politique énergétique
Question de :
Mme Chantal Robin-Rodrigo
Hautes-Pyrénées (2e circonscription) - Socialiste
La Géorgie espère que les problèmes énergétiques qu'elle a connus en janvier 2006, ainsi que la guerre du gaz ukraino-russe, vont encourager les pays européens à investir dans de nouveaux gazoducs vers la mer Caspienne pour contourner le monopole énergétique russe. L'ancienne république soviétique du Caucase a ressenti durement sa dépendance énergétique envers la Russie lorsqu'elle a été privée de gaz pendant une semaine en janvier dernier, après le mystérieux sabotage dans le Caucase russe du principal gazoduc desservant le pays. Ainsi au sommet de Davos en Suisse, le président géorgien a saisi l'opportunité de la crise gazière pour mettre en cause la fiabilité des livraisons russes d'énergie et promouvoir les projets d'infrastructures reliant la Caspienne à l'Europe via la Géorgie. La construction du gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum (BTE), sur le tracé de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), permettra de relier les prometteurs champs gaziers azerbaïdjanais de Shah Deniz à l'est de la Turquie à partir de 2007. Le BTE, projet mené par British Petroleum, donnera une source d'énergie fiable à la Géorgie, mais Tbilissi étudie la possibilité de raccorder également les réserves gazières de l'est de la Caspienne, au Kazakhstan et au Turkménistan, un projet déjà envisagé dans les années 1990, mais abandonné en raison de son coût. La construction d'un gazoduc sous la Caspienne qui viendrait se raccorder au BTE coûterait plusieurs milliards de dollars et prendrait de nombreuses années pour être menée à terme, mais les autorités géorgiennes estiment que les prix élevés des hydrocarbures assureront sa rentabilité. Les experts relèvent pourtant que beaucoup d'obstacles demeurent, et malgré les derniers événements en Ukraine et en Géorgie, la Russie a toujours été un fournisseur fiable de l'Europe. Compte tenu de ces éléments, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande à M. le ministre délégué à l'industrie de lui indiquer sa position et ses intentions au sujet des propositions émanant de la Géorgie.
Réponse publiée le 23 mai 2006
La sécurité d'approvisionnement en gaz est au centre des préoccupations du Gouvernement français, et, plus largement, de l'Europe. Dans un contexte où la demande française et européenne en gaz croît à un rythme régulier et où la production de gaz en Europe est appelée à décroître, notre dépendance en gaz devrait s'accentuer dans les années à venir. La France a depuis plusieurs années diversifié ses approvisionnements en gaz : la Norvège, la Russie, les Pays-Bas et l'Algérie représentent chacun entre 15 et 25 % de nos importations en gaz naturel. Il convient de préserver cette diversification géographique en renforçant les infrastructures de transport de gaz permettant l'acheminement du gaz des pays fournisseurs vers la France. Le projet de gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum (BTE) est un projet majeur pour l'équilibre gazier régional, puisqu'il permet d'acheminer le gaz issu du champ gazier azerbaïdjanais de Shahdeniz vers la Géorgie et la Turquie, voire l'Europe. Le groupe Total, partenaire de l'exploitation du champ de Shahdeniz, participe à la construction de ce gazoduc, qui devrait être achevé à l'automne 2006. Au-delà de l'Azerbaïdjan, les ressources gazières de l'Asie centrale sont essentiellement concentrées au Turkménistan et au Kazakhstan. Aujourd'hui, les seules voies d'évacuation de ce gaz transitent par la' Russie ou par l'Iran et ne permettent donc pas d'assurer un approvisionnement fiable et diversifié de la France ou de l'Europe. L'idée de la construction d'un gazoduc trans-Caspienne permettant d'atteindre le gazoduc BTE existe depuis une dizaine d'années. Cependant, sa mise en oeuvre rencontre plusieurs difficultés. La' construction d'un gazoduc suppose l'accord des pays riverains de la Caspienne - qui s'opposent toujours sur la délimitation des eaux territoriales - et la résolution des problèmes de sécurité et de corruption. Son' financement n'est pas encore défini. Pour l'Europe et pour la France, d'autres solutions sont possibles afin de diversifier les modes d'acheminement du gaz. Le gaz naturel liquéfié (GNL) jouera à l'avenir un rôle important et le gouvernement s'attache à favoriser la croissance des importations françaises de GNL. En effet, de nouvelles opportunités de partenariats apparaissent avec l'augmentation soutenue de la production de GNL de différents pays (Qatar, Egypte, Nigeria...). De nombreux projets de gazoducs devraient par ailleurs aboutir dans les prochaines années, notamment le gazoduc sous la Baltique reliant la Russie à l'Allemagne, le projet Nabucco reliant l'Autriche à la Turquie, les projets Medgaz et Galsi reliant l'Algérie à l'Europe. Le Gouvernement soutient les entreprises françaises qui souhaitent participer à ces projets.
Auteur : Mme Chantal Robin-Rodrigo
Type de question : Question écrite
Rubrique : Énergie et carburants
Ministère interrogé : industrie
Ministère répondant : industrie
Dates :
Question publiée le 21 février 2006
Réponse publiée le 23 mai 2006