Question écrite n° 8269 :
téléphone

12e Législature

Question de : M. Damien Alary
Gard (5e circonscription) - Socialiste

M. Damien Alary attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur le mode de financement du service universel des télécommunications. D'un côté, les fournisseurs d'accès Internet proposent que leur contribution au service universel soit assise sur le chiffre d'affaires et non plus sur le volume du trafic. Ces opérateurs fondent cette demande sur le poids disproportionné de cette participation dans leurs structures de coûts. D'un autre côté, les opérateurs de téléphonie mobile (qui supportent 70 % de la contribution au service universel) estiment que le constat des fournisseurs d'accès Internet met en lumière le caractère obsolète des modalités de calcul du service universel en France et la surestimation du coût de ce service. Les opérateurs mobiles demandent donc que la modification de la clé de répartition se fasse sur la base d'une analyse complète de la situation, en rappelant que le chiffre d'affaires des opérateurs mobiles est supérieur à celui des fournisseurs d'accès Internet (15 à 20 centimes d'euro/minute contre 2 centimes d'euro/minute) car il tient compte des moyens mis en oeuvre (des milliards d'euros pour les uns contre des centaines de milliers seulement pour les autres). Le critère du chiffre d'affaires ne serait donc pas pertinent. Le problème ne serait-il pas en réalité celui du niveau trop élevé du service universel au regard des coûts nets réellement encourus pour en assurer l'exploitation ? Il est d'ailleurs surprenant que la France reste quasiment le seul Etat européen où le service universel des télécommunications ait un coût. En conséquence, il lui demande quelles dispositions législatives il entend prendre sur le mode de financement du service universel des télécommunications.

Réponse publiée le 24 novembre 2003

L'évaluation définitive des coûts net résultant des obligations de service universel pour l'année 2001, dernier exercice définitif connu, se monte à 142,1 millions d'euros et prend notamment en compte les avantages immatériels que retire l'opérateur chargé du service universel. Au titre de cette évaluation, les opérateurs de réseaux, autres que France Télécom, réseau fixe, assurent le financement de 34,3 % de ce coût, soit près de 48,8 millions d'euros. Le coût net du service universel résulte du fait que des abonnés ou groupes d'abonnés ne peuvent être servis qu'à perte ou dans des conditions ne correspondant pas aux normes commerciales classiques. Tel est le cas, au titre de la péréquation géographique des tarifs, des abonnés des zones non rentables et des abonnés non rentables en zone rentable. Tel est aussi le cas avec les titulaires de l'abonnement social, inférieur de moitié environ au tarif normal de l'abonnement principal. Tel est enfin le cas avec les cabines publiques relevant des obligations de service universel lorsqu'elles sont déficitaires. Ce constat justifie la mise en place d'un mécanisme de financement partagé, des lors qu'il apparaît que le coût net du service universel représente une charge injustifiée pour les entreprises qui l'assurent. L'Italie a mis en place un mécanisme de financement similaire, et d'autres pays européens, comme l'Espagne ou la Belgique, étudient la mise en place d'un tel mécanisme de financement. En tout état de cause, les modalités de fourniture et de financement du service universel des télécommunications doivent évoluer prochainement dans le cadre de la transposition de la directive 2002/22/CE du 7 mars 2002 sur le service universel et les droits des utilisateurs. Le projet de loi relatif au service public des télécommunications et à France Télécom, qui a été adopté en première lecture par le Sénat le 22 octobre 2003, marque, conformément à la directive précitée, une forte continuité par rapport aux dispositions actuelles en ce qui concerne la portée des obligations de service universel et la possibilité d'organiser un financement partagé des coûts nets du service universel. Le projet de loi maintient ainsi les quatre obligations actuelles en matière de service universel : raccordement en position fixe à un réseau de téléphonie fixe, publiphonie, service d'annuaire et de renseignements, dispositifs techniques et tarifaires en faveur de l'accès des personnes handicapées et à faible revenu à la communication. L'évolution majeure concerne les modalités de désignation des opérateurs de service universel. Sur ce point, la directive 2002/22/CE sur le service universel et les droits des utilisateurs requiert que toute désignation d'un opérateur s'effectue par un « mécanisme de désignation efficace, objectif, transparent, et non discriminatoire, qui n'exclue a priori aucune entreprise ». Le projet de loi prévoit à cet effet une procédure de désignation par appels à candidatures pour chacune des composantes du service universel, de manière à tirer parti de la concurrence. Pour ce qui est du financement, le projet de loi réaffirme le principe d'un financement partagé des coûts du service universel par l'ensemble des opérateurs à travers un fonds de service universel. Le projet de loi modifie cependant la clé de répartition du coût entre les opérateurs, celle-ci étant formée à l'avenir par leur chiffre d'affaires sur le marché des télécommunications et non plus par leur volume de trafic. Cette modification est de nature à alléger sensiblement la contribution des fournisseurs d'accès à Internet au financement du service universel.

Données clés

Auteur : M. Damien Alary

Type de question : Question écrite

Rubrique : Télécommunications

Ministère interrogé : économie

Ministère répondant : économie

Dates :
Question publiée le 9 décembre 2002
Réponse publiée le 24 novembre 2003

partager