Question écrite n° 88779 :
Azerbaïdjan

12e Législature

Question de : M. Roland Blum
Bouches-du-Rhône (1re circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Roland Blum attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la reprise récente des profanations de cimetières arméniens dans la province azérie du Nakhitchevan. De très nombreux khatchkars du cimetière arménien de Djougha ont été, une nouvelle fois, détruits et rasés et leurs débris évacués par des soldats de l'armée de l'Azerbaïdjan. Ces exactions sont une atteinte à la mémoire des morts enterrés dans ces cimetières et témoignent d'une volonté de nier le passé par la destruction de monuments appartenant à la tradition culturelle arménienne. À plusieurs reprises, la France a manifesté sa volonté d'écarter l'oubli de l'histoire pour construire l'avenir de notre nation sur des bases claires. Ces considérations justifieraient ainsi une position réprobatrice de la France vis-à-vis de la menace de destruction totale des khatchkars du Nakhitchevan. Il lui demande de prendre, au nom du gouvernement français, toutes les initiatives nécessaires afin de dissuader les autorités azerbaïdjanaises de poursuivre une action de destruction aussi peu conforme aux exigences d'une société démocratique.

Réponse publiée le 6 juin 2006

Les déprédations concernant le cimetière arménien de Djoulfa acquièrent une sensibilité particulière à l'heure où les négociations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan connaissent de nouveaux développements. La France, en tant que coprésidente, aux côtés de la Russie et des États-Unis, du groupe de Minsk de l'OSCE, chargé de la médiation sur ce conflit, a de ce point de vue une responsabilité particulière et se doit d'encourager l'Arménie et l'Azerbaïdjan sur la voie du dialogue et de la réconciliation. L'émotion que suscitent ces événements, à l'instar de celle suscitée en Azerbaïdjan par les destructions alléguées de sites azéris dans les territoires occupés par l'Arménie, est légitime dans la mesure où il y va de la mémoire de ces deux peuples, et de ce qu'ils ont de plus sacré. La dimension symbolique de ces profanations dépasse les événements en cause et vise plus généralement à anéantir toute trace de la cohabitation historique de ces deux communautés sur un même territoire. Cette région est l'héritière de traditions culturelles riches de leur diversité. Cette diversité doit à nos yeux être conservée dans un souci de respect de l'autre et non devenir l'enjeu de nouvelles batailles. Suite à la résolution adoptée par le Parlement européen le 16 février dernier, une délégation de parlementaires européens devait se rendre sur les lieux à la fin du mois d'avril. Les conclusions de cette mission, qui n'ont pas encore été rendues publiques, pourront servir de base à l'élaboration, en étroite concertation avec les autorités azerbaïdjanaises, de mesures visant à préserver et mettre en valeur le site de Djoulfa. Plus généralement, il serait souhaitable d'envisager cette problématique à l'échelle régionale, afin de couvrir l'ensemble des lieux de mémoire des différentes communautés du sud du Caucase, qui est historiquement une terre de cohabitation et de partage entre différents peuples et différentes religions.

Données clés

Auteur : M. Roland Blum

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : affaires étrangères

Ministère répondant : affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 14 mars 2006
Réponse publiée le 6 juin 2006

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