Question au Gouvernement n° 1398 :
chimie

12e Législature

Question de : M. André Gerin
Rhône (14e circonscription) - Député-e-s Communistes et Républicains

Question posée en séance, et publiée le 2 juin 2004

CHIMIE FRANÇAISE

M. le président. La parole est à M. André Gerin, pour le groupe des député-e-s communistes et républicains.
M. André Gerin. Ma question s'adresse à M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Cela fait vingt ans qu'on porte des coups à la chimie française : dénationalisation de Rhône-Poulenc, fusion de Rhône-Poulenc avec Hoechst, fusion de Totalfina avec Elf Aquitaine. La société Rhodia est menacée de liquidation. Le président de Total décide de disloquer la branche chimie. C'est à prendre ou à laisser.
Pourtant, il y a cinq ans M. Desmarest déclarait à la commission de la production et des échanges de l'Assemblée nationale : " Accepter de séparer les activités chimiques, c'est menacer l'indépendance du groupe. "
Aujourd'hui, il se sépare de la chimie et menace l'indépendance économique. Mensonge, intox ! Pour le président de la Total, la chimie sert de variable d'ajustement et ce malgré des profits records de 7,34 milliards en 2003. Cela s'appelle, selon moi, du " pétainisme industriel " ! (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Toutes les instances et le comité de groupe européen ont rejeté ce projet d'abandon industriel. Unanimes, les salariés, les ingénieurs et les cadres font des propositions, auxquelles ne répondent que le mépris et la matraque.
Le Gouvernement va-t-il s'opposer à ce projet d'abandon qui, rien qu'en France, menace 12 000 emplois directs et 50 000 emplois indirects ? Va-t-il exiger le retrait du projet du groupe Total,...
M. Maxime Gremetz. Mais non !
M. André Gerin. ...pour élaborer avec les salariés, en écoutant les ingénieurs et les cadres, une stratégie de reconquête de la chimie française ?
Ces deux questions sont essentielles : aujourd'hui, avec la boulimie de privatisations, un certain capitalisme industriel se meurt, ce qui menace l'indépendance nationale et met en cause la croissance. C'est la France des idéaux du Conseil nationale de résistance qui fout le camp ! (Applaudissements sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains et sur divers bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur divers bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. Jean Lassalle. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué à l'industrie.
M. Patrick Devedjian, ministre délégué à l'industrie. Monsieur le député, je tiens à rappeler, avant tout, que la chimie française est brillante ! (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Notre pays est le cinquième producteur et le troisième exportateur mondial dans ce secteur, qui représente 240 000 emplois et un chiffre d'affaires de 85 milliards d'euros.
M. Maxime Gremetz. Ça, on le sait !
M. le ministre délégué à l'industrie. Mais notre industrie chimique, souvent assez dispersée, et qui a parfois fait l'objet de regroupements hétéroclites, doit aujourd'hui faire face à la mondialisation. Ainsi, entre 2002 et 2003, les importations en provenance de l'Asie ont augmenté de 39 %. (Exclamations sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
Aujourd'hui, l'ennemi, c'est l'immobilisme. Il faut se spécialiser sur son métier. L'ère des grands combinats du Gosplan est terminée ! (Protestations sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains. - Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) L'industrie doit être spécialisée, pour pouvoir s'adapter avec souplesse au marché. C'est ce que fait Total,...
M. Patrick Braouezec. Entre le projet de Total et le Gosplan, il y a de la marge !
M. le ministre délégué à l'industrie. ...en constituant un groupe chimique qui emploie 20 000 personnes dans le monde, dont 12 000 en France, avec un chiffre d'affaires annuel de 5 milliards d'euros et un endettement pratiquement nul, et qui va se trouver dans une situation de concurrence beaucoup plus favorables que d'autres. Il faut redynamiser notre industrie chimique en la regroupant sur les spécialités de ses différents métiers. C'est ce que nous faisons.
Aujourd'hui se tiennent les deuxièmes rencontres parlementaires sur la chimie. Le Gouvernement a annoncé la constitution d'un groupe stratégique pour organiser ce secteur, qui est en état de faire face aux défis de la mondialisation. Ne soyez donc pas inquiet, monsieur Gerin : nous nous en occupons. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. Maxime Gremetz. Ce sont des mots !
M. André Gerin. On ne consulte pas les ingénieurs et les cadres ! C'est la pensée unique ! (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

Données clés

Auteur : M. André Gerin

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Industrie

Ministère interrogé : industrie

Ministère répondant : industrie

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 2 juin 2004

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