Question au Gouvernement n° 656 :
réforme

12e Législature

Question de : M. Alain Néri
Puy-de-Dôme (2e circonscription) - Socialiste

Question posée en séance, et publiée le 28 mai 2003

RETRAITES

M. le président. La parole est à M. Alain Néri, pour le groupe socialiste.
M. Alain Néri. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Monsieur le Premier ministre, il y a un an, le programme de M. Chirac n'a reçu l'approbation que de 19 % des Français. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et sur plusieurs bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains. - Rires et exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)
Plusieurs députés du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. Et celui de Jospin ?
M. Alain Néri. Mesdames, messieurs, vous n'avez pas été élus sur un programme, mais par défaut, nos compatriotes se mobilisant pour dire non à l'extrême droite, non à l'aventure...
M. Christian Cabal. Non à Jospin !
M. Alain Néri. ... mais oui à la République !
Par la manifestation de dimanche d'une ampleur exceptionnelle, et à nouveau par leur importante mobilisation aujourd'hui même, les Français viennent de vous rappeler durement à la réalité. (« Non ! Non ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Ils dénoncent et condamnent votre politique économique et sociale, qui est un véritable abus de confiance. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Votre Gouvernement doit revoir sa copie sur les retraites.
Il faut, monsieur le Premier ministre, engager les réformes. Soit ! Mais dans le cadre d'une véritable négociation avec les partenaires sociaux. (Exclamations sur les mêmes bancs.)
M. Jean Marsaudon. Qu'avez-vous fait pendant cinq ans ?
M. Alain Néri. Vous vous targuez d'engager un dialogue social, alors que vous ne pratiquez qu'un monologue de régression sociale ! (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Votre surdité, votre intransigeance et votre attitude méprisante...
M. Richard Mallié. Parlez-nous plutôt du mépris de Jospin !
M. Alain Néri. ... sont autant de provocations ! Vous n'avez pas votre pareil, monsieur le Premier ministre, pour exaspérer les salariés !
D'ailleurs, pouvez-vous nous confirmer que vous avez osé déclarer à Québec : « C'est quand on ne travaillera plus le lendemain des jours de repos que la fatigue sera vaincue ? » Ces propos sont une honte, une provocation, une insulte pour le monde du travail ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains. - Huées sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Vous avez voulu opposer le public et le privé. Dimanche, vous avez même essayé de monter une contre-manifestation, d'ailleurs squelettique, à Paris. (« La question ! » sur plusieurs bancs du groupe Union pour la démocratie française.)
Vous voulez diviser pour régner, suivant ainsi une vieille tradition de la droite, et vous avez lamentablement échoué. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. Monsieur Néri, voulez-vous poser votre question, s'il vous plaît ?
M. Alain Néri. Respectez les travailleurs ! Ecoutez leurs syndicats qui, dans une attitude très responsable, vous appellent à l'ouverture de véritables négociations...
M. le président. Monsieur Néri, quelle est votre question ?
M. Alain Néri. ...pour défendre l'avenir des retraites et des retraites d'avenir.
L'heure est grave. Prenez le temps de la négociation pour garantir la cohésion sociale du pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Claquements de pupitres.)
M. Richard Mallié. La question !
M. Alain Néri. Ma question sera courte et simple : quand allez-vous enfin retirer votre projet de régression sociale sur les retraites ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains. - Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. On pourrait éviter les claquements de pupitres, qui ne font pas très bon effet à la télévision.
La parole est à M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Bernard Derosier. Raffarin, dégonflé !
M. le président. Je vous en prie ! Ecoutons le ministre !
M. François Fillon, ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Monsieur Néri, la majorité de cette assemblée est aussi légitime que celle qui l'a précédée. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et sur plusieurs bancs du groupe Union pour la démocratie française.)
Vous réclamez le retrait de notre projet. (« Oui ! oui ! » sur les bancs du groupe socialiste.) C'est une position irresponsable, mais je reconnais qu'elle est cohérente avec l'inaction dont vous avez fait preuve pendant cinq ans. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)
Face à notre projet, les postures de congrès, les slogans, les tracts ne font pas un projet alternatif. Vous suggérez de multiplier les sources de financement pour les retraites (« Oui ! oui ! » sur les bancs du groupe socialiste.) en oubliant que la seule source de financement importante que vous ayez mise en oeuvre pour alimenter le fonds de réserve pour les retraites, vous l'avez détournée pour financer les 35 heures ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains.)
Vous réclamez l'abrogation des dispositions Balladur avec lesquelles vous avez vécu cinq ans sans aucune gêne apparente.
Surtout, vous refusez de prendre clairement parti sur la question de l'équité entre le secteur public et le secteur privé. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. François Liberti. Ecoutez ce que vous dit la rue !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Je ne vous ai jamais entendu dire si vous étiez favorables à ce que l'ensemble des Français cotisent quarante annuités.
M. Jean-Claude Lefort. Trente-sept ans et demie pour tous !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Or il faut aujourd'hui que vous le disiez !
Monsieur Néri, il n'est jamais trop tard pour analyser avec honnêteté intellectuelle les avancées du projet de loi sur les retraites que nous proposons.
M. François Hollande. Il n'est jamais trop tard pour retirer un projet !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Il n'est jamais trop tard pour apprécier les avancées qui seront faites pour les petites retraites, lesquelles seront désormais garanties à 85 % du SMIC, pour l'intégration des primes de fonctionnaires dont vous avez parlé pendant des années et pour laquelle vous n'avez jamais rien fait...
M. Richard Mallié. Comme d'habitude !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. ... ou pour la prise en compte de la pénibilité.
S'agissant de la pénibilité, nous prenons l'engagement...
M. François Hollande. Engagement de pacotille !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. ... que, dans les branches, des accords seront négociés dans les trois ans. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Je citerai encore la possibilité de départ anticipé pour les personnes ayant commencé de cotiser à quatorze, quinze ou seize ans - on est loin du temps où Mme Guigou refusait une proposition de loi du groupe communiste sur le sujet ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Mesdames, messieurs les députés, au-delà des polémiques, l'essentiel est qu'une révolution démographique est en marche. On ne l'arrêtera pas avec des arguments comme ceux que vous nous opposez !
M. Julien Dray. Voilà la raison bien-pensante !
M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Comme l'écrivent ce soir dans le journal Le Monde des économistes à l'avis desquels vous attachiez du prix il y a encore quelque temps, « ceux qui agitent aujourd'hui le chiffon rouge en prétendant défendre les plus modestes prennent en réalité la responsabilité d'encourager le développement d'un système infiniment plus inégalitaire ». (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française. - Les députés du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et plusieurs députés du groupe Union pour la démocratie française se lèvent et continuent d'applaudir. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Maxime Gremetz. Ça me rappelle Juppé !
M. le président. M. Fillon est très sensible à vos applaudissements.

Données clés

Auteur : M. Alain Néri

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Retraites : généralités

Ministère interrogé : affaires sociales, travail et solidarité

Ministère répondant : affaires sociales, travail et solidarité

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 28 mai 2003

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