AFP
Question de :
M. Michel Françaix
Oise (3e circonscription) - Socialiste
Question posée en séance, et publiée le 6 novembre 2003
AFP
M. le président. La parole est à M. Michel Françaix, pour le groupe socialiste.
M. Michel Françaix. Ma question s'adresse à M. le ministre de la culture et de la communication, mais je voudrais, s'il me le permet, dire à M. le Premier ministre, modestement, poliment...
Plusieurs députés du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. Très bien !
M. Michel Françaix. ... qu'il a parfaitement le droit - et même le devoir - de défendre sa politique, mais qu'il n'a pas le droit de reporter sur d'autres la responsabilité qui est la sienne depuis dix-huit mois. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Il ne peut ignorer que ses déficits budgétaires et sociaux ont atteint des niveaux historiques ! (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Mais revenons-en à la question et, après la désinformation, parlons de l'information et de l'AFP.
Plusieurs députés du groupe socialiste. Bravo !
M. Michel Françaix. Il est toujours difficile à un ministre, j'en conviens, de s'exprimer à propos de la presse. Qu'il affirme concrètement son intention de l'aider à surmonter certaines difficultés et cette sollicitude paraîtra suspecte ! Mais, monsieur le ministre, voilà un reproche qui ne peut vous être adressé : votre prudente réserve, inspirée par un libéralisme de bon aloi, vous exposerait plutôt à l'accusation de non-assistance à personne en danger !
Avec 2400 salariés de quatre-vingt-une nationalités, dont 900 travaillent à l'étranger, l'AFP en France est un collecteur d'informations à l'état brut, un maillon essentiel dans la chaîne informative et joue un rôle irremplaçable pour l'ensemble de la presse. Dans le monde, c'est une agence multilingue et multimédias, et la façon dont elle a couvert la guerre d'Irak a été saluée par tous.
Or cette AFP-là se voit imposer un plan pluriannuel sur cinq ans : des économies drastiques,...
M. François Goulard. Enfin, des économies !
M. Michel Françaix. ... assorties d'un plan social déguisé et d'une augmentation de recettes de 3,5 % par an, objectif que l'on sait inatteignable pour 2004 !
M. François Goulard. Quel gâchis !
M.Michel Françaix. N'est-il pas paradoxal qu'on trouve beaucoup d'argent public pour une chaîne de télévision internationale, orchestrée par TF1, mais qu'on reste insensible aux besoins de l'AFP qui joue un rôle capital dans l'influence de la France à l'étranger ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
L'AFP vaut mieux que la vente d'un immeuble à la sauvette ! Monsieur le ministre, ne vous contentez pas d'un arbitrage timide ! Que comptez-vous faire pour préserver cet outil précieux que tant de pays européens nous envient ? N'est-il pas temps d'associer les parlementaires à votre réflexion ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement.
M. Jean-François Copé, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le député, je vous prie d'excuser l'absence de Jean-Jacques Aillagon qui assiste en ce moment au service religieux en la mémoire du journaliste Jean Hélène, lâchement assassiné en Côte d'Ivoire.
Monsieur le député, vous venez modestement, pour reprendre vos termes, de donner un conseil universel à tous les gouvernements : ne jamais renvoyer au suivant les ardoises qu'on n'a pas voulu assumer soi-même. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Choisir le sujet de l'AFP n'était pas forcément le plus convaincant : les difficultés de trésorerie que connaît l'AFP sont largement liées...
M. François Hollande. Bien sûr, c'est la faute de Jospin !
M. le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement. ... à un défaut de vigilance du gouvernement précédent. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
C'est la raison pour laquelle le gouvernement actuel a approuvé très largement l'initiative prise par le président de l'AFP, M. Bertrand Eveno, qui vient d'être reconduit dans ses fonctions, de soumettre à son conseil d'administration un contrat d'objectifs et de moyens qui constitue un plan ambitieux et courageux (« Oh ! » sur les bancs du groupe socialiste), pour permettre à l'AFP, qui est l'une des trois plus grandes agences d'information du monde en langue française,...
M. Michel Françaix. Eh oui !
M. le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement. ... de poursuivre son développement.
Le Gouvernement soutient ce plan qui n'est assorti d'aucun plan social.
M. Noël Mamère. C'est un démantèlement !
M. le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement. Il n'est pas question de vente du siège mais d'un...
M. François Hollande. Crédit-bail !
M. le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement. ... système de crédit-bail.
Dernier point, le personnel et ses représentants, reçus par le ministre de la culture et de la communication, ont été suffisamment convaincus pour annuler la grève initialement prévue pour le 4 novembre.
Autant dire, monsieur le député, que lorsque le dialogue social est constructif les réformes avancent. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Auteur : M. Michel Françaix
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Presse et livres
Ministère interrogé : relations avec le Parlement
Ministère répondant : relations avec le Parlement
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 novembre 2003