construction aéronautique
Question de :
M. Maxime Gremetz
Somme (1re circonscription) - Député-e-s Communistes et Républicains
Question posée en séance, et publiée le 12 octobre 2006
AIRBUS
M. le président. La parole est à M. Maxime Gremetz, pour le groupe des député-e-s communistes et républicains.M. Maxime Gremetz. Monsieur le président, je m'associe à l'hommage que vous venez de rendre aux victimes de cet accident.
M. le président. Je me suis adressé aux familles au nom de l'Assemblée nationale, monsieur Gremetz. Veuillez donc poser votre question.
M. Maxime Gremetz. Il y a un an, tous les yeux étaient levés vers le ciel pour admirer l'un des fleurons de l'aviation civile, fruit d'une coopération européenne, l'Airbus A380. Celui-ci est, hélas, aujourd'hui cloué au sol. La raison en est simple : la rémunération des actionnaires a primé sur ce grand projet industriel. (Échanges de propos sur plusieurs bancs.)
M. le président. Mes chers collègues, je vous prie de bien vouloir écouter M. Gremetz.
M. Maxime Gremetz. Cela ne les intéresse pas, monsieur le président, mais cela ne m'empêchera pas de poursuivre !
Je veux pour preuve de ce choix financier la déclaration de Louis Gallois confirmant le plan de rationalisation des usines Airbus, qui doit économiser 2 milliards. Les intérêts des actionnaires, au premier rang desquels ceux des groupes Daimler-Benz et Lagardère, sont passés avant l'emploi, avant le développement technologique et industriel. Quel monstrueux gâchis !
Je remarque que ma question n'intéresse toujours pas mes collègues de gauche comme de droite, qui continuent de bavarder, mais cela ne me gêne pas, car je m'exprime, moi, au nom des gens.
M. le président. Moi je vous écoute, monsieur Gremetz.
M. Maxime Gremetz. Je vous en remercie, monsieur le président, mais je ne demande qu'un peu de politesse de la part de mes collègues.
M. le président. Veuillez poursuivre, je vous prie.
M. Maxime Gremetz. Le président d'Airbus change, mais pour que rien ne change ! Ainsi, pendant que certains se construisent des parachutes dorés, des hommes et des femmes oeuvrant à la construction de l'A380 risquent leur emploi comme à Méaulte, dans la Somme, site d'Airbus " dans la ligne de mire ", comme le titre Les Échos ce matin. Ce site, qui emploie 1 200 salariés, génère 3 000 emplois indirects et dispose d'un carnet de commandes bien rempli, a bénéficié de fonds publics de la région en contrepartie d'un engagement écrit du directeur de maintenir et développer l'emploi en Picardie.
M. le président. Je vous demande de poser votre question, monsieur Gremetz.
M. Maxime Gremetz. Je n'ai pas dépassé le temps qui m'est imparti, monsieur le président. Ce n'est pas parce que mes collègues font du bruit qu'il faut s'en prendre à moi !
Le Gouvernement et l'État actionnaire vont-ils continuer longtemps les petits arrangements entre amis financiers ? Vont-ils se contenter, comme hier, d'être spectateurs et de commenter la situation alors qu'il faut redonner une perspective industrielle à Airbus et à EADS, un groupe qui a, en 2005, réalisé 34 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 1 milliard de profits ? Que va faire le Gouvernement ? (Applaudissements sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
M. Thierry Breton, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Il est inutile de le rappeler, monsieur Gremetz, nous ne partageons pas, vous et moi, les mêmes idées. Cependant, je sais que vous êtes un patriote. Aussi, je ne peux laisser passer certains de vos propos.
Non, monsieur Gremetz, l'A380 n'est pas " cloué au sol ", car il vole. Vous n'allez pas vous y mettre, vous aussi, déjà que les propos de M. Streiff ont été déformés : non, je tiens à le dire très solennellement, Airbus n'a pas dix ans de retard par rapport à Boeing. De même, je m'inscris en faux contre ceux qui pensent qu'Airbus n'a plus d'avenir. Airbus est la meilleure entreprise aéronautique européenne et le leader mondial sur le créneau de l'A380, avion le plus moderne au monde.
Certes, il a pris du retard, monsieur Gremetz, comme cela peut arriver avec des programmes d'une telle ampleur. Certes, un plan doit aujourd'hui être mis en oeuvre, avec une ligne managériale. C'est ce que les actionnaires d'EADS ont décidé de faire avec, à leurs côtés, l'État français qui a joué tout son rôle.
La France, vous le savez, monsieur Gremetz, souhaitait depuis longtemps une ligne managériale unique entre EADS et Airbus. C'est désormais chose faite. Nous avons maintenant un coprésident d'EADS qui est également président d'Airbus. Le plan qui a été proposé et accepté permettra à l'entreprise de maintenir - et non pas de rattraper - sa position de leader mondial.
Alors de grâce, monsieur Gremetz, ne joignez pas votre voix à celle des Cassandre ! Les problèmes sont aujourd'hui derrière nous et ceux qui restent seront réglés.
M. Maxime Gremetz. Vraiment ?
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. M. Gallois a pris l'engagement de rencontrer, y compris à Méaulte, les élus, les salariés et les clients.
Alors, oui, j'ai vraiment confiance dans l'avenir ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. Maxime Gremetz. En réduisant de 2 milliards les moyens ?
M. le président. Monsieur Gremetz, vous qui n'aimez pas être interrompu, n'interrompez donc pas les autres !
Auteur : M. Maxime Gremetz
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Industrie
Ministère interrogé : économie
Ministère répondant : économie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 12 octobre 2006