Question au Gouvernement n° 1268 :
lutte contre le terrorisme

14e Législature

Question de : M. Serge Letchimy
Martinique (3e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain

Question posée en séance, et publiée le 31 octobre 2013


LIBÉRATION DES OTAGES FRANÇAIS

M. le président. La parole est à M. Serge Letchimy, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.

M. Serge Letchimy. Merci, monsieur Glavany, pour les mots que vous avez prononcés. Le droit à la différence est fondamental pour la construction de l'universel. La solidarité que vous affichez vis-à-vis de Mme Taubira est une solidarité vis-à-vis du peuple noir, des peuples différents. Je vous en remercie. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères. Après trois années de captivité au Niger, nos quatre compatriotes : Thierry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand, ont été libérés. Toute la communauté nationale accueille avec joie cette nouvelle. Je salue le combat mené, pendant ces trois années, par les familles des otages, par leurs proches, et par tous ceux qui ont nourri, depuis les Antilles jusqu'à l'Hexagone, une détermination sans faille et un élan de solidarité qui ont su vaincre l'oubli.

Je rends hommage aux gouvernements successifs de la France qui ont œuvré pour que ce drame trouve une issue favorable.

Mme Laure de La Raudière. Bravo !

M. Serge Letchimy. Je salue enfin le courage de Thierry, de Pierre, de Marc et de Daniel qui ont su résister à des conditions de détention extrêmes. Cet immense soulagement ne doit pas nous faire oublier les sept otages encore séquestrés.

Face à de tels drames, nous devons avant tout faire preuve d'unité, de lucidité et d'une parfaite humilité, en dehors de toute polémique. Car, en de telles circonstances, les seules victoires qui vaillent sont celles de la vie contre la mort, de la paix contre la guerre, du dialogue entre les peuples, et de la fraternité contre toutes les formes de ruptures extrémistes.

Monsieur le ministre, je sais votre engagement et celui du Président de la République. Dans la fermeté, vous avez su réaffirmer ce principe essentiel de la solidarité nationale : la France n'abandonne pas ses ressortissants !

Néanmoins, de nombreuses interrogations se posent – c'est légitime. Pouvez-vous informer la représentation nationale sur les conditions de libération des otages ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Mme Laure de La Raudière. Très bien !

M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.

M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères. Mesdames et messieurs les députés, monsieur Letchimy, le Premier ministre a déjà répondu à une question similaire. Je ne reviendrai pas sur ce qu'il a dit. Je ferai simplement état de ce que nous avons vécu depuis hier, Jean-Yves Le Drian et moi. Comme vous le savez, nous avons accueilli nos compatriotes libérés à Niamey.

Je voudrais essayer de répondre à une question : comment peut-on résister à plus de trois ans de captivité ? Comment résister à une captivité d'autant plus éprouvante pour certains otages qu'ils n'avaient aucune nouvelle de l'extérieur ? Il y avait en effet deux groupes, et celui de Daniel Larribe et de Thierry Dol n'avait absolument aucune information sur ce qui se passait en France. Comment peut-on résister à cela ?

D'après ce que nous ont dit les ex-otages, il y a des habitudes à prendre. Il faut, tous les jours, faire un certain nombre d'exercices, de démarches, s'astreindre à une certaine discipline. Il y a aussi l'espoir, et le fait de savoir – sans en avoir de témoignage – qu'en France, chez nous, l'État et les citoyens sont à vos côtés. Je pense que c'est cela qui les a fait tenir.

Je rends à nouveau hommage au président nigérien. Dans le même temps, je veux vous dire que la France a été fidèle à son message : la France, mesdames et messieurs les députés, ne paye pas de rançon. C'est clair et net ! Le président Issoufou, grâce à ses contacts, a permis cette libération. Le fait que nous ayons mené des opérations militaires au Mali l'a facilitée. Dans ces conditions, tout le monde peut se réjouir – comme vous l'avez fait – de cette issue positive, tout en pensant aux otages qui restent détenus. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)

Données clés

Auteur : M. Serge Letchimy

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Affaires étrangères

Ministère répondant : Affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 31 octobre 2013

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