Question écrite n° 95256 :
indemnisation des victimes

12e Législature

Question de : M. Laurent Hénart
Meurthe-et-Moselle (1re circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Laurent Hénart souhaite attirer l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice, sur les inquiétudes de l'Association des familles de traumatisés crâniens (AFTC) d'Alsace-Lorraine et plus généralement l'Union nationale de l'AFTC. Cette dernière a pour objectif de défendre les intérêts matériels et moraux des traumatisés crâniens et de leurs familles. Le handicap consécutif à un traumatisme crânien est un vrai fléau de santé publique. En effet, il y aurait 150 000 victimes annuelles, dont 8 000 conserveraient des séquelles plus ou moins invalidantes et seraient donc définitivement inaptes au travail. Une large majorité des personnes blessées serait âgée de 18 à 25 ans. Les deux tiers environ des traumatisés crâniens seraient des victimes d'accidents de la voie publique. La loi du 4 juillet 1996 a défini les modalités de l'indemnisation des victimes d'accidents de la voie publique. Celle-ci constituait une avancée considérable quant au droit et aux modalités de l'indemnisation des victimes, mais elle a pu montrer sa limite au cours des années. Un grand pourcentage des indemnisations relevant du champ d'application de cette loi ferait l'objet de transaction amiable. Or l'association relève le déséquilibre entre assureurs et victimes. Un rapport de force peut s'installer entre les parties, préjudiciable aux victimes. En effet, les victimes seraient souvent mal ou sous informées, non assistées de conseils alors que les assureurs disposent de moyens, de temps, de personnes compétentes et d'une organisation professionnelle souvent puissante. L'association souligne ainsi que l'esprit du principe français du contradictoire ne serait pas respecté et le regrette. Certes, les assureurs auraient été amenés par le Gouvernement à élaborer un système fondé sur la barémisation mais l'Union nationale de l'AFTC n'aurait pas été informée des démarches en cours. Les victimes qu'elle représente ont donc été tenues à l'écart de la concertation mise en place. De plus, ce système de barémisation serait contraire au système fondé sur une appréciation personnalisée des préjudices et sur le principe de leur réparation intégrale. Aussi, souhaiterait-il connaître la position du Gouvernement sur le sujet et quelles sont ces intentions afin de prendre en considération les constats et les blocages dénoncés par l'Union nationale de l'AFTC.

Réponse publiée le 29 août 2006

Le garde des sceaux, ministre de la justice, fait connaître à l'honorable parlementaire que la chancellerie attache une importance prioritaire à l'amélioration des conditions d'indemnisation du dommage corporel, en veillant notamment à ce que les orientations préconisées dans le rapport rédigé par le professeur Yvonne Lambert-Faivre, sous l'égide du conseil national de l'aide aux victimes, se traduisent par des avancées effectives de notre droit. Ainsi, la chancellerie a entrepris des travaux en vue de réformer les conditions du recours subrogatoire des tiers payeurs, afin que celui-ci ne s'exerce que sur les seuls chefs de préjudice faisant l'objet de prestations correspondantes, et d'actualiser le barème de capitalisation fixant les modalités de conversion en capital d'une rente consécutive à un accident. S'agissant d'un éventuel projet de barémisation des préjudices, la chancellerie est opposée à toute proposition qui viserait à limiter le principe de la réparation intégrale en matière de dommage corporel. À cet égard, un barème qui imposerait au juge une évaluation forfaitaire de l'ensemble des chefs de préjudice, au mépris de la singularité de la situation de chaque victime ne peut être admis. En revanche, la chancellerie s'attache à la mise en oeuvre des moyens susceptibles de favoriser une harmonisation de la jurisprudence sans qu'il ne soit porté atteinte à la liberté d'appréciation du juge. À cette fin, le développement et la correspondance entre la base de données statistiques de l'AGIRA et la base de jurisprudence de la cour de cassation font l'objet de travaux approfondis, dont l'achèvement permettra aux acteurs de l'indemnisation un accès facilité à une information complète sur les montants d'indemnisation alloués, propice à un rapprochement des décisions en la matière.

Données clés

Auteur : M. Laurent Hénart

Type de question : Question écrite

Rubrique : Justice

Ministère interrogé : justice

Ministère répondant : justice

Dates :
Question publiée le 23 mai 2006
Réponse publiée le 29 août 2006

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