Question au Gouvernement n° 1570 :
manifestations

14e Législature

Question de : M. Matthias Fekl
Lot-et-Garonne (2e circonscription) - Socialiste, républicain et citoyen

Question posée en séance, et publiée le 29 janvier 2014


MANIFESTATION DU 26 JANVIER, DITE « JOUR DE COLÈRE »

M. le président. La parole est à M. Matthias Fekl, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.

M. Matthias Fekl. Monsieur le président, ma question s'adresse au ministre de l'intérieur. Hier, a été commémorée la libération d'Auschwitz, camp de barbarie et d'extermination, symbole de la Shoah, de la folie des hommes. Jeudi prochain, c'est l'anniversaire du 6 février 1934, quand l'extrême droite défiait le Parlement et la République. Dimanche dernier, une nébuleuse de la haine avait rendez-vous à Paris : des antisémites, des intégristes, des négationnistes, des fanatiques, des anti-IVG, des racistes, des homophobes, l'ultra-droite, des adeptes de la quenelle, des esprits buissonisés !

M. Jean-Louis Costes. Parlez-nous de Mitterrand et de sa francisque !

M. Matthias Fekl. Tous étaient là pour un défilé des fantômes de l'histoire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

La critique du pouvoir est toujours légitime en démocratie, mais pas la haine à l'état pur contre les Juifs, contre les étrangers, contre les homosexuels, contre la République. Les forces de l'ordre ont été victimes de graves agressions et je salue leur courage. Ces actes, ces propos ne permettent aucune indulgence, aucune faiblesse, aucune ambiguïté. La République doit leur faire face, l'État de droit rester mobilisé, chacune, chacun faire preuve d'une clarté absolue, de courage civique et d'engagement citoyen.

Je vous remercie, monsieur le ministre, de nous indiquer l'action du Gouvernement contre ces activistes de la haine qui détestent la République, qui refusent les droits de l'homme et qui abîment la France ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, RRDP et sur quelques bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Manuel Valls, ministre de l'intérieur. Monsieur Fekl, proférer des menaces antisémites, homophobes, insulter les institutions, s'en prendre à la presse et la menacer, ce n'est pas exprimer sa colère, ce n'est pas manifester comme le permet la Constitution, c'est, comme vous l'avez très bien dit, s'en prendre à la République et aux valeurs de notre pays. La manifestation de dimanche a réuni, comme vous l'avez rappelé, un certain nombre de groupuscules d'extrême droite, mais nous devons avoir la lucidité de reconnaître que c'est la première fois depuis longtemps que cette extrême droite réunit autant de monde.

M. Yves Fromion. Grâce à qui ?

M. Claude Goasguen. Grâce à la gauche ! (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

M. le président. Cela suffit pour cette séance ! On s'écoute, s'il vous plaît !

M. Manuel Valls, ministre. Les banderoles, les slogans négationnistes étaient suffisamment explicites et nous devons aussi avoir la lucidité de noter avec soin que la haine des Juifs, notamment, réunit l'extrême droite,…

M. Hervé Mariton. Et l'extrême gauche !

M. Manuel Valls, ministre . …mais aussi un certain nombre de groupes. Quand je regarde ce qui s'est passé ces dernières semaines et quand je vois que certains ont osé dire que j'en faisais trop sur ce sujet, alors qu'il existe ce message de haine sur internet, ce message de haine à l'égard de Juifs, ce message antisémite qui réunit, oui, différentes formes d'antisémitisme qui se retrouvent, je pense que nous devrions pouvoir nous retrouver sur ce sujet. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

M. Jean-François Copé. Ce sont vos amis !

M. Manuel Valls, ministre . Si nous pouvons dire, ensemble, que tout message qui vise à délégitimer la République, qui vise à mettre en cause le chef de l'État et le message populaire est insupportable. Alors, monsieur le député, oui, la République sera sévère face à ceux qui l'ont mise en cause.

Croyez-moi, nous ne laisserons pas passer ce message de haine à l'égard de la République, que ce soit celui d'hier ou celui de demain, donc de dimanche prochain ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP. – Plusieurs députés du groupe SRC se lèvent et applaudissent vivement.)

Données clés

Auteur : M. Matthias Fekl

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Ordre public

Ministère interrogé : Intérieur

Ministère répondant : Intérieur

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 29 janvier 2014

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