croissance
Question de :
M. Jean-Michel Fourgous
Yvelines (11e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Question posée en séance, et publiée le 13 mai 2004
PERSPECTIVES DE CROISSANCE
M. le président. La parole est à M. Jean-Michel Fourgous, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.M. Jean-Michel Fourgous. Monsieur le Premier ministre, ma question porte sur la croissance.
L'INSEE vient de publier ce matin les chiffres de la croissance française pour le premier trimestre 2004 : 0,8 %. Mais une croissance qui ne serait due qu'à une conjoncture internationale favorable n'est pas notre objectif. Certes, nous nous réjouissons de ce résultat, mais nous souhaitons établir les conditions d'une croissance durable et structurelle. Il est clair que l'on ne peut pas se satisfaire d'être à la remorque des Etats-Unis. Nous constatons en effet, depuis plusieurs années, un écart de près de deux points de croissance avec eux. La France doit établir elle-même les conditions de sa croissance et c'est précisément ce que le Gouvernement s'attache à faire en prenant des mesures intelligentes et réalistes. Je relève à ce propos que l'on entend souvent parler de socialisme et de libéralisme, mais il me paraît plus judicieux de se soucier de réalisme. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Il est temps d'expliquer une fois pour toutes aux Français que l'économie répond à des règles et que c'est en respectant celles-ci que l'on obtient la croissance. Les discours incantatoires des hommes politiques sur l'économie n'ont aucun impact sur la croissance. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste.) En matière d'économie, on ne commet pas impunément des erreurs. Une mesure démagogique comme les 35 heures a cassé la croissance (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.- Protestations sur les bancs du groupe socialiste) et mis à mal notre protection sociale en prélevant près de 100 milliards de francs - 15 milliards d'euros - sur la sécurité sociale dans des conditions scandaleuses.
M. Jacques Desallangre. Et les salaires des patrons !
M. Jean-Michel Fourgous. Mais revenons aux fondements de l'économie. Ce sont des choses très simples qui font la croissance. Pour obtenir une croissance à long terme, il faut valoriser et stimuler le travail. Vous l'avez fait, monsieur le Premier ministre. L'investissement, vous l'avez fait, même si c'est perfectible. L'innovation et la formation des salariés, vous l'avez fait avec le droit individuel à la formation.
Ma question est la suivante : comment le Gouvernement compte-t-il transformer cette brise qui s'annonce en souffle pour l'avenir de la France ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Monsieur le député, l'INSEE vient, en effet, de publier des estimations et, selon une dépêche de l'AFP, la croissance serait de retour (" Ah ! " sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains), les économistes n'en croient pas leurs yeux. Qu'ils écoutent le Gouvernement ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Cela fait des mois que nous annonçons ce retour de la croissance et que nous disons clairement que le toboggan de la croissance s'est arrêté à la fin du premier semestre 2003.
Nous avons atteint le sommet de la croissance en l'an 2000. Puis, le bilan de nos prédécesseurs nous a conduits à une rupture. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.- Protestations sur les bancs du groupe socialiste.) C'est la vérité ! Acceptez-la ! Cela ne se discute pas ! La croissance a été de 4 % en l'an 2000, de 2 % en 2001, de 1 % en 2002. Elle a donc été divisée par deux chaque année. Voilà le bilan des socialistes ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.- " Zéro ! " et protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Augustin Bonrepaux. C'est nul !
M. le président. Monsieur Bonrepaux, je vous en prie.
M. le Premier ministre. C'est à partir de 2003 que la croissance est repartie. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Ce sont des vérités qui ne devraient pas faire l'objet de polémiques. Je n'ai pas fait l'ENA, donc je cite les chiffres que les experts me donnent ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.) Certes, c'est la première fois que l'on dit à un gouvernement que sa prévision de croissance est peut-être pessimiste.
M. Jean Glavany. Regardez donc mes statistiques !
M. le Premier ministre. Pourtant, l'INSEE me dit aujourd'hui que la France est en tête de la zone euro avec une croissance supérieure de 0,5 point à celle des pays de cette zone.
Malgré tout cela, je ne suis pas satisfait et je veux que nous continuions à être mobilisés, car la croissance n'a de sens pour nous que si elle est riche en emplois.
M. Arnaud Lepercq. Très bien !
M. le Premier ministre. C'est pourquoi le Gouvernement reste mobilisé. Malgré ces bonnes nouvelles, il reste serein et actif pour la création d'emplois (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste), pour la revalorisation du travail - notamment celle du SMIC, de 5 %, au 1er juillet (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française) -, pour la création d'entreprises, la relance de la consommation et le développement des investissements grâce à l'allégement de la taxe professionnelle.
Voilà une politique cohérente ! Voilà les fruits de la croissance qui apparaissent ! La grande différence avec vous, c'est que, nous, nous voulons les partager avec les Français ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.- Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
M. Christian Bataille. Personne ne vous croit !
Auteur : M. Jean-Michel Fourgous
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique économique
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 13 mai 2004