Question de : M. Jean-Luc Bleunven
Finistère (3e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain

M. Jean-Luc Bleunven attire l'attention de Mme la ministre de l'environnement, de l'énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat sur l'effacement des seuils prévus dans l'article de loi L. 214-17 du code de l'environnement qui concerne les modalités actuelles de mise en œuvre de la continuité écologique. La France a adopté la LEMA en 2006 pour répondre à la directive sur l'eau. À travers cette loi, elle affirme sa volonté de préserver la biodiversité sur la base du principe de la continuité écologique qui consiste à restaurer dans les rivières françaises la circulation des sédiments et des poissons vers leurs zones de reproduction. Les agences de bassins ont obtenu les moyens financiers pour éliminer tous les obstacles situés dans le lit des rivières et notamment les seuils des moulins. Or, depuis l'adoption de la loi LEMA, des études approfondies ont été menées sur l'impact de ces seuils. Elles font apparaître que la densité d'ouvrages impacte peu les communautés de poissons. A contrario, les seuils participent au maintien de la biodiversité aquatique. Leurs effacements conduiraient à détruire la biodiversité existante pour en rétablir une autre, appauvrie, diminuant alors la résilience de l'écosystème. Il lui demande de redéployer les financements destinés à l'arasement des seuils vers des actions d'aménagements de manière à respecter les engagements de la France en matière de restauration de la qualité de l'eau et de protection de la biodiversité.

Réponse publiée le 23 août 2016

La continuité écologique des cours d'eau constitue l'un des objectifs fixés par la directive Cadre sur l'eau. Elle est indispensable à la circulation des espèces mais également des sédiments. La conciliation entre ce principe et l'existence de moulins, dont l'aspect patrimonial de certains est indéniable, est cependant un autre objectif à atteindre. Ainsi, afin de pouvoir appréhender au mieux la situation actuelle, l'office national de l'eau et des milieux aquatiques (ONEMA) a établi un inventaire des obstacles à l'écoulement de toutes sortes (barrages, buses, radiers de pont, etc.). Celui-ci recense plus de 80 000 obstacles. Parmi ceux-ci, un premier ordre de grandeur de 18 000 obstacles dont le nom contient le mot « moulin » peut être tiré. Moins de 6 000 d'entre eux se situent sur des cours d'eau où s'impose une obligation de restauration de la continuité écologique. Enfin, une partie d'entre eux sont de fait partiellement ou totalement détruits et d'autres sont déjà aménagés d'une passe-à-poissons ou correctement gérés et ne nécessitent pas d'aménagement supplémentaire. Ainsi, il apparait important d'indiquer que la politique de restauration de la continuité écologique ne vise pas la destruction de moulins. En effet, cette politique se fonde systématiquement sur une étude au cas par cas de toutes les solutions envisageables sur la base d'une analyse des différents enjeux concernés incluant l'usage qui est fait des ouvrages voire leur éventuelle dimension patrimoniale. Cette approche correspond à l'esprit des textes règlementaires sur le sujet, aucun n'ayant jamais prôné la destruction des seuils de moulins. Pour atteindre le bon état écologique et respecter les engagements de la France en matière de restauration des populations de poissons amphihalins vivant alternativement en eau douce et en eau salée, tels que le saumon, l'anguille ou l'alose, il est indispensable de mettre en œuvre des solutions de réduction des effets du cumul des ouvrages sur un même linéaire. C'est pourquoi, la politique de restauration de la continuité écologique des cours d'eau se fonde également sur la nécessité de supprimer certains ouvrages, particulièrement ceux qui sont inutiles et/ou abandonnés. Ce point ne concerne ni ne vise spécifiquement les seuils de moulins. Les moulins entretenus, utilisés ou ayant une dimension patrimoniale d'intérêt, ne sont en aucun cas mis en danger par la politique de restauration de la continuité écologique. Compte tenu des nombreuses réactions, notamment des fédérations de propriétaires de moulins et d'élus, dues surtout à des incompréhensions de cette politique, une instruction a été donnée le 9 décembre 2015 aux préfets afin qu'ils ne concentrent pas leurs efforts sur ces ouvrages chargés de cette dimension patrimoniale. Cette instruction les invite également à prendre des initiatives pédagogiques à partir des multiples situations de rétablissement de la continuité réalisées à la satisfaction de tous, y compris sur les moulins. Le groupe de travail organisé par le ministère de la culture et de la communication, dont le ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer fait partie, ainsi que la mission du conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD), devrait permettre d'affiner la connaissance sur le nombre de seuils de moulins véritablement concernés. Il devrait proposer également des pistes pour renforcer la concertation locale et la prise en compte adaptée de la dimension patrimoniale des moulins dans le cadre d'une diversité de solutions de conciliation avec l'enjeu de restauration de la continuité écologique des cours d'eau.

Données clés

Auteur : M. Jean-Luc Bleunven

Type de question : Question écrite

Rubrique : Énergie et carburants

Ministère interrogé : Environnement, énergie et mer

Ministère répondant : Environnement, énergie et mer

Dates :
Question publiée le 10 mai 2016
Réponse publiée le 23 août 2016

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