Question écrite n° 96124 :
collectivité départementale : Mayotte

12e Législature

Question de : M. Mansour Kamardine
Mayotte (1re circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Mansour Kamardine attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, sur les difficultés rencontrées par nos compatriotes mahorais à l'extérieur de leur île pour se faire délivrer par les différentes préfectures des titres d'identité. Il lui précise en effet que ces personnes françaises se sont installées soit à la Réunion, soit en métropole depuis plusieurs années et que pour voyager elles doivent produire des titres d'identité valides : passeport, carte nationale d'identité, etc. Ces documents étant arrivés à expiration, elles ont déposé des demandes de renouvellement de leurs titres auprès des préfectures de leur résidence. Et elles se voient refuser ces renouvellements au motif qu'elles doivent présenter leur demande de révision de leur état civil aux fins d'adopter un nom patronymique auprès de la commission de révision de l'état civil de Mayotte. Les délais souvent longs mis par ladite commission pour répondre à ces demandes font de ces compatriotes des Français sans papiers dans une situation que la mission d'information de l'Assemblée nationale sur l'immigration clandestine a qualifiée d'inédite. En droit, et au regard de la jurisprudence du Conseil d'État, les personnes jouissant de la possession d'état de Français pourraient très bien dans le cadre d'une action contentieuse obtenir du juge administratif que l'État soit condamné à procéder à l'examen de leur dossier. C'est en considération de l'ensemble de ces éléments et dans un souci de permettre à ces personnes de jouir de leur qualité de Français qu'il lui demande de lui préciser les instructions qu'il entend donner aux préfets pour faciliter la remise d'un titre d'identité en attendant la régularisation de l'état civil afin de favoriser la mobilité de celles-ci.

Réponse publiée le 6 février 2007

La prise en compte par les préfectures des actes d'état civil de droit local mahorais dans le cadre de la délivrance et du renouvellement de la carte nationale d'identité - comme du passeport électronique d'ailleurs - est conditionnée par un double principe. D'une part, le principe de l'acceptabilité de ces actes : aucune disposition législative ne précise que, à compter de l'entrée en vigueur de l'ordonnance n° 2000-218 du 8 mars 2000 instaurant une commission de révision de l'état civil à Mayotte, seuls les actes de l'état civil établis par cette commission puis transcrits devraient être recueillis dans le cadre d'une démarche administrative. Il n'est pas acceptable, dans ces conditions, sauf à créer une inégalité non justifiée entre les usagers, de différer l'instruction des dossiers de demandes de cartes nationales d'identité où se trouvent versés des actes de l'état civil local ou de fonder d'éventuelles décisions de refus sur ce seul motif. Cette position a été formellement rappelée aux services préfectoraux au mois d'août 2006. D'autre part, le principe de sécurité juridique impose aux préfectures de conduire un certain nombre de vérifications afin d'éviter, en ce domaine comme ailleurs, la délivrance indue de titres régaliens. Les services préfectoraux sont ainsi invités à faire procéder - à l'instar des actes de l'état civil de droit commun - à l'authentification des actes mahorais qui leur sont présentés. Sur ce point, la préfecture de Mayotte a pris soin de solliciter les officiers de l'état civil des différentes communes de ce territoire afin que ceux-ci veuillent bien accéder, dans les meilleurs délais, aux demandes d'authentification qui leur seraient adressées. Nonobstant ces diligences, il est précisé que lorsque l'acte de droit local produit ne peut manifestement pas être exploité en l'état (dégradation matérielle, existence d'incohérences ou d'anomalies empêchant de savoir si le demandeur est de nationalité française...), il peut cependant être recommandé à titre exceptionnel, et dans l'intérêt de l'usager, que soit produit un acte reconstitué par la commission de révision de l'état civil. Au 31 décembre 2005, cette commission, dont l'activité a été prolongée jusqu'au 5 avril 2011 en application du décret n° 2005-1620 du 22 décembre 2005, a édité 39 293 actes (ce total se décomposant en 31 861 actes de naissances, 6 978 actes de mariage et 454 actes de décès).

Données clés

Auteur : M. Mansour Kamardine

Type de question : Question écrite

Rubrique : Outre-mer

Ministère interrogé : intérieur et aménagement du territoire

Ministère répondant : intérieur et aménagement du territoire

Dates :
Question publiée le 6 juin 2006
Réponse publiée le 6 février 2007

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