gardiens de la paix
Question de :
Mme Françoise de Panafieu
Paris (16e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Question posée en séance, et publiée le 13 novembre 2003
MEURTRE D'UN GARDIEN DE LA PAIX À PARIS
M. le président. La parole est à Mme Françoise de Panafieu, pour le groupe UMP.
Mme Françoise de Panafieu. Monsieur le ministre de l'intérieur, dans la nuit du 6 au 7 novembre, Franck Lelong, jeune gardien de la paix, a été tué boulevard Bessières, alors qu'il regagnait son domicile. Quelques minutes après, le meurtrier a été arrêté par la brigade anticriminalité.
Au-delà du soulagement que cette arrestation a provoqué dans la population, l'émotion reste vive. Et ce matin, à l'endroit même où Franck Lelong a perdu la vie, un hommage a réuni les habitants et les élus du 17e arrondissement autour de sa famille et de ses collègues. Ce matin aussi, monsieur le ministre, vous avez reçu dans votre bureau la famille de ce jeune policier, et, plus tard dans la matinée, les présidents des associations locales que j'accompagnais. Votre disponibilité, votre écoute, la pugnacité que vous montrez, sont un signe fort pour nous tous. (Murmures sur plusieurs bancs du groupe socialiste.)
En ma qualité de députée-maire du 17e arrondissement, je constate effectivement une baisse de l'insécurité. Mais ce cruel événement nous rappelle la nécessité d'amplifier encore l'effort, tant dans les moyens de lutte contre la criminalité que dans le suivi judiciaire. Comment ne pas s'étonner, en effet, que le meurtrier présumé soit un multirécidiviste ?
Monsieur le ministre, aujourd'hui, il y a une famille meurtrie et un quartier fragilisé. A travers lui, nombre de quartiers parisiens se tournent vers vous - une fois de plus j'allais dire - pour vous demander de mettre toute votre détermination à leur service. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)
M le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales.
M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales. Madame la députée, Franck Lelong a été assassiné avec son arme de service, même s'il n'était pas en service, et nous en tirerons toutes les conséquences pour l'avenir de sa compagne, et de sa petite fille de deux ans.
Samedi soir, un homme s'est présenté devant le ministère de l'intérieur, à vingt et une heures : c'était le père de Franck Lelong. Il était dans l'état que chacun peut imaginer et l'entretien entre nous, qui n'était pas prévu, a commencé en ces termes : « Monsieur le ministre, rendez-moi mon bébé ! ». Franck Lelong avait trente-deux ans. Cette émotion, nous la partageons tous. Ce drame nous donne l'occasion de rendre hommage au travail des policiers : Franck Lelong a été lâchement assassiné, et grâce au travail de ses collègues son assassin présumé a déjà été interpellé. Ce dernier, je le dis avec beaucoup de solennité, a été interpellé à cinquante-trois reprises, malgré son jeune âge, et condamné à vingt et une reprises ! Confrontées au même problème, d'autres démocraties que la nôtre ont pris à l'encontre des multirécidivistes des mesures qui se sont avérées efficaces. Il est temps de les évaluer, et peut-être de s'en inspirer sans idéologie. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.) Va-t-on laisser, oui ou non, des multirécidivistes assassiner des gens et se comporter sans aucun respect de la vie des autres ? Franck Lelong est tombé et, dans son sac à dos, il y avait son arme de service qu'a utilisée son assassin pour lui tirer dessus à deux reprises. Alors la question est maintenant posée à la République française : que voulons-nous faire de ces multirécidivistes ? Je souhaite qu'avec le garde des sceaux, nous puissions la poser avec beaucoup de sérénité, mais également beaucoup de fermeté. La mémoire de Franck Lelong le mérite. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)
Auteur : Mme Françoise de Panafieu
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Police
Ministère interrogé : intérieur
Ministère répondant : intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 13 novembre 2003