lutte contre l'exclusion
Question de :
M. Patrick Roy
Nord (19e circonscription) - Socialiste
Question posée en séance, et publiée le 23 octobre 2003
FRACTURE SOCIALE
M. le président. La parole est à M. Patrick Roy, pour le groupe socialiste.
M. Patrick Roy. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Hier, dans le Valenciennois, le Président de la République a dénoncé les fractures sociales, urbaines, ethniques et religieuses dans notre pays. Ce discours est une incroyable mystification. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Qui préside aux destinées de ce pays depuis huit ans ?
M. Richard Cazenave. Qui l'a gouverné pendant si longtemps ?
M. Patrick Roy. Qui tenait le même discours en 1995 ? (Interruptions sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Qui commande aujourd'hui à un gouvernement qui fait tout le contraire de ce qu'il dit ? (Mêmes mouvements.) Comment croire à ce droit au travail alors que votre gouvernement est celui du chômage et des plans sociaux ? (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. André Gerin. C'est vrai !
M. Patrick Roy. Comment croire à la solidarité alors que le même jour vous réduisez l'allocation chômage ?
M. André Gerin. C'est très vrai !
M. Patrick Roy. Comment croire à cet engagement pour l'école alors que vous avez supprimé les aides éducateurs et qu'aujourd'hui la pénurie des remplaçants laisse des classes sans professeurs ?
M. André Gerin. C'est parfaitement vrai !
M. Patrick Roy. Comment croire à votre grand plan logement alors que le budget 2004 affiche une baisse record dans ce domaine ?
M. Gilles Cocquempot. Exact !
M. Patrick Roy. Comment croire à l'exemple des zones franches urbaines alors que le choix clientéliste du Valenciennois a balayé le Denaisis qui en avait pourtant le plus besoin ?
M. Chirac clame, votre gouvernement casse. (« Très bien ! » sur les bancs du groupe socialiste.) Cette fracture entre le langage et l'action alimente la crise de la démocratie et contribue à l'insécurité sociale.
Monsieur le Premier ministre, ma question est simple : quand cesserez-vous de contredire le Président de la République ? (Rires sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Ou, si vous préférez, quand le Président de la République va-t-il arrêter de se dédire ? (« Très bien ! » sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je ne laisserai pas caricaturer l'action du Président de la République dans cette assemblée ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Il faut tout de même regarder les choses de bien loin pour ne pas voir dans le voyage du Président de la République à Valencienne un hommage en premier lieu à des élus locaux qui ont travaillé sur le terrain, dans la proximité,...
M. André Gerin. Démagogie ! Démagogie !
M. le Premier ministre. ... pour résoudre des problèmes sociaux majeurs, non par des discours et des envolées, mais bien par des actions de terrain.
M. François Hollande. Lesquelles ?
M. le Premier ministre. Je suis à cet égard heureux de rendre hommage à Jean-Louis Borloo et à tous les élus...
M. André Gerin. Et nous ?
M. le Premier ministre. ... qui, à ses côtés, ont montré ce qu'était l'action sociale, en dehors des caricatures, des slogans (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire), lorsqu'elle est vraiment prise dans sa dimension de restructuration.
Le Président de la République a eu raison d'appeler l'ensemble de la nation à se pencher sur les sujets de préoccupation sociale de toutes les Françaises et de tous les Français. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Mme Martine David. Ce ne sont pas les vôtres !
M. le Premier ministre. Un grand nombre de nos compatriotes souffrent, c'est vrai, parce qu'ils n'ont pas d'emploi, parce qu'ils ont du mal à affronter les douleurs et les misères quotidiennes.
M. Maxime Gremetz. La faute à qui ?
M. le Premier ministre. Vous préférez la politique partisane, ce n'est pas mon cas ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. André Gerin. Ce n'est pas vrai !
M. le Premier ministre. Nous, nous sommes rassemblés derrière le Président de la République pour que la nation française continue de défendre ses valeurs, parmi lesquelles la fraternité, si importante !
Qui a augmenté le SMIC dans les six dernières années ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste.) Qui a permis à ceux qui ont commencé à travailler à quatorze, quinze ou seize ans d'accéder à la retraite après quarante ans de labeur ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. Alain Néri. Pas vous !
M. le Premier ministre. Qui, aujourd'hui, fait en sorte que le travail soit la véritable ambition sociale du Gouvernement ? N'est-ce pas là faire oeuvre de justice ?
Plusieurs députés du groupe socialiste. Carton rouge ! Carton rouge !
M. le Premier ministre. Si vraiment vous avez été attentifs aux propos de M. le Président de la République, je vous invite à vous rassembler pour aider à la cohésion sociale de la France au lieu de vous réjouir, par pur esprit partisan, de ses difficultés ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et sur quelques bancs du groupe Union pour la démocratie française. - Exclamations sur les bancs du groupe des députés communistes et républicains.)
M. André Gerin. C'est de la démagogie !
M. le président. Mes chers collègues, je vous pris de vous taire !
Auteur : M. Patrick Roy
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique sociale
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 23 octobre 2003