réforme
Question de :
M. Philippe Douste-Blazy
Haute-Garonne (1re circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Question posée en séance, et publiée le 15 mai 2003
RÉFORME DES RETRAITES
M. le président. La parole est à M. Philippe Douste-Blazy.
M. Philippe Douste-Blazy. Monsieur le Premier ministre, vous avez volontairement fait le choix du système de retraite par répartition (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste) pour préserver le lien entre les générations. (« Très bien ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Vous avez volontairement fait le choix de l'équité entre les Français en harmonisant les durées de cotisation pour sauver le niveau des pensions.
Vous avez volontairement fait le choix de la solidarité (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste) en proposant la notion de retraite minimum, afin de garantir à chacun la dignité après une vie de travail.
M. Jacques Desallangre. Pour être minimum, elle sera minimum !
M. Philippe Douste-Blazy. Monsieur le Premier ministre, je vous poserai deux questions.
Ce soir, votre ministre des affaires sociales, François Fillon, va rencontrer toutes les organisations syndicales.
M. Jacques Desallangre. Il va recevoir la rue ! Elle a parlé, la rue !
M. Philippe Douste-Blazy. Première question : quel cadre le Gouvernement entend-il fixer à cette rencontre ?
J'en viens à ma seconde question.
Cette réforme, tous nos voisins européens l'ont faite.
M. Jacques Desallangre. Et alors ?
Un député du groupe socialiste. Pas comme ça !
M. Philippe Douste-Blazy. La France en a besoin...
Un député du groupe socialiste. Pas les Français !
M. Philippe Douste-Blazy. ... pour sauver notre système de retraites et, au-delà et surtout, pour sauver le pacte social.
M. François Hollande. Avec vous, il est assurément sauvé !
M. Philippe Douste-Blazy. Ma seconde question sera simple : quelles sont désormais les priorités de votre gouvernement ? (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
Monsieur le président, avant d'écouter la réponse de M. le Premier ministre, je voudrais vous dire mon sentiment personnel.
Je respecte énormément les organisations syndicales et leurs représentants, qui jouent un rôle très important dans notre démocratie.
La grève d'hier, que l'on soit pour ou contre,...
M. Christian Bataille. On est pour !
Plusieurs députés du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. Démago !
M. le président. Messieurs, je vous en prie !
M. Philippe Douste-Blazy. ... n'a pas, parce qu'elle a été annoncée de longue date,...
M. Jean-Pierre Brard. Elle a été suivie !
M. Philippe Douste-Blazy. ... pris les Français au dépourvu. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
Mais tel n'était pas le cas ce matin, où des centaines de milliers de salariés, d'usagers et de parents d'élèves ont été mis devant le fait accompli. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
M. Maxime Gremetz. Démago !
M. Philippe Douste-Blazy. Monsieur le président, je ne dirai qu'une seule chose devant mes collègues et le Gouvernement : le dialogue social ne peut exister que si chacun respecte loyalement les règles qui le fondent ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Monsieur Douste-Blazy, j'ai apprécié le fond de vos propos et vos convictions. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
La réforme des retraites est difficile.
M. François Hollande. C'est sûr !
M. le Premier ministre. La preuve en est qu'on n'a jamais jusqu'à ce jour réussi à la faire. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
M. François Hollande. Balladur !
M. le Premier ministre. Elle est complexe, et c'est pourquoi elle suscite une inquiétude.
Les manifestations d'hier ont fortement...
M. François Hollande. Impressionné !
M. le Premier ministre. ... exprimé cette inquiétude.
Je salue les conditions d'organisation de ces manifestations qui, globalement, ont évité les désordres des rues.
M. Jean-Pierre Brard. C'est pourquoi cela va recommencer !
M. le Premier ministre. Comme partout en Europe, le débat sur les retraites est un temps fort...
M. Maxime Gremetz. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues !
M. le Premier ministre. ... de notre démocratie sociale.
La vérité est que, sans réforme, les retraites s'effondreront. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
La vérité est qu'il faut faire la réforme pour sauver la retraite par répartition. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
Mme Muguette Jacquaint. Cette réforme, ce n'est même pas la vôtre !
M. le Premier ministre. Sur ce point, mon gouvernement restera ferme, mais pas fermé. (« Très bien ! » et applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
Permettez-moi de dire, au nom de tout le Gouvernement, combien j'ai trouvé le travail des ministres François Fillon et Jean-Paul Delevoye exemplaire...
M. François Hollande. Les manifestants aussi !
M. le Premier ministre. ... pendant toute cette période. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
M. Fillon et M. Delevoye recevront dans quelques heures les partenaires sociaux pour une étape importante du dialogue social.
Toutes les propositions qui permettront d'améliorer la réforme de notre gouvernement,...
M. Jacques Desallangre. Changez l'assiette des cotisations !
M. le Premier ministre. ... de rassurer les Français qui sont inquiets, et toutes celles qui relèveront d'un esprit constructif et responsable seront les bienvenues.
Mesdames, messieurs les députés, dans cette période importante,...
M. François Hollande. Et même dangereuse !
M. le Premier ministre. ... où les réformes de structures de notre pays sont nécessaires, il faut dialoguer pour pouvoir les partager.
Nous dialoguerons pour partager cette grande réforme sociale. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
M. François Hollande. Il est bien temps !
M. le Premier ministre. Il s'agit donc d'une politique de fermeté, pas de fermeture, d'une politique ouverte...
M. Pascal Terrasse. Blablabla !
M. Jean-Claude Bateux. Des mots !
Mme Martine David. Quel baratin !
M. le Premier ministre. Permettez-moi, puisque j'entends dire ici ou là qu'il ne s'agirait que de mots, de citer Michel Rocard. (« Oui ! oui ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
Je le ferai avec le respect que je dois aux anciens Premiers ministres de la France - je pense notamment à M. Balladur, qui a engagé la première étape de cette réforme.
Dans son livre Demain, les retraites, Michel Rocard...
Mme Martine David. Fichez-lui la paix !
M. le Premier ministre. ... s'exprime ainsi : « Ne rien faire aujourd'hui conduirait à terme à la condamnation de la répartition et à la rupture des solidarités essentielles. » (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Cette réforme, mesdames, messieurs les députés, est nécessaire à l'avenir de la France et à la solidarité entre les générations ! (Vifs applaudissement sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
Plusieurs députés du groupe socialiste. C'est nul !
Auteur : M. Philippe Douste-Blazy
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Retraites : généralités
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 15 mai 2003