Question écrite n° 93273 :
tabagisme

12e Législature

Question de : M. Rodolphe Thomas
Calvados (2e circonscription) - Union pour la Démocratie Française

M. Rodolphe Thomas souhaite attirer l'attention de M. le ministre de la santé et des solidarités sur la lutte contre le tabac dans les lieux publics. L'exposition aux fumées de tabac représente un facteur de risque pour la santé qui a été reconnu par la loi du 10 janvier 1991 et qui est considéré nomme tel par une large part de la population française. La protection de la santé doit être un objectif prioritaire, néanmoins il convient de s'inquiéter des conséquences qui pourraient résulter d'une interdiction totale de fumer dans les hôtels, discothèques, restaurants, débitants de tabac et cafés, réseau de commerces de proximité sans égal dans notre pays. Compte tenu de l'expérience italienne en la matière (interdiction de fumer depuis janvier 2005 dans les bars, les restaurants, les discothèques et les bureaux, à moins qu'ils ne disposent d'espaces spécialement aménagés pour les fumeurs), il lui demande s'il envisage de renforcer la lutte contre le tabagisme passif dans le même sens. Par ailleurs, il souhaiterait connaître ses positions sur les mesures proposées par l'Union des métiers et industries de l'hôtellerie, notamment celle concernant les restaurants, où un fumoir pourrait être réservé aux fumeurs à condition qu'il n'y ait pas de service.

Réponse publiée le 25 juillet 2006

Chaque année en France, le tabac, première cause de mortalité évitable, est responsable de 66 000 décès. Pour faire face à ce problème de santé publique, la direction générale de la santé a organisé plusieurs concertations sur ce thème, et plus particulièrement sur le tabagisme passif. Ainsi, le rapport européen sur le tabagisme passif, rendu public en mars 2006, estime à 5 863 les décès liés au tabagisme passif en France chaque année. Parallèlement, il a été démontré que le tabagisme passif présente un sur-risque de certains cancers, dont celui du poumon, et de maladies respiratoires et cardio-vasculaires. Pour les enfants, la fumée du tabac est un facteur fortement aggravant de la mort subite du nourrisson et d'otites récidivantes. Par ailleurs, la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique renforce le contrôle de l'application de la loi du 10 janvier 1991 en matière d'interdiction de fumer dans les lieux collectifs, principe posé par l'article L. 3511-7 du code de la santé publique (CSP). Sont dorénavant chargés du respect de cette disposition, les agents du ministère de la santé ou des collectivités territoriales habilités à constater les infractions aux dispositions du CSP, les médecins inspecteurs de la santé publique, les ingénieurs du génie sanitaire, les inspecteurs de l'action sanitaire et sociale et également les inspecteurs du travail. Ainsi, l'article L. 3512-4 du CSP, créé par l'article 36 de la loi du 9 août 2004, modifie en son II le code du travail pour habiliter les inspecteurs du travail à faire ces contrôles. Les infractions constatées sont, comme précédemment, passibles de sanctions. Le fait de fumer hors des emplacements autorisés est puni d'une amende de 450 euros maximum (contravention de 3e classe). Les subventions aux associations de lutte contre le tabagisme pour le financement d'actions portant sur l'application de la réglementation ont fortement augmenté depuis 2003. La récente décision de la Cour de cassation (29 juin 2005), selon laquelle l'employeur est tenu d'assurer la protection effective des non-fumeurs, quitte à user de son pouvoir disciplinaire à l'égard des contrevenants, devrait inciter les employeurs à un meilleur respect de la réglementation en vigueur. Enfin, suite à l'augmentation du prix du tabac, la France compte 1 400 000 fumeurs de moins sur ces trois années. Pour renforcer cette action et lutter contre le tabagisme passif, la question de l'interdiction de fumer dans les lieux publics se pose actuellement. Un débat et une concertation approfondie doivent avoir lieu, associant l'ensemble des acteurs concernés. Cette concertation élargie permettra qu'une telle évolution soit acceptée et puisse devenir effective. Le Gouvernement et le Premier ministre ont d'ores et déjà engagé ce débat. Par ailleurs, une mission parlementaire a été constituée. Les décisions définitives seront prises sur cette base, avant la fin de l'année.

Données clés

Auteur : M. Rodolphe Thomas

Type de question : Question écrite

Rubrique : Santé

Ministère interrogé : santé et solidarités

Ministère répondant : santé et solidarités

Dates :
Question publiée le 2 mai 2006
Réponse publiée le 25 juillet 2006

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