Iran
Question de :
M. Serge Blisko
Paris (10e circonscription) - Socialiste
Question posée en séance, et publiée le 14 décembre 2006
L'IRAN ET LE NEGATIONNISME
M. le président. La parole est à M. Serge Blisko, pour le groupe socialiste.M. Serge Blisko. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre. Une conférence effrayante s'est tenue durant deux jours à Téhéran, sous les auspices du ministre des affaires étrangères iranien. Elle a réuni le gotha des historiens, entre guillemets, révisionnistes qui ont débattu sur l'Holocauste. Ces pseudo-historiens, dont un grand nombre ont un casier judiciaire en raison de leurs prises de position, étaient venus de trente pays.
Le Français Robert Faurisson, ancien maître de conférence de l'université, a réaffirmé lundi dernier que " l'Holocauste est un mythe, comme l'a dit le président Ahmadinejad, c'est-à-dire une idée généralement fausse, mais que les gens croient vraie " !
M. Töben, qui a purgé une peine d'un an de prison en Allemagne pour incitation à la haine raciale, a amené dans ses bagages un modèle miniature du camp de concentration de Treblinka. Il a expliqué vouloir l'utiliser avec des figurines et des trains miniatures pour démontrer l'inexistence des chambres à gaz !
M. Paul Giacobbi. Abject !
M. Serge Blisko. Cette conférence, après le concours des caricatures sur l'Holocauste de novembre dernier dans la même ville, gagné d'ailleurs par un Français, est une véritable insulte à la mémoire des 6 millions de juifs exterminés et plus généralement un mauvais coup porté à ceux qui s'efforcent de promouvoir un dialogue déjà très difficile dans cette région.
Au-delà de l'indignation et de la condamnation très vive, envisagez-vous, monsieur le Premier ministre, de demander à l'ONU de se saisir de cette question en vue de sanctions ? Pensez-vous comme le déclarait le ministre des affaires étrangères, M. Douste-Blazy, le 31juillet dernier à Beyrouth que l'Iran est " un acteur important et respecté (" Il n'est pas respectable ! " sur plusieurs bancs du groupe socialiste) au Proche-Orient où il joue un rôle stabilisateur ", alors que tout le monde connaît le rôle du gouvernement iranien dans la déstabilisation du Liban et la dissidence au sein de la communauté chiite irakienne ?
M. Claude Goasguen. Et le Hezbollah ?
M. Serge Blisko. En France, la loi du 13 juillet 1990, dite loi Gayssot, punit tout individu niant la réalité du génocide perpétré envers les juifs par les nazis durant la Deuxième Guerre mondiale.
Monsieur le Premier ministre, le Gouvernement donnera t-il des instructions au ministère public pour qu'il engage des poursuites contre M. Faurisson et d'autres participants français pour les propos tenus lors de cette conférence ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.
M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères. Monsieur le député, je voudrais ici condamner une nouvelle fois de la manière la plus ferme la tenue de cette conférence extrêmement choquante sur l'Holocauste, qui a donné une tribune aux thèses révisionnistes et négationnistes. Personne, aucun individu, aucun pays, l'Iran pas plus qu'un autre, n'a le droit de nier ou de relativiser le génocide du peuple juif ! (Applaudissements.)
J'ajoute que l'année dernière, l'assemblée générale des Nations unies a voté, à l'unanimité, une résolution qui rejette " tout déni de l'Holocauste, total ou partiel ". Il est donc absolument inacceptable qu'une telle conférence ait pu avoir lieu.
S'agissant de l'Iran, cela fait aujourd'hui le troisième jour que les Européens, dont la France, ont proposé une résolution, qui est actuellement en discussion à New York, au Conseil de sécurité des Nations unies. Cette résolution vise à imposer des sanctions à l'Iran non seulement dans le domaine nucléaire - les activités nucléaires sensibles -, mais aussi dans le domaine balistique à la suite de tirs de missiles il y a quelques semaines. Nous avons deux objectifs : l'unité de la communauté internationale, avec les Russes et les Chinois,...
M. François Loncle. Ce n'est pas la question !
M. Claude Goasguen. La question, c'est le Hezbollah !
M. le ministre des affaires étrangères. ...et la fermeté des sanctions. Il est donc évident que la France condamne plus que jamais l'Iran, qui n'aurait jamais dû accepter une telle conférence. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Auteur : M. Serge Blisko
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : affaires étrangères
Ministère répondant : affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 décembre 2006