sécurité des biens et des personnes
Question de :
M. Michel Issindou
Isère (2e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain
Question posée en séance, et publiée le 4 octobre 2012
DRAME D'ÉCHIROLLES
M. le président. La parole est à M. Michel Issindou, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.M. Michel Issindou. Monsieur le ministre de l'intérieur, un drame terrible s'est produit à Échirolles, vendredi dernier. Kevin et Sofiane, âgés de vingt-et-un ans ont été sauvagement assassinés par d'autres jeunes pour une banale histoire de " mauvais regard " à la sortie du lycée.
Ces deux jeunes, l'un étudiant, l'autre salarié, étaient exemplaires et vivaient dans un quartier de la ville parfaitement paisible.
En notre nom à tous, je veux adresser toutes nos condoléances aux familles sous le choc. Je les ai rencontrées dimanche dernier et j'ai pu constater de quel calme et de quelle dignité elles font preuve malgré leur immense douleur.
Le Président de la République et vous-même, monsieur le ministre, êtes venus réconforter les familles dès lundi soir. Vous avez bien fait ! Votre visite très appréciée a montré à ce quartier effondré votre solidarité dans ce moment tragique.
Ce crime, purement gratuit, interroge la société sur les causes profondes qui ont conduit des jeunes à cette violence extrême. Comment ne pas penser à la représentation quasi-permanente de la violence dans les médias et sur les réseaux sociaux ? Comment ne pas penser aux effets des déstructurations familiales ? La plupart des jeunes de ces quartiers dits difficiles ont des parcours tout à fait normaux en termes d'études et d'intégration dans la vie professionnelle. Pour les autres, il faut poursuivre inlassablement le travail de terrain mené par les communes, les travailleurs sociaux et les associations pour que cette violence absurde, gratuite et impardonnable n'ait plus jamais cours.
Il est aussi permis de penser que la présence renforcée d'une police de proximité, demandée depuis longtemps par les élus locaux, aurait peut-être permis d'éviter tout cela.
Monsieur le ministre, je sais que pour vous, et pour le Gouvernement, la sécurité est un droit fondamental. Pouvez-vous nous dire où en est l'enquête qui permettra d'arrêter et de juger au plus vite et sévèrement les assassins ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Manuel Valls, ministre de l'intérieur. Monsieur le député, vous avez raison de souligner la dignité des familles de Kevin et de Sofiane. Cette dignité a d'une certaine manière ébloui le pays. Elle était nécessaire car il faut du calme et de l'apaisement après de tels événements. C'est ce que le Chef de l'État et venu dire à ces familles en les assurant de la compassion de la nation et de la volonté de l'État d'agir avec la plus grande fermeté face à ce drame, cet assassinat.
J'ai parlé de " massacre ". C'est effectivement le cas : ces deux garçons ont été véritablement assassinés au cours d'un guet-apens. Cette violence est évidemment inacceptable.
Nous réagissons en prenant des mesures concrètes. Je les ai déjà présentées à Michel Destot et à Renzo Sulli, respectivement maires de Grenoble et d'Échirolles. Les quartiers de La Villeneuve de chacune de ces deux communes, mais aussi les quartiers Mistral et Teisseire de Grenoble, seront inclus dans la zone de sécurité prioritaire dont le Président de la République a annoncé la création cet été.
Au-delà de ces zones de sécurité prioritaire, d'effectifs supplémentaires et d'une coordination encore plus efficace, notamment avec les collectivités territoriales, c'est une véritable mobilisation de la société, une mobilisation de tous - comme ceux qui participaient à la marche blanche organisée hier - qui s'impose car notre réponse ne se faire seulement en termes de sécurité et de moyen. Une prise de conscience, un retour de l'autorité et une responsabilisation des parents s'imposent pour lutter contre une violence qui tue et qui a tué d'abord des jeunes, des jeunes aux origines différentes, des jeunes Français, dans un quartier qui n'en peut plus de cette violence et qui réclame autorité, fermeté et réussite, comme l'a dit le Président de la République. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et RRDP et sur plusieurs bancs des groupes écologiste, UDI et UMP.)
Auteur : M. Michel Issindou
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Sécurité publique
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 4 octobre 2012