chômage
Question de :
M. Daniel Vaillant
Paris (19e circonscription) - Socialiste
Question posée en séance, et publiée le 3 mars 2004
CHÔMAGE
M. le président. La parole est à M. Daniel Vaillant, pour le groupe socialiste.
M. Daniel Vaillant. Monsieur le Premier ministre, ma question porte sur la question redevenue la plus douloureuse pour les Français : le chômage.
Votre ministre François Fillon a beau répéter que tout ira mieux demain, rien n'y fait : entre le bilan de la gauche, avec le gouvernement Jospin, et le vôtre (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire)...
M. Alain Bocquet. Il n'y a pas photo !
M. Daniel Vaillant. ... effectivement, il n'y a pas photo ! Alors que, avec la gauche, deux millions d'emplois avaient été créés, et que l'on comptait 900 000 chômeurs de moins, avec vous, depuis dix-huit mois, ce sont des emplois en moins et 196 100 chômeurs de plus !
Bien sûr, les chiffres du mois de janvier 2004, publiés la semaine dernière, font état de 27 600 chômeurs de moins, embellie aussi soudaine qu'opportune à trois semaines des élections régionales. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Etrange paradoxe : une aussi bonne nouvelle se devait d'être mise en valeur et je pensais qu'un député de votre majorité allait poser la question, vous offrant l'occasion d'une réponse sur mesure...
M. Dominique Dord. Nous ne sommes pas comme vous !
M. Daniel Vaillant. ... mais la ficelle est si grosse que personne n'a osé, et c'est moi, député de l'opposition, qui vous la pose pour dénoncer la manoeuvre.
M. René Dosière. Très bien !
M. Daniel Vaillant. En réalité, 175 000 demandeurs d'emploi ont été radiés, soit une augmentation de 27,1 % par rapport à décembre. (Approbations sur les bancs du groupe socialiste.) Or chacun sait que radiation des listes ne signifie pas retour à l'emploi. Je tiens à votre disposition la liste du nombre des radiés par région : toutes ces personnes viennent maintenant solliciter les services sociaux de nos communes et de nos départements.
M. Christian Bataille. Eh oui !
M. Daniel Vaillant. Par ailleurs, j'avais déjà interpellé M. Fillon sur les conséquences dramatiques de l'application de la nouvelle convention UNEDIC validée par votre gouvernement. A terme, ce sont près de 800 000 personnes qui perdront toute indemnisation. M. Fillon m'avait répondu qu'il n'en serait rien ; eh bien si ! Pour le seul mois de janvier, 175 000 personnes ont été radiées et c'est en juin que la convention prendra tous ses effets provoquant des centaines de milliers de nouveaux exclus.
Monsieur le Premier ministre, depuis que vous êtes là, vous avez supprimé les emplois-jeunes (« Non ! Non ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire),...
M. Guy Geoffroy. C'est faux !
M. Daniel Vaillant. ... considérablement réduit les CEC et CES, désossé la loi de modernisation sociale, attaqué les 35 heures. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. Monsieur Vaillant, posez votre question, s'il vous plaît.
M. Daniel Vaillant. Je suis dans les temps. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Vous avez supprimé l'allocation spécifique de solidarité (Mêmes mouvements)...
M. le président. Je vous en prie !
Monsieur Vaillant, posez votre question.
M. Daniel Vaillant. ... parmi tant d'autres mesures de régression sociale, tout cela sous la pression du MEDEF. (Vives exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Claquements de pupitres.)
Aujourd'hui, vous en êtes réduit à utiliser un subterfuge grossier pour faire baisser artificiellement les chiffres du chômage. (Mêmes mouvements.)
M. le président. Monsieur Vaillant, votre question !
M. Daniel Vaillant. Quand s'arrêteront, monsieur le Premier ministre, la casse et la régression sociale qui vous tiennent lieu de politique ? Les Français ne sont pas dupes de votre communication camouflage. (Bruits et claquements de pupitres sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. Votre question !
M. Daniel Vaillant. Je l'ai posée, monsieur le président ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains. - Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité.
M. François Fillon, ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Monsieur Vaillant, que montrent les chiffres du chômage pour le mois de janvier ? Une diminution de 27 600 demandeurs d'emplois. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Jean-Jack Queyranne. Escroquerie !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Cette diminution est la deuxième en trois mois alors que le chômage avait augmenté sans discontinuer depuis juin 2001. Pour reprendre votre comparaison, les douze derniers mois du gouvernement auquel vous apparteniez se sont soldés par 160 000 demandeurs d'emploi supplémentaires !
La réduction du chômage des jeunes est la plus nette : 1,8 %.
Mme Martine David. Bref, tout va bien !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Or vous conviendrez avec moi que les jeunes sont assez peu concernés par les dispositions nouvelles de l'UNEDIC.
Les raisons de cette amélioration tiennent avant tout à la baisse de 10 % du nombre des licenciements économiques constatée au mois de janvier (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains),...
M. Michel Lefait. Menteur !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. ... alors que les autres licenciements ont diminué de 4,5 %.
Elle découle aussi des reprises d'emploi, qui ont augmenté de 22 000 en janvier pour approcher les 100 000...
Plusieurs députés du groupe socialiste. Menteur !
M. Jean Marsaudon. C'est vrai !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. ... des offres d'emploi qui ont progressé de près de 40 000 en janvier.
Contrairement à ce que vous prétendez, monsieur le député, ce n'est en rien la réforme de l'UNEDIC qui explique les bons chiffres de janvier pour le chômage. Du reste, l'Assemblée nationale doit savoir que le fait de n'être plus indemnisé n'entraîne en rien la radiation des listes de l'ANPE. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) La radiation est prononcée contre ceux qui ne satisfont pas au contrôle mensuel mis en place par le passé et qui se limite en fait à un coup de téléphone. (« Très bien ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
La vérité, c'est que ces bons chiffres sont le résultat d'une conjoncture qui s'améliore. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Les investissements ont repris pour la première fois au quatrième trimestre de 2003, après huit trimestres consécutifs de baisse. La consommation des ménages a augmenté de deux points en janvier.
M. Henri Emmanuelli. Tout va bien !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Les baisses de charges commencent à produire leurs effets. Enfin, 26 000 Français, grâce aux textes votés par le Parlement, ont jugé nécessaire et possible de créer leur entreprise en janvier.
M. Henri Emmanuelli. C'est un langage d'apparatchik !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Monsieur Vaillant, vous ne pourrez pas refaire deux fois le coup de la manipulation des chiffres du chômage. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Il va falloir vous habituer tout au long de l'année 2004 à les voir baisser. (Mêmes mouvements.) Je ne comprendrais pas que vous ne changiez pas d'attitude ; ou alors, cela voudrait dire que vous ne souhaitez pas que le chômage baisse dans notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et sur quelques bancs du groupe Union pour la démocratie française. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
Auteur : M. Daniel Vaillant
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Emploi
Ministère interrogé : affaires sociales, travail et solidarité
Ministère répondant : affaires sociales, travail et solidarité
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 3 mars 2004