Question de : Mme Chantal Robin-Rodrigo
Hautes-Pyrénées (2^e circonscription) - Socialiste

Si, depuis quelques années, des signes inquiétants de relâchement des pratiques de safe sex avaient été notés, rien pour autant ne permettait d'affirmer que ce relâchement se traduirait automatiquement par une reprise des contaminations en France. Or, tel est le cas : en 2004, environ 7 000 personnes ont découvert leur séropositivité et 1 500 ont développé un sida. Des chiffres bien supérieurs aux années précédentes. En 2000, on parlait en effet de 3 000 à 4 000 nouvelles contaminations. C'est donc un cuisant échec pour la politique menée en la matière par l'État. En effet, 2005, année où le sida a été déclaré grande cause nationale, se révèle donc être une année noire. De fait, la situation se détériore sur trois fronts : les homosexuels, les migrants (et plus précisément les « hétérosexuels d'Afrique subsaharienne », qui représentent à eux seuls la moitié des découvertes de séropositivité, et qui prend de l'ampleur, en particulier chez les femmes), et enfin, les départements d'outre-mer en Caraïbe (pour exemple, en Guyane, l'incidence est quinze fois supérieure à la France métropolitaine et, en Guadeloupe, deux fois et demie supérieure). C'est dans ce contexte que le Conseil national du sida (CNS) a rendu public, fin novembre 2005, un avis sévère sur la politique actuelle en matière de prévention, pointant un « manque de cohérence des pouvoirs publics », et stigmatisant l'absence de « parole publique forte ». Mais, il faut le reconnaître, c'est aussi la faute pleine et entière de l'État, de toute la société civile, des chercheurs et des médias en cette année de grande cause nationale, où bien peu a été entrepris par rapport à ce qui se faisait avant. Compte tenu de ce bilan inquiétant, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande à M. le ministre de la santé et des solidarités de lui indiquer les mesures urgentes qu'il entend prendre au sujet de ce dossier de santé publique prioritaire.