Question écrite n° 89316 :
lutte contre l'exclusion

12e Législature

Question de : M. Jacques Desallangre
Aisne (4e circonscription) - Député-e-s Communistes et Républicains

M. Jacques Desallangre appelle l'attention de M. le Premier ministre sur les dernières statistiques afférentes à la pauvreté dans notre pays publiées par l'INSEE. En 2003, la France, parmi les cinq pays les plus riches du monde, hautement développée, comptait 6,3 % de pauvres contre 5,6 % en 2002. Cette année, note dans un récent article de presse le directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments et le président d'Emmas France, « 260 000 Français ont basculé dans la pauvreté : 1 000 pauvres de plus par jour ouvrable... C'est un retournement spectaculaire par rapport à la tendance de long terme de baisse de la pauvreté... ». Il est à craindre que ce taux soit largement dépassé aujourd'hui si l'on en juge par la hausse du nombre de bénéficiaires du RMI (+ 6,2 % en septembre 2004 et septembre 2005) et de fréquentations des Restos du coeur. Parallèlement, les profits boursiers s'envolent. Pour les 40 entreprises qui figurent dans l'indice boursier du CAC 40, on annonce des profits globalement supérieurs à 80 milliards d'euros, pour 65 milliards en 2004 et une trentaine de milliards en 2003, en d'autres termes près de trois fois plus en trois ans. Les actionnaires de ces entreprises ont reçu 30,2 milliards d'euros en 2005, un montant en augmentation de 19 % par rapport à 2004. Comment ne pas voir un lien entre ces deux phénomènes lorsqu'on sait le développement exponentiel des « licenciements boursiers » en France, c'est-à-dire la fermeture des entreprises pour cause de délocalisation à la recherche de plus grande rentabilité, précisément pour satisfaire l'appétit des actionnaires ou le gel des salaires et les plans sociaux injustifiés. Or toute la politique gouvernementale vise à accentuer cette dérive. Le démantèlement du code du travail est devenu l'axe principal de la politique d'emploi du Gouvernement à travers les contrats nouvelle embauche et première embauche, l'autorisation de licenciement en prévision d'une éventuelle baisse de rentabilité de l'entreprise... Á ces mesures s'ajoute la politique systématique de démantèlement des droits sociaux. La précarité généralisée et la misère qui en résultent expliquent le taux d'augmentation de la pauvreté, sans précédent depuis que les indicateurs de pauvreté monétaire existent. Cette situation ne peut durer sous peine de mettre à mal le tissu social même de la République française. Face à un tel abîme, il lui demande s'il compte prendre des mesures pour tenir compte des statistiques dans les deux domaines précités.  - Question transmise à M. le ministre délégué à l'emploi, au travail et à l'insertion professionnelle des jeunes.

Réponse publiée le 17 octobre 2006

La politique de l'emploi et de lutte contre le chômage constitue la meilleure arme contre la pauvreté, et donc la priorité absolue du Gouvernement. La situation de l'emploi justifie que soient mises en oeuvre des mesures fortes, pragmatiques et efficaces destinées à relancer l'emploi et la croissance. La loi du 18 janvier 2005 de programmation pour la cohésion sociale a constitué une étape essentielle de la politique en faveur de l'emploi, et notamment des populations qui en sont le plus éloignées : réforme du marché du travail, création des maisons de l'emploi, relance de l'apprentissage, création des contrats d'avenir et des contrats d'accompagnement vers l'emploi... Par ailleurs, le Gouvernement a été habilité par la loi n° 2005-846 du 26 juillet 2005 à instituer par voie d'ordonnance le contrat nouvelles embauches pour les entreprises employant au plus vingt salariés, entreprises qui constituent un vivier d'emplois important. L'ACOSS estime à 495 000 le nombre de déclarations d'intention d'embauche sous cette forme de contrat depuis septembre 2005 jusqu'à fin mai 2006, soit 10,2 % en moyenne des déclarations d'intention d'embauche sur la période considérée. En outre, l'article premier de la loi n° 2006-457 du 21 avril 2006 sur l'accès des jeunes à la vie active en entreprise pose le principe d'une aide de l'État aux employeurs qui embaucheront, en contrat à durée indéterminée, des jeunes de seize à vingt-six ans, d'une ouverture du contrat jeune en entreprise (CEJE) aux jeunes titulaires d'un contrat d'insertion dans la vie sociale (CIVIS) et d'un accompagnement financier du contrat de professionnalisation. De plus, le contrat d'insertion dans la vie sociale est, pour sa part, renforcé par un accompagnement personnalisé établi avec le référent autour de quatre voies possibles : l'emploi en alternance, la formation professionnalisante, les actions d'insertion et l'assistance renforcée dans la recherche d'emploi ou la démarche de création d'entreprise. Les créations d'emplois enregistrés et l'ensemble de ces mesures se sont traduits par une baisse considérable du chômage. En retrouvant un emploi, les ménages retrouvent la sécurité financière nécessaire pour mener une vie décente. L'INSEE estime ainsi que le pouvoir d'achat moyen de l'ensemble des ménages français progressera de 2,4 % en 2006. Loin d'un « démantèlement » des droits sociaux, cette politique pour l'emploi s'est accompagnée de revalorisations du pouvoir d'achat du SMIC plus fortes dans les périodes 2002-2006 que dans la législature précédente, d'une action soutenue en matière de santé et sécurité du travail et d'une relance de la négociation salariale de branches. Cette politique active en faveur des salariés s'appuiera sur les moyens de la nouvelle direction générale du travail qui vient d'être créée au sein du ministère.

Données clés

Auteur : M. Jacques Desallangre

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique sociale

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : emploi, travail et insertion professionnelle des jeunes

Dates :
Question publiée le 21 mars 2006
Réponse publiée le 17 octobre 2006

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