armes et véhicules militaires de collection
Question de :
M. Gilles Artigues
Loire (1re circonscription) - Union pour la Démocratie Française
M. Gilles Artigues * attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, sur le décret n° 2005-1463 du 23 novembre 2005 relatif au règlement des matériels de guerre, armes et munitions, pris pour l'application du code de la défense et modifiant le décret n° 95-589 du 6 mai 1995. En novembre 2006, sauf renversement de tendance, les véhicules militaires de collection devront être rendus à l'État qui les fera détruire. Au bout de trois ans de négociations, le Gouvernement a fait paraître ce texte stipulant que les véhicules militaires de collection seront désormais définis comme des armes dangereuses, conçues pour tuer. Tous les véhicules ex-armée tombent sous le coup de cette loi : les Citroën Méhari, un char Renault FT 17 de la guerre de 14-18, une Harley-Davidson ou même les vélos. Avec cette loi, le grand risque est la saisie, sans indemnité, de ces véhicules. Pourtant, les céder sans indemnité pour destruction est contraire au droit de propriété. Ces véhicules, qui faisaient partie de la huitième catégorie (armes et munitions historiques de collection) se retrouvent en deuxième catégorie (matériels destinés à porter ou à utiliser au combat les armes à feu). Et il n'y a pas de notion d'obsolescence : une galère romaine ou un porte-avions récent sont sur le même plan d'égalité. Concrètement, avant le 30 novembre 2006, les collectionneurs devront demander une autorisation de détention d'armes, ce qui paraît peu réalisable dans ce laps de temps vu qu'il y a entre 30 000 et 40 000 exemplaires en France. Cette autorisation sera quasiment impossible à obtenir et sans ce document les collectionneurs risqueront des poursuites et des sanctions pénales pour détention illégale de matériels de guerre, qui viendront s'ajouter à la spoliation patrimoniale et au choc de la destruction de matériel. Comment envisager des rassemblements de véhicules militaires qui ont lieu chaque année dans la première semaine de juin (Jeep, Dodge, GMC, ambulances, half-tracks, motos, etc.) en Normandie autour des plages du débarquement pour le plus grand plaisir de tous et pour la préservation du devoir de mémoire. Comment envisager les anniversaires de la Libération. Ce texte comporte donc un dol insupportable pour les collectionneurs mais aussi une entrave pour notre patrimoine historique. Il le remercie, en conséquence, de bien vouloir lui préciser les dispositions qu'il entend mettre en place pour pallier les faits suscités.
Réponse publiée le 22 août 2006
La loi pour la sécurité intérieure du 18 mars 2003 a permis aux associations et aux particuliers de détenir des matériels de guerre aux fins de collections. Le décret du 23 novembre 2005, intervenu en application de cette loi, a précisé dans ses articles 8, 11 et 19 les modalités de détention des matériels de guerre par les collectionneurs et n'a pas, contrairement à ce que beaucoup d'entre eux ont cru, modifié le classement des engins militaires. Il en résulte que de nombreux engins militaires (Jeeps, Dodge, GMC, etc.) sont et demeurent libres d'acquisition et de détention. Seuls sont classés comme matériels de guerre de 2e catégorie, soumis à ce titre à une autorisation préfectorale et à une neutralisation des systèmes d'armes s'il y a lieu, les matériels roulants suivants : chars de combat, véhicules blindés, véhicules non blindés équipés à poste fixe ou munis d'un dispositif spécial. S'ajoutent à la liste des matériels roulants les aéronefs et les navires de guerre. Les propriétaires de ces matériels ont jusqu'au 30 novembre 2006 pour déposer à la préfecture une demande d'autorisation. La neutralisation des systèmes d'armes et armes embarqués dont peuvent être dotés les matériels de guerre de 2e catégorie est une obligation préalable. Ce procédé technique est défini par l'arrêté interministériel du 12 mai 2006. Il consiste en la neutralisation de chacune des armes intégrées au système d'armes et est réalisé sous le contrôle du banc d'épreuve de Saint-Étienne. La procédure s'effectue dans des conditions qui n'imposent pas aux collectionneurs un déplacement du matériel au banc d'épreuve. La procédure d'autorisation d'importation et d'exportation des matériels de guerre est maintenue. Mais cette procédure assez simple ne constituera aucunement une entrave aux échanges culturels et aux manifestations historiques ou commémoratives auxquelles les collectionneurs peuvent participer. Une circulaire des ministres de l'intérieur et de la défense, élaborée en concertation avec les représentants des collectionneurs d'engins militaires, a été diffusée aux préfets le 19 mai dernier. Elle dissipe les malentendus en ce qui concerne le champ d'application du décret et les conditions d'instruction des demandes d'autorisation, qu'il s'agisse de régularisations ou des premières acquisitions. Cette circulaire suggère également aux préfets de prendre l'initiative de réunions d'information si cela apparaît nécessaire.
Auteur : M. Gilles Artigues
Type de question : Question écrite
Rubrique : Patrimoine culturel
Ministère interrogé : intérieur et aménagement du territoire
Ministère répondant : intérieur et aménagement du territoire
Dates :
Question publiée le 4 avril 2006
Réponse publiée le 22 août 2006