Bali
Question de :
M. Xavier de Roux
Charente-Maritime (3e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Question posée en séance, et publiée le 16 octobre 2002
TERRORISME
M. le président. La parole est à M. Xavier de Roux.
M. Xavier de Roux. Monsieur le ministre des affaires étrangères, le monde entier a été saisi d'épouvante en apprenant le nouvel acte de terreur commis à Bali contre les touristes qui avaient choisi la paix de l'île des Dieux. Ce nouvel attentat montre qu'une véritable guerre ensanglante la planète ; hier, New York et, depuis, la longue litanie des attentats qui frappent aussi notre pays, de Karachi à Aden, et peut-être demain à Paris.
M. Jean-Pierre Brard. Sarkozy veille !
M. Xavier de Roux. Malheureusement, depuis très longtemps, la France a été confrontée à ces menées meurtrières. Le 19 septembre 1989, en détruisant un avion de la compagnie UTA, la Libye faisait 170 victimes, et l'affaire n'a toujours pas été élucidée. La cour d'assises de Paris juge les auteurs d'attentats commis, au nom de l'Islam, jusque dans le métro parisien. La traînée sanglante nous mène des camps de Bosnie à ceux d'Afghanistan, des Philippines à l'Indonésie, de la mer Rouge au Moyen-Orient.
Une nouvelle guerre a-t-elle été déclarée ? Quel est le vrai visage de ses acteurs et des Etats qui la favorisent ? Est-ce la guerre des pauvres contre les riches, ou celle de l'intolérance contre la liberté ? Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire quel est cet ennemi et comment le combattre ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.
M. Dominique de Villepin, ministre des affaires étrangères. Vous m'interrogez, monsieur le député, sur la nature du mal qui frappe le monde et sur les moyens de le combattre. La menace est aujourd'hui globale, diffuse. A l'instar d'Al-Qaida, la nébuleuse terroriste présente mille visages. Ce n'est pas un phénomène nouveau : nous l'avons connu sur notre propre territoire, dans les années quatre-vingt, quatre-vingt-dix.
Avec les attentats du 11 septembre, la menace acquiert une forme nouvelle. Il s'agit désormais de véritables crimes de masse.
Nous l'avons vécu dans notre chair, à Karachi, vous l'avez dit, quand ce fléau a touché nos ingénieurs et nos techniciens. Nous l'avons vécu en Tunisie, lorsque des touristes ont été frappés dans une synagogue. Nous l'avons vécu lorsque nos intérêts économiques ont été pris pour cible, avec le pétrolier Limburg, en mer Rouge. Nous le voyons avec le terrible attentat qui frappe, à Bali, de jeunes touristes occidentaux.
Il s'agit bien d'une menace opportuniste, qui sait utiliser à la fois les moyens les plus archaïques et les technologies les plus sophistiquées, qui sait mettre à profit toutes les ressources de la mondialisation, tous les avantages de la libre circulation, tous les bénéfices des Etats de non-droit.
M. Arnaud Montebourg. On s'ennuie ! (Vives protestations et huées sur les bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle et du groupe Union pour la démocratie française.)
M. Richard Mallié. Montebourg, ça suffit ! Dehors !
M. Charles Cova. C'est n'importe quoi !
M. Michel Hunault. C'est scandaleux!
M. le président. S'il vous plaît, ne répondez pas à la provocation de M. Montebourg.
M. le ministre des affaires étrangères. A cette menace globale, il faut apporter une réponse globale. Il faut combattre les terroristes sans relâche, par tous les moyens, ceux de la coopération militaire, quand cela est nécessaire et en dernier recours - l'Afghanistan l'a montré -, et ceux de la coopération policière et judiciaire. Dans le domaine du renseignement, il faut unir les forces de chaque Etat dans le cadre de la solidarité internationale.
M. le président. Monsieur le ministre !
M. le ministre des affaires étrangères. C'est ce que nous faisons aujourd'hui avec l'Union européenne et les Nations unies, mais cela ne suffit pas, car nous avons aussi la conviction que, face à cette menace globale, il faut aujourd'hui prendre la vraie mesure de ce qui peut nourrir le terrorisme : d'anciens fléaux, la faim, l'injustice, les crises.
M. le président. Monsieur le ministre, s'il vous plaît !
M. le ministre des affaires étrangères. Il faut enfin, et c'est important, ne pas céder à la tentation d'un choc des cultures, d'une fracture entre les civilisations, et c'est pourquoi il faut s'appuyer sur le respect de l'autre, sur la tolérance, sur le dialogue des cultures. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe de l'Union pour la majorité présidentielle.)
Auteur : M. Xavier de Roux
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : affaires étrangères
Ministère répondant : affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 16 octobre 2002