Question écrite n° 80646 :
finances

12e Législature

Question de : Mme Chantal Robin-Rodrigo
Hautes-Pyrénées (2e circonscription) - Socialiste

Placés sur le devant de la scène avec la crise des banlieues, les maires attendent de l'État une meilleure écoute, plus de moyens mais, surtout, davantage de confiance. L'année 2004 avait été marquée par la fronde des élus locaux contre la suppression des services publics en milieu rural, alors au coeur de l'actualité. En cette fin 2005, ce sont les questions de cohésion sociale, de sécurité et du logement qui pourraient bien tenir la vedette après les violences urbaines des dernières semaines et l'engagement pris par le Gouvernement de renforcer les pouvoirs des maires dans ces différents domaines. Alors que l'État a de plus en plus territorialisé ses politiques et que les maires sont toujours davantage impliqués dans les politiques publiques de l'emploi, du logement ou de l'éducation, ceux-ci ont le sentiment de ne pas pouvoir accomplir pleinement ces tâches, faute de moyens politiques ou financiers. Selon bon nombre d'élus, il faudrait pouvoir retrouver véritablement le sens des mots « décentralisation », « responsabilité des élus locaux » et « autonomie financière » et ainsi redonner confiance aux maires, face à la tendance inquiétante qui consiste « par des réformes successives » à transférer des dépenses sans s'assurer des recettes correspondantes. Selon toutes probabilités, sur la question des banlieues, les élus locaux réclament désormais « plus de cohérence » dans la mise en place de « politiques globales » dans les villes. Parmi les questions qui fâchent toujours : la fiscalité. En effet, les dispositions de la loi de finances 2006 vont, en effet, à l'encontre du principe constitutionnel d'autonomie financière des communes. Au-delà de la condamnation du « bouclier fiscal » et du plafonnement de la taxe professionnelle, ils plaident toujours et encore pour une réforme d'ensemble de la fiscalité locale. Compte tenu de ses éléments, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, de lui indiquer la position et les intentions du Gouvernement au sujet de ce dossier.

Réponse publiée le 25 avril 2006

Les réformes initiées par le Gouvernement à l'occasion de l'examen du budget 2006 poursuivent un objectif économique, celui de favoriser l'investissement et l'emploi en protégeant les personnes, morales ou physiques, d'une taxation excédant leurs capacités contributives. C'est le cas de la création par l'article 74 de la loi de finances initiale pour 2006 d'un droit à restitution de la fraction des impôts acquittés par les ménages qui excède 60 % de leurs revenus. Le niveau de la pression fiscale peut en effet être ressenti comme excessif voire injuste pour les contribuables les plus modestes. C'est aussi le cas avec la réforme de la taxe professionnelle mise en oeuvre par l'article 85 de la loi de finances pour 2006 qui prévoit, d'une part, la pérennisation du dégrèvement pour investissements nouveaux pour les investissements réalisés à compter de 2006 et, d'autre part, la rénovation du plafonnement en fonction de la valeur ajoutée. Ce mécanisme ne jouait en effet plus qu'imparfaitement son rôle de modération de la pression fiscale en fonction des capacités contributives des entreprises. Son coût est en outre désormais partagé entre l'État et les collectivités locales lorsque les augmentations de taux que ces dernières décident se traduisent par un alourdissement du coût du dégrèvement initialement supporté par l'État. Tout au long du débat budgétaire, le Gouvernement a veillé à ce que les réformes n'affectent ni la libre administration ni l'autonomie financière des collectivités territoriales. Ainsi, la réforme de la taxe professionnelle n'entame en rien la liberté de vote des taux de taxe professionnelle des collectivités. Ensuite, les collectivités conservent en tout état de cause le supplément de produit de taxe professionnelle lié à la croissance de la totalité de leur base. Or, chaque année, les bases de taxe professionnelle augmentent, en moyenne, de 4,5 %. C'est l'une des recettes les plus dynamiques. Enfin, plusieurs améliorations ont été apportées au cours du débat budgétaire, aussi bien pour le calcul du « ticket modérateur » qui sera supporté par les collectivités à compter de 2007, que pour les modalités de calcul de la part de « bouclier fiscal » mis à la charge de ces collectivités. De même, le Gouvernement a été attentif à ce que la compensation des transferts de compétence réalisés dans le cadre de la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales soit concomitante, intégrale, évolutive, contrôlée et conforme à l'objectif d'autonomie financière des collectivités territoriales. Ainsi, alors que les transferts de compétences au titre de l'année 2005 avaient été fixés, après avis de la commission consultative sur l'évaluation des charges (CCEC), à 136,7 M EUR pour les départements et à 441,2 MEUR pour les régions, ces collectivités ont finalement perçu, au titre de cette même année, respectivement, 138,1 M EUR et 448,9 MEUR, soit davantage que le montant même du droit à compensation. Enfin, lors de la première conférence nationale des finances publiques, le Premier ministre a annoncé son souhait qu'un pacte entre l'État et les collectivités locales soit conclu afin d'avancer dans les directions suivantes : un élargissement des marges d'action des collectivités locales dans le cadre des compétences transférées ; une meilleure association des collectivités aux décisions qui les concernent ; une évolution des concours de l'État devenant progressivement compatible avec les normes de dépenses que l'État s'impose. C'est donc une relation loyale et transparente, reposant sur une responsabilité partagée, que le Gouvernement entretient avec les collectivités territoriales et qu'il leur propose d'approfondir.

Données clés

Auteur : Mme Chantal Robin-Rodrigo

Type de question : Question écrite

Rubrique : Communes

Ministère interrogé : intérieur et aménagement du territoire

Ministère répondant : intérieur et aménagement du territoire

Dates :
Question publiée le 13 décembre 2005
Réponse publiée le 25 avril 2006

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