Question au Gouvernement n° 2480 :
DOM : Réunion

12e Législature

Question de : M. Pierre-Louis Fagniez
Val-de-Marne (1re circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

Question posée en séance, et publiée le 2 février 2006

EPIDEMIE DE CHIKUNGUNYA À LA REUNION

M. le président. La parole est à M. Pierre-Louis Fagniez, pour le groupe UMP.
M. Pierre-Louis Fagniez. Ma question s'adresse à M. le ministre de la santé et des solidarités et porte sur l'épidémie qui sévit à l'île de la Réunion depuis un an. Il s'agit d'une maladie virale qui n'était pas connue jusqu'à présent sur le territoire national, mais uniquement sur le continent asiatique et en Afrique de l'Est. Elle est arrivée après être passée par les Comores, Mayotte et l'île Maurice. Depuis un an, cette épidémie est installée à l'île Maurice. Il s'agit d'un virus transmis par un moustique : après la piqûre, on ressent une très forte fièvre, des douleurs articulaires, quelquefois une éruption, et surtout, on se tient le dos courbé, ce qui vaut à cette maladie son nom swahili de chikungunya.
M. le président. Pourquoi me regardez-vous en disant cela, monsieur Fagniez ? Je n'ai pas le dos courbé ! (Sourires.)
M. Pierre-Louis Fagniez. Cette épidémie est comparable à celle de la grippe, mais nous n'avons pas d'autres moyens de prévention que la lutte contre les moustiques, en dépit de la rumeur colportée depuis quelque temps par les gazettes sur l'île de la Réunion, selon laquelle l'armée américaine aurait mis au point un vaccin ; en réalité, aucun vaccin contre cette maladie n'est commercialisé.
Face à ce grave problème de santé publique - qui est aussi un problème économique pour l'île -, vous avez dépêché sur place le directeur général de la santé et le directeur de l'Institut national de veille sanitaire avant de vous rendre vous-même sur l'île, où vous avez pu constater le désarroi des populations. Pouvez-vous nous indiquer, monsieur le ministre, quelles mesures vous allez prendre pour faire face au génie évolutif de ce curieux virus ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de la santé et des solidarités.
M. Xavier Bertrand, ministre de la santé et des solidarités. Monsieur le député, la Réunion traverse une véritable épreuve, compte tenu du nombre de victimes : à ce jour, plus de 35 000 personnes ont été contaminées par ce virus qui entraîne d'importantes douleurs musculaires et articulaires. Après avoir rencontré de nombreux malades, chez eux et dans les établissements de santé, je sais toutefois que le courage et la solidarité seront plus forts que l'épreuve et la douleur sur l'île de la Réunion.
Le Gouvernement a décidé d'intervenir de plusieurs façons pour aider les Réunionnais. La prévention étant notre priorité, le Premier ministre a tout d'abord souhaité qu'à partir de lundi dernier, 400 militaires supplémentaires soient formés à la lutte contre les moustiques, afin d'être opérationnels demain matin. Ces équipes, que j'ai vues sur place, sont efficaces et appréciées par la population réunionnaise.
Il convient également d'assurer la meilleure prise en charge possible des malades. Je suis allé à la Réunion avec une équipe médicale comprenant des médecins, des infirmières et du matériel. Cette équipe s'est immédiatement mise au travail, mais nous allons naturellement continuer à envoyer sur place d'autres équipes en provenance de la métropole.
La recherche doit nous permettre de mieux comprendre cette maladie encore insuffisamment connue, ce qui nous aidera à la combattre. C'est pourquoi nous avons décidé de soutenir les programmes hospitaliers de recherche clinique développés sur l'île même de la Réunion, de saisir le Centre national de référence sur les arbovirus et de saisir également, à la demande du Premier ministre, l'Organisation mondiale de la santé, afin d'établir un bilan précis et exhaustif de nos connaissances sur ce dossier.
Le Premier ministre a également souhaité qu'une réunion se tienne avant la fin de la semaine pour faire le point avec l'ensemble des ministres concernés, au premier rang desquels François Baroin, ministre de l'outre-mer, en vue d'accélérer l'aide destinée aux Réunionnaises et aux Réunionnais.
Sur l'île de Mayotte, où je me suis rendu hier en compagnie de Mansour Kamardine, 56 cas ont été constatés. J'ai demandé que l'on fasse preuve de la plus grande vigilance afin que nous soyons à même d'anticiper, si besoin était, tout développement de cette épidémie.
Je voudrais dire à nos concitoyens de Mayotte et de la Réunion que, si la solidarité est très forte entre eux, la solidarité nationale ne le sera pas moins. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et sur quelques bancs du groupe Union pour la démocratie française.)

Données clés

Auteur : M. Pierre-Louis Fagniez

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Outre-mer

Ministère interrogé : santé et solidarités

Ministère répondant : santé et solidarités

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 2 février 2006

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