pouvoir d'achat
Question de :
M. Jean-Claude Sandrier
Cher (2e circonscription) - Député-e-s Communistes et Républicains
Question posée en séance, et publiée le 30 juin 2005
POUVOIR D'ACHAT
M. le président. La parole est à M. Jean-Claude Sandrier, pour le groupe des député-e-s communistes et républicains.M. Jean-Claude Sandrier. Monsieur le Premier ministre, l'une des revendications majeures des salariés, du public comme du privé, des retraités et des titulaires de minima sociaux est l'augmentation de leur pouvoir d'achat. Ce dernier a baissé en 2003, et la faible hausse constatée depuis est insignifiante : un salarié qui gagnait 1 500 euros nets en 2002 aura vu sa paie augmenter de trois centimes fin 2004.
M. Maxime Gremetz. Scandaleux !
M. Lucien Degauchy. Les 35 heures !
M. Jean-Claude Sandrier. Le pouvoir d'achat est amputé...
M. Georges Tron. Par les 35 heures !
M. Jean-Claude Sandrier. ...par des hausses répétées : gaz, loyer, fioul domestique, complémentaire santé, assurance habitation, eau, ordures ménagères, carburant, timbre-poste, transport.
M. Georges Tron. Merci les 35 heures !
M. Jean-Claude Sandrier. La liste est longue, et ce n'est pas l'augmentation de 5 % au bénéfice de la moitié des salariés payés au SMIC - qui n'est en réalité qu'un rattrapage, l'autre moitié n'ayant droit qu'à une augmentation de 1,6 % - qui va répondre aux préoccupations de nos concitoyens.
Alors même que la précarité grandit, multipliant le nombre des travailleurs que leurs revenus laissent en dessous du seuil de pauvreté, et alors que le pouvoir d'achat est l'un des éléments clés de la croissance et de l'emploi...
M. Georges Tron. Les 35 heures !
M. Jean-Claude Sandrier. ...vous continuez de recourir à vos vieilles recettes d'allègements de charges au bénéfice des entreprises, dont la Cour des comptes vient de reconnaître que l'impact sur la réduction du chômage est incertain : c'est le moins que l'on puisse dire.
M. Georges Tron. Les 35 heures !
M. Jean-Claude Sandrier. Vous continuez votre politique des cadeaux fiscaux, qui représentent 20 % des recettes de l'État, et vous osez nous parler de déficit !
Pendant ce temps les grandes sociétés du CAC 40 ont vu leurs bénéfices nets augmenter de 64 % en un an, alors qu'elles suppriment des emplois, comme MBDA-EADS à Bourges.
M. Georges Tron. Et les 35 heures ?
M. Jean-Claude Sandrier. Vous prétendez vouloir revaloriser le travail, mais en vingt ans la part des salaires dans la richesse créée a baissé de 10 %, alors que la part des profits capitalistes a augmenté d'autant.
Monsieur le Premier ministre, que comptez-vous faire pour agir sur ce levier essentiel de l'économie que sont les salaires, les retraites, les pensions et les minima sociaux ?
M. Jacques Desallangre. Rien !
M. Georges Tron. Les 35 heures !
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Quelques députés du groupe socialiste. Rhodia !
M. Thierry Breton, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur le député, le pouvoir d'achat est effectivement, avec la bataille pour l'emploi, au coeur de la politique du Gouvernement. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Georges Tron. Parlez des 35 heures !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Comme vous l'avez implicitement rappelé, vous avez, avec les 35 heures, voulu partager le travail : vous avez partagé les salaires. Voilà la situation que nous avons trouvée. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.) Il faut le dire !
M. Jacques Desallangre. Comment se fait-il que les prix augmentent ?
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Et c'est pour remédier à cette situation que le Gouvernement a pris un certain nombre d'initiatives.
Mais il faut d'abord rappeler les chiffres : le pouvoir d'achat a augmenté de 1,7 % en 2004, et on attend pour cette année une augmentation de plus de 2 %.
Je rappelle également que les prix, qui sont une des composantes importantes du pouvoir d'achat, commencent à baisser. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
M. Jacques Desallangre. Lesquels ?
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. On l'a mesuré notamment par le " chariot-type ", qui a baissé de 0,5 % depuis le mois de février.
M. Christian Bataille. Trucage !
M. Alain Néri. C'est la nouvelle arnaque depuis que plus personne ne croit aux chiffres de l'INSEE !
M. Bernard Roman. Les associations de consommateurs ont d'autres chiffres !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Je rappelle également que les prix ont baissé de 2 % depuis l'été 2004.
M. Maxime Gremetz. Où faites-vous vos courses ?
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Je suis d'accord avec vous, ce n'est pas assez, mais c'est une réalité.
Je voudrais enfin rappeler, mesdames, messieurs les députés, que le pouvoir d'achat, c'est la bataille pour l'emploi. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement a décidé de consacrer 4,5 milliards d'euros à la bataille pour l'emploi en 2006.
M. Jacques Brunhes. On a déjà entendu ça tellement souvent !
M. Jacques Desallangre. Vos allègements de charges, ça ne marche pas !
M. le président. Calmez-vous !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. C'est également, comme vous l'avez rappelé, l'augmentation du SMIC horaire de 5,5 % dès vendredi.
M. Jean-Pierre Brard. Vous parlez pour le MEDEF, pas pour la France !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. C'est aussi le déblocage de la participation dès cette année. C'est enfin la mise en place d'un nouvel indice de révision des loyers.
Voila ce que fait le gouvernement de Dominique de Villepin. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Auteur : M. Jean-Claude Sandrier
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique économique
Ministère interrogé : économie
Ministère répondant : économie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 30 juin 2005