États-Unis
Question de :
M. Philippe Martin
Gers (1re circonscription) - Socialiste
Question posée en séance, et publiée le 29 avril 2004
DÉPLACEMENT AUX ÉTATS-UNIS
DU MINISTRE DE L'ÉCONOMIE, DES FINANCES
ET DE L'INDUSTRIE
M. le président. La parole est à M. Philippe Martin, pour le groupe socialiste.
M. Philippe Martin. Ma question s'adresse à M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Mes chers collègues, lorsque le Président de la République a demandé au Parlement d'approuver la position française de fermeté et d'hostilité à la guerre en Irak, l'unanimité s'est faite dans notre assemblée et les députés socialistes y ont pris toute leur part.
Monsieur le ministre d'Etat, vous venez d'effectuer un déplacement remarqué aux Etats-Unis, dont nous n'ignorons pratiquement plus aucun détail. Ma question porte sur le sens qu'il convient de donner à ce voyage...
M. Albert Facon. L'élection présidentielle, peut-être !
M. Philippe Martin. ... et sur les conséquences politiques de son déroulement. Je suis d'ailleurs certain de ne pas être le seul dans cet hémicycle à me la poser.
Votre frénésie de notoriété (« Nul ! Minable ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire) ne vous aurait-elle pas conduit, cette fois, à un peu d'aveuglement, au point de ne pas voir que vous placiez les dirigeants américains en situation de choisir chez nous entre les bons dirigeants, qui ont droit à des égards de chefs d'Etat, et ceux qui le seraient moins et n'auraient droit qu'au service minimum ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
En procédant ainsi, ne craignez-vous pas d'avoir pris le risque d'affaiblir la voix du Président de la République et celle de l'ONU ?
En un mot, monsieur le ministre d'Etat, un peu plus de modestie ou, à tout le moins, de lucidité, n'aurait-il pas abouti à un peu moins de succès personnel pour votre expédition mais à un peu plus de grandeur et de cohérence pour la France ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Huées sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. René Couanau. Ridicule !
M. le président. La parole est à M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
M. Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur Martin, vous n'allez pas être déçu de la réponse ! (« Ah ! » sur les bancs du groupe socialiste.)
Outre l'assemblée générale du FMI - je comprends que vous ne soyez pas familier de ces matières (Protestations sur les bancs du groupe socialiste) - et le sommet du G 7 avec les ministres des finances, j'ai fait deux choses dont je n'avais pas pensé rendre compte à l'Assemblée nationale. Mais puisque vous m'y invitez, je ne vais pas me gêner !
Premièrement, j'ai été l'invité de la totalité des associations de juifs américains, qui ont souhaité remercier la France pour le combat déterminé que nous menons contre l'antisémitisme. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)
Ils ne se sont pas arrêtés à cela, monsieur Martin, puisqu'ils ont voulu me remettre une récompense. Et je vais même vous faire une confidence : ça ne risquait pas d'arriver à M. Vaillant (Protestations sur les bancs du groupe socialiste), car après les cinq années du gouvernement de M. Jospin, on était arrivé à faire croire aux Etats-Unis d'Amérique que la France était un pays antisémite ! (Violentes protestations sur les bancs du groupe socialiste, dont les membres se lèvent et se dirigent vers la sortie de l'hémicycle.)
M. Albert Facon. Ça ne va pas, non ? C'est scandaleux !
M. Bernard Roman. C'est inadmissible !
M. le président. Monsieur Roman, monsieur Facon, ne vous en mêlez pas !
M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Deuxièmement (Le ministre poursuit son propos dans un grand brouhaha), j'ai tenu à indiquer à nos amis américains qu'on pouvait avoir un désaccord sur l'Irak - et ce désaccord est incontestable - mais que cela ne nuisait en rien à l'amitié historique entre les Américains et la France. (Huées prolongées des députés du groupe socialiste, qui se sont regroupés au pied de la tribune et dans les premières travées.)
M. Jean-Christophe Cambadélis. Scandaleux !
M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Les chefs d'entreprise français qui investissent aux Etats-Unis et commercent avec eux sont heureux que le ministre des finances français...
M. Jean-Yves Le Déaut. Voyou !
M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. ... ait dit aux Etats-Unis d'Amérique que l'actualité c'était un désaccord sur l'Irak, mais que l'histoire c'était l'amitié entre le peuple américain et le peuple français qui ne se sont jamais fait la guerre dans toute leur histoire. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. Merci, monsieur le ministre !
M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Je suis désolé, messieurs, que vous n'ayez pas voulu rester pour écouter cette réponse qui est une réponse d'Etat. (Les députés du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et plusieurs députés du groupe de l'Union pour la démocratie française se lèvent et applaudissent longuement.)
Les députés du groupe socialiste. Hou, hou !
M. Jean-Christophe Cambadélis. Espèce de voyou !
M. Alain Vidalies. Provocateur !
M. le président. Arrêtez ! Ça ne sert à rien ! Sortez tranquillement ! (Clameurs des députés socialistes, toujours massés au pied de la tribune.)
M. Henri Emmanuelli. Monsieur le président, vous n'avez pas fait ce qu'il fallait !
M. le président. Monsieur Emmanuelli, ne vous en mêlez pas !
M. Henri Emmanuelli. Y en a marre de ce personnage !
Plusieurs députés socialistes. Des excuses ! Des excuses !
M. le président. Cela suffit ! Ou vous sortez, ou vous regagnez vos places !
Plusieurs députés du groupe UMP. Dehors ! Dehors !
M. le président. Et vous, asseyez-vous !
Monsieur Marty, vous avez la parole pour poser votre question.
Auteur : M. Philippe Martin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : économie
Ministère répondant : économie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 29 avril 2004