organes humains
Question de :
M. Yannick Favennec
Mayenne (3e circonscription) - Union des démocrates et indépendants
M. Yannick Favennec attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur les inquiétudes exprimées par France Adot concernant le don d'organes et de tissus humains. En effet, malgré de nombreuses campagnes nationales de sensibilisation organisée par France Adot et par l'Agence de la biomédecine, la France est toujours en manque chronique d'organes à transplanter. Alors que 80 % des Français sont favorables au don de leurs organes après leur mort et 63 % approuvent le prélèvement d'organes post-mortem pour leur proches, France Adot observe que le taux de refus est en augmentation depuis 2007 et que le consentement présumé, prévu par la loi Caillavet de 1976 n'est pas appliqué. Pour remédier à cette situation préoccupante pour l'intérêt des patients en attente d'organes, France Adot demande un retour à l'essence même de la loi fondatrice, basée sur le principe du consentement présumé et souhaite que le registre actuel évolue pour permettre le respect absolu de la volonté de chacun. Cela permettrait à chaque personne, sur la base du volontariat, de faire connaître sa position sur le don d'organes. Cette inscription n'aurait pas de caractère obligatoire ou permanent : en l'absence de positionnement, le consentement présumé serait appliqué dans les mêmes conditions qu'actuellement. À défaut d'officialiser la carte de volontaire aux dons d'organes, tout doit être fait pour que la volonté des donneurs soit respectée. C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir lui donner sa position sur ce sujet.
Réponse publiée le 18 août 2015
L'association France-ADOT (fédération des associations pour le don d'organes et de tissus humains), dans l'objectif d'améliorer l'application du consentement présumé au don d'organes, propose la mise en place d'un registre permettant à chacun d'inscrire sa volonté au regard du prélèvement post-mortem. Enjeu majeur de solidarité nationale et de santé publique, l'amélioration de l'accès à la greffe constitue une priorité pour le Gouvernement. La ministre chargée de la santé a d'ailleurs lancé en mars 2012 un nouveau plan pour la greffe afin de soutenir et promouvoir l'activité de greffe. Le nombre de dons d'organes ne cesse de progresser grâce à la mobilisation exemplaire de tous les acteurs de la chaîne de solidarité et à des progrès médicaux majeurs. En 2013, 5 357 patients recevaient un greffon, contre 3 523 patients greffés en 1991. Toutefois, le nombre de greffes ne permet toujours pas de répondre aux besoins croissants de malades susceptibles de bénéficier d'une greffe d'organes (18 976 en 2013 contre 17 693 en 2012). En matière de don d'organes après le décès, le cadre légal actuel, fondé sur le principe du consentement présumé a été confirmé lors de la dernière révision des lois de bioéthique en 2011. Le consentement présumé est fondé sur le postulat que toute personne qui n'a pas manifesté son opposition au prélèvement y est favorable. Même en l'absence de toute obligation imposant aux personnes de s'inscrire sur un tel registre, sa mise en place serait contraire à ce principe. Le consentement présumé a été retenu et conservé pour des questions d'efficacité. L'exemple d'autres pays qui appliquent la réglementation du consentement ou du refus expresse montre que peu de personnes font la démarche d'inscrire leur volonté sur un tel registre et que le taux de prélèvements par millions d'habitants est généralement plus faible. Afin de diminuer le taux de refus qui reste élevé en France, de gros efforts de communication ont été déployés par l'agence de la biomédecine (AB) et par les associations à l'attention du grand public mais de plus en plus aussi à l'attention de publics ciblés (écoles, université, jeunes travailleurs...). En mettant l'accent sur l'importance du don (enjeu sociétal de solidarité) et sur la nécessité de manifester de son vivant sa position personnelle à l'égard du prélèvement, les associations militant en faveur du don d'organes comme France-ADOT qui se mobilisent aux côtés des professionnels de santé ont un rôle central en termes d'information de la population. Par ailleurs, l'AB mène régulièrement des sessions de formation visant les coordinations hospitalières ainsi que les réanimateurs, les médecins assurant les prises en charge aux urgences et dans les unités neuro-vasculaires sur les modalités de l'entretien avec les familles. Une plate-forme de formation à distance a été mise en oeuvre. Ces actions de formation font l'objet d'un suivi et d'une évaluation de la part de la direction générale de la santé dans le cadre du suivi du plan greffe. Les pratiques sur le terrain peuvent encore être améliorées. Selon les sondages, 75 à 80 % de nos concitoyens sont favorables au don d'organe et une grande majorité méconnaît la loi en la matière. Enfin, le projet de loi de modernisation de notre système de santé, tel que voté par l'Assemblée nationale en première lecture et sous réserve des amendements qui seront adoptés lors des débats parlementaires, réaffirme le principe du consentement présumé tout en proposant d'améliorer les modalités de sa mise en oeuvre. Afin de centrer davantage le dispositif sur la volonté exprimée de son vivant par la personne susceptible de faire l'objet d'un prélèvement, le registre national des refus devient le moyen principal pour exprimer le refus. Les conditions d'expression et de révocation de refus d'un prélèvement post-mortem seront précisées par voie réglementaire tout comme les modalités du dialogue avec les proches. A l'occasion de l'élaboration de ces dispositions réglementaires, le ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes va ouvrir une phase de concertation préalable avec les acteurs de terrain, les associations de patients, dont France-ADOT, et les représentants des citoyens afin de définir ensemble ces modalités. Ce dialogue collectif est en effet indispensable pour maintenir la confiance de tous dans le dispositif, ainsi que pour s'assurer de l'adhésion des professionnels et des acteurs de terrain oeuvrant dans le secteur du prélèvement et de la greffe.
Auteur : M. Yannick Favennec
Type de question : Question écrite
Rubrique : Sang et organes humains
Ministère interrogé : Affaires sociales, santé et droits des femmes
Ministère répondant : Affaires sociales, santé et droits des femmes
Dates :
Question publiée le 27 janvier 2015
Réponse publiée le 18 août 2015