caoutchouc et plastiques
Question de :
M. Alain Gest
Somme (4e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 8 janvier 2014
USINE GOODYEAR D'AMIENS
M. le président. La parole est à M. Alain Gest, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. Alain Gest. Ma question s'adresse à M. le ministre du redressement productif.
Monsieur le ministre, à l'occasion des primaires organisées par votre parti pour désigner son candidat à l'élection présidentielle, puis au nom du candidat François Hollande, vous avez effectué en 2011-2012 un tour de France de sites industriels en difficulté.
À cette occasion, vous n'avez pas hésité à faire des promesses intenables, notamment en laissant entendre, qu'une fois élu, vous prendriez les mesures nécessaires pour empêcher la fermeture d'usines ou, au moins, certains licenciements.
Alors même que vous avez reconnu le 6 novembre dernier que, depuis l'élection de François Hollande, 15 000 emplois industriels ont été supprimés, nos compatriotes et particulièrement les salariés témoins de vos promesses, aimeraient que vous présentiez un bilan précis de la situation des entreprises à qui vous aviez laissé miroiter des lendemains qui chantent.
Parmi ces entreprises figure l'usine Goodyear d'Amiens-Nord. Le 14 octobre 2011, sur le parking du site industriel, le candidat Hollande promettrait aux salariés de saisir un tribunal pour faire suspendre les licenciements engagés ce dans un seul but boursier. Sa promesse n° 35 visait d'ailleurs à renchérir le coût des licenciements collectifs.
On peut donc comprendre le désarroi et la colère des 1 173 salariés de Goodyear qui ont pris conscience que la fermeture de l'usine était désormais inéluctable.
Cela n'excuse pas pour autant l'action illégale engagée par quelques représentants de la CGT qui séquestrent, depuis plus de vingt-quatre heures, deux cadres dirigeants du site pour réclamer un montant d'indemnités qui était prévu dans le plan de départs volontaires…
M. Christian Jacob. C'est scandaleux, inadmissible !
M. Alain Gest. …qu'ils ont refusé voilà dix-huit mois, au moment où il y avait également une prévision de reprise de près de 50 % des salariés par le groupe Titan.
Devant cette situation, monsieur le ministre, quelle initiative comptez-vous prendre pour relancer le dialogue et faire respecter la loi ?
Qu'en est-il précisément du projet de reprise partielle des salariés par le groupe Titan que vous avez annoncé et pour lequel ni la commission d'enquête en novembre, ni une de nos collègues le 18 décembre, n'ont obtenu de réponse ?
M. le président. La parole est à M. le ministre du redressement productif.
M. Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif. Monsieur le député, vous avez mentionné un tour de France. Il est vrai que celui-ci était bien insuffisant au vu du nombre de dossiers que j'ai eu à gérer après votre départ des affaires. (Exclamations sur les plusieurs bancs du groupe UMP – Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Je pourrais faire la liste des dossiers qui ont été ensevelis sous le tapis de la République. Mais ne vous inquiétez pas : nous assumons, monsieur Gest. (Mêmes mouvements.)
Nous avons en effet appris que deux cadres dirigeants de Goodyear sont séquestrés depuis hier par des salariés et des syndicalistes. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Je tiens à dire que nous condamnons fermement ces comportements.
Mme Bérengère Poletti. Eh bien alors ?
M. Arnaud Montebourg, ministre. D'ailleurs, je veux remercier le préfet qui est aujourd'hui médiateur et qui essaie d'obtenir le retour au calme. Je demande ici, depuis l'Assemblée nationale, si je puis être entendu, que les deux cadres soient relâchés. On me dit…
M. Jean-Pierre Vigier. Cela vient juste d'être fait, monsieur le ministre !
M. Arnaud Montebourg, ministre. ...que l'on s'achemine vers une solution. Je le demande de manière que nous revenions à une discussion normale.
Monsieur le député, vous posez la question de vos échecs ! En tout cas, en réparation de ces difficultés sur le site d'Amiens-Nord de Goodyear, le Gouvernement a multiplié les efforts pour obtenir une reprise qui, pour le moment, n'a pas convaincu, y compris les organisations syndicales.
Rappelons qu'en septembre 2012, il y a eu une proposition de plan de départs volontaires avec des indemnités généreuses et la reprise par Titan de 530 salariés. À l’époque, la CGT avait refusé et aujourd'hui, nous sommes dans l'impasse.
Cette offre est toujours sur la table. Parmi les conditions qu'il a posées, le repreneur demande que le conflit soit enfin soldé, ce qui n'est toujours pas le cas. J'appelle donc Goodyear, la CGT et les salariés à s'entendre et à trouver enfin le chemin de la reprise de cette usine. Cette reprise sera partielle mais elle permettra de sauver un outil industriel auquel nous tenons. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. Christian Jacob. Des promesses !
Auteur : M. Alain Gest
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Industrie
Ministère interrogé : Redressement productif
Ministère répondant : Redressement productif
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 8 janvier 2014