Question au Gouvernement n° 106 :
sidérurgie

14e Législature

Question de : Mme Anne Grommerch
Moselle (9e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

Question posée en séance, et publiée le 3 octobre 2012

FERMETURE DE FLORANGE

M. le président. La parole est à Mme Anne Grommerch, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
Mme Anne Grommerch. Monsieur le président, ma question s'adresse à M. le Premier ministre, et j'y associe mes collègues Denis Jacquat et Céleste Lett.
Monsieur le Premier ministre, la Lorraine est en deuil. Hier, lors d'un comité central d'entreprise, la direction d'Arcelor-Mittal a annoncé la fermeture définitive des deux hauts fourneaux de Florange, soit 629 suppressions de postes, auxquelles il faudra ajouter celles des sous-traitants.
Je voudrais avoir une pensée pour tous ces salariés qui luttent depuis plus de quatorze mois et que, comme beaucoup d'élus, je soutiens.
M. Mittal vous a laissé soixante jours pour trouver un repreneur. Le compte à rebours a commencé.
Jeudi dernier, lorsque M. Montebourg est venu à Florange, il nous a déclaré que le fameux projet de loi promis par le candidat Hollande en février 2012, à Florange même, était enfin prêt à être déposé. Hier, changement de pied : la loi serait finalement déposée dans les trois mois, ce qui risque d'être bien trop tard pour Florange.
Le ministre du redressement productif nous a également déclaré avoir exigé de M. Mittal des investissements sur la filière froide, à hauteur de 150 millions d'euros. Or aucune annonce n'a été faite par Arcelor-Mittal en ce sens. La filière packaging est également menacée ; le Gouvernement wallon a prévu d'investir 100 millions d'euros pour conserver le packaging à Liège. Que fera le gouvernement français de son côté ?
Monsieur le Premier ministre, l'opposition que vous représentiez n'avait pas de mots assez forts pour critiquer l'action de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) Qu'avez-vous fait depuis quatre mois ? Quels résultats avez-vous obtenus ? Aucun ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et UDI.)
Pour paraphraser Aurélie Filipetti sur Gandrange, je dirai que Florange est " un test pour votre politique économique, industrielle et sociale. Il restera un symbole " ; j'ose espérer que ce ne sera pas celui des " noces du mensonge et de la trahison ".
Monsieur le Premier ministre, les salariés de Florange et leurs familles sont inquiets. Nous connaissons la stratégie de M. Mittal ; pouvez-vous nous dire quelle est celle de votre gouvernement pour la contrer ? (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et UDI.)
M. le président. La parole est à M. le ministre du redressement productif. (Huées sur les bancs des groupes UMP et UDI. - Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Un peu de calme, s'il vous plaît !
M. Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif. Madame la députée, le 1er mars 2012, le Président de la République d'alors, M. Nicolas Sarkozy, déclarait : " Le haut fourneau de Florange repartira au second semestre 2012. " Il déclarait ensuite : " J'ai su convaincre le groupe Arcelor-Mittal de ne pas laisser mourir Florange. " Ce sont là les propos du Président Nicolas Sarkozy, il y a exactement sept mois. (Huées sur les bancs des groupes UMP et UDI.)
Je voulais juste vous dire que nous gérons non seulement une stratégie de désengagement de Mittal, mais également les mensonges, les dissimulations inconsidérées du pouvoir précédent. (Mêmes mouvements.)
M. le président. Mes chers collègues, ce n'est pas cette attitude qui permettra aux Français de comprendre ce que vous voulez dire ! (Mêmes mouvements. - Les députés des groupes SRC, écologiste et RRDP se lèvent et applaudissent l'orateur.)
M. Arnaud Montebourg, ministre. Vous posez la question importante des intentions du Gouvernement. Rappelez-vous que, si l'acier est entre les mains d'Arcelor-Mittal, c'est parce que, pendant dix ans, la droite l'a laissé partir, alors que c'était auparavant un acier européen et français. (Brouhaha sur les bancs des groupes UMP et UDI.) À présent, il appartient à des centres de décision qui mènent tous les gouvernements européens par le bout du nez.
Qu'allons-nous donc faire ?
Plusieurs députés du groupe UMP. Rien ! Zéro !
M. Arnaud Montebourg, ministre. Premièrement, nous examinons la possibilité pour le gouvernement français de faire reprendre le site de Florange. Deuxièmement, nous exigeons 150 millions d'investissement sur ce site. (Mêmes mouvements.)
M. le président. S'il vous plaît ! Écoutez au moins la réponse !
M. Arnaud Montebourg, ministre. Troisièmement, nos émissaires et ambassadeurs ont déjà commencé à prendre contact avec les aciéristes du monde entier. Cette action est difficile ; elle ne peut s'accommoder d'une absence d'unité des Français autour de la Lorraine ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP. - Plusieurs députés du groupe SRC se lèvent pour applaudir. - Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.)

Données clés

Auteur : Mme Anne Grommerch

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Industrie

Ministère interrogé : Redressement productif

Ministère répondant : Redressement productif

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 3 octobre 2012

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