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
M. Jacques Myard appelle l'attention de M. le Premier ministre sur la jurisprudence inacceptable de la Cour de justice des Communautés européennes du 13 septembre 2005 qui vient de reconnaître de façon prétorienne que l'Union européenne dispose d'une compétence pénale dans le premier pilier (affaire c-176/03). Cette décision constitue une grossière violation des traités et notamment du traité de Maastricht signé en 1992 puisque la coopération policière et judiciaire en matière pénale relève formellement du troisième pilier. Au-delà du respect des traités, cet arrêt qui communautarise une matière intergouvernementale entraîne également une violation de la souveraineté française et des droits des parlements dans une matière sensible pour laquelle il ne saurait être question de transfert de souveraineté. En conséquence, il lui demande quelles initiatives il entend prendre afin de faire annuler cette jurisprudence prétorienne qui met en cause la souveraineté des peuples et méconnaît gravement les résultats du référendum du 29 mai dernier. Il s'agit de rappeler fermement à la technocratie de Bruxelles que l'Union européenne ne saurait être gouvernée par des juges. - Question transmise à Mme la ministre déléguée aux affaires européennes.
Réponse publiée le 26 septembre 2006
Par son arrêt rendu le 13 septembre 2005 dans l'affaire C-176/03 relative à la protection de l'environnement par le droit pénal, la Cour de justice des communautés européennes a conclu à l'existence d'une compétence communautaire en matière pénale. Cet arrêt a créé une certaine surprise au sein du Conseil des ministres de l'Union européenne, dont la plupart des États membres considérait jusque-là que le droit pénal relevait exclusivement des relations intergouvernementales, sur le fondement du traité sur l'Union européenne. Il a également suscité un certain trouble, dans la mesure où il n'apportait pas de réponse explicite à plusieurs des questions qu'il soulevait. C'est la raison pour laquelle le garde des sceaux avait exprimé le souhait que les ministres européens de la justice débattent de cette question. Ce débat a eu lieu le 13 janvier 2006 à Vienne, dans le cadre d'une réunion informelle du conseil pour la justice et les affaires intérieures de l'Union européenne. Il est ressorti de ce premier débat un large accord en faveur d'une interprétation restrictive de la portée de cet arrêt : aux termes de l'arrêt du 13 septembre, le législateur communautaire a le pouvoir de prendre les mesures législatives qui sont en relation avec le droit pénal des États membres « qu'il estime nécessaires pour garantir la pleine efficacité des normes qu'il édicte » ; mais cette compétence communautaire reste exceptionnelle, la législation pénale relevant en principe de la compétence intergouvernementale, et n'inclut pas la définition des sanctions applicables ; il conviendra donc, à l'avenir, de procéder à un examen au cas par cas des propositions législatives comportant des dispositions en matière pénale afin de déterminer la base juridique adéquate, en veillant en tout état de cause à garantir une implication du conseil « Justice et affaires intérieures ». Cette position, confortée par l'avis exprimé par le service juridique du conseil lors de la réunion de Vienne, devrait fonder l'approche du conseil, en attendant que de nouvelles décisions jurisprudentielles ne viennent, le cas échéant, préciser la portée de ce premier arrêt. Il reste d'autre part entendu que cet arrêt n'emporte par lui-même aucune conséquence sur la détermination des règles de procédure pénale, ni a fortiori dans le domaine du droit civil.
Auteur : M. Jacques Myard
Type de question : Question écrite
Rubrique : Union européenne
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : affaires européennes
Dates :
Question publiée le 27 septembre 2005
Réponse publiée le 26 septembre 2006