Question au Gouvernement n° 1265 :
politique monétaire

12e Législature

Question de : M. Jacques Desallangre
Aisne (4e circonscription) - Député-e-s Communistes et Républicains

Question posée en séance, et publiée le 15 avril 2004

POLITIQUE MONÉTAIRE

M. le président. La parole est à M. Jacques Desallangre, pour le groupe des député-e-s communistes et républicains.
M. Jacques Desallangre. Ma question s'adresse à M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Monsieur le ministre, la facture due à la gestion à courte vue de votre gouvernement va bientôt vous être présentée. Et vous ne pourrez y faire face. Depuis deux ans, ce gouvernement a multiplié les cadeaux inutiles aux employeurs : encore dix-huit milliards supplémentaires au budget 2004. Votre ministère a baissé les impôts des plus riches et accumulé les promesses préélectorales non financées - notamment auprès des buralistes, puis des restaurateurs. Au lendemain du naufrage électoral, il vous faut éteindre les incendies que votre ministère a allumés et promettre encore et encore - aux chercheurs, aux intermittents et surtout, évidemment, au MEDEF avide d'allègements. Le MEDEF, c'est votre mentor, votre boîte à idées. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Mais où trouver l'argent ? La Banque centrale européenne, présidée par M. Trichet, et où se trouve le vrai pouvoir, refuse contre toute raison de baisser les taux d'intérêt pour vous aider à relancer l'économie. Alors, vous vendez les bijoux de famille. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Vous privatisez la SNECMA, EDF, GDF, ADP, et ce n'est qu'un début.
Pris à la gorge, vous qui vous présentez avec assurance, monsieur le ministre, comme le gardien du fruit du travail et des économies des Français, vous allez vendre leur or. Vous allez puiser dans la réserve d'or de la banque de France, ce qu'aucun gouvernement n'a jamais osé. Mais, au fait, avez-vous sollicité l'autorisation de M. Trichet ? Car nous savons tous qu'en matière de politique monétaire, votre volonté ne saurait suffire puisque vous n'avez aucune marge de manoeuvre pour rééquilibrer le taux de change de l'euro par rapport au dollar, ni tenter la moindre mesure de relance de l'économie. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Allez-vous donc continuer de camoufler votre impuissance avec la pseudo-solution du bradage de nos grandes entreprises publiques et de la vente de l'or de la Banque de France, ce qui revient à dilapider le capital accumulé par des générations de Français ? (Applaudissements sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains et du groupe socialiste. - Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. La parole est à M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Mesdames et messieurs les députés, un tel sujet ne doit pas prêter à polémique. C'est pourquoi on va s'en expliquer tranquillement. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
M. Jean-Pierre Brard. Ça m'étonnerait !
M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Premièrement, s'agissant des réserves d'or de la Banque de France, est-il possible qu'un seul d'entre vous trouve naturel et normal qu'elles ne produisent aucun revenu ? (« Non ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Au nom de quoi l'or de la Banque de France serait-il le seul capital dont les propriétaires, c'est-à-dire la nation tout entière, n'auraient pas le droit de s'interroger sur sa capacité à produire des revenus ?
Deuxièmement, si la Banque de France n'a pas vendu d'or depuis 1969, d'autres banques européennes l'ont fait. La BCE, présidée par M. Trichet - qui n'a pas toujours été votre référence, monsieur Desallangre - (Rires sur bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire) a autorisé le Gouvernement à vendre 500 tonnes d'or en cinq ans. Le calcul est simple : 100 tonnes d'or valent environ un milliard d'euros, somme qui peut assurer entre trente-cinq et quarante millions d'euros de revenus par an.
M. François Hollande. Ce n'est pas avec ça que le déficit sera comblé !
M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. 500 tonnes d'or permettraient d'obtenir 200 millions d'euros de revenus à un poste où il n'y en avait aucun ! Compte tenu de la situation budgétaire de la France, je trouve préférable d'être du côté de celui qui aura permis 200 millions de revenus supplémentaires, sans rien brader, plutôt que du côté de ceux qui ont creusé les trous, vidé les caisses et jamais trouvé de recette supplémentaire ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et sur plusieurs bancs du groupe Union pour la démocratie française. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
Je vous remercie, monsieur le député, de m'avoir donné l'occasion de préciser que ce n'est pas parce que vous n'avez pas eu cette idée que nous n'aurions pas le droit, nous, de la retenir ! (Mêmes mouvements.)

Données clés

Auteur : M. Jacques Desallangre

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique économique

Ministère interrogé : économie

Ministère répondant : économie

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 15 avril 2004

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