Question au Gouvernement n° 1697 :
Ukraine

14e Législature

Question de : M. René Rouquet
Val-de-Marne (9e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain

Question posée en séance, et publiée le 26 février 2014


SITUATION EN UKRAINE

M. le président. La parole est à M. René Rouquet, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.

M. René Rouquet. Monsieur le ministre des affaires étrangères, avec le groupe socialiste, je tiens à saluer votre action concertée avec vos homologues allemand et polonais. Votre intervention a été décisive pour l'arrêt le bain de sang dans lequel la place Maïdan a été plongée en fin de semaine dernière, ainsi que pour la signature de l'accord de sortie de crise conclu vendredi entre le président Ianoukovitch et les représentants de ce que l'on appelait alors l'opposition.

Cet accord a été l'élément déclencheur du tourbillon dans lequel l'Ukraine a été emportée ce week-end, avec la libération de Ioulia Timochenko, la fuite rocambolesque du président lanoukovitch et sa destitution par la Rada, le Parlement ukrainien.

L'Ukraine dispose de richesses considérables, avec une agriculture solide, une industrie puissante et des ressources minières colossales. Alors que ce grand pays se trouve à un tournant de son histoire, l'Europe doit l'aider.

Tout d'abord, nous devons veiller à ce que l'intégrité territoriale de l'Ukraine soit respectée.

M. Éric Straumann. Envoyez donc des troupes !

M. René Rouquet. Nous devrons également nous assurer, notamment par l'intermédiaire du Conseil de l'Europe, que les élections présidentielles, fixées au 25 mai, se déroulent dans de bonnes conditions, que des institutions démocratiques stables et pérennes soient mises en place et que la lutte contre la corruption soit érigée comme une valeur essentielle par le nouveau régime.

La première aide dont a besoin l'Ukraine à très court terme est d'ordre financier. L'Ukraine est au bord du précipice. Le risque de défaut sur sa dette est réel ; certaines agences de notation la considèrent désormais comme ultra-spéculative et les taux d'intérêt de certaines obligations ont été multipliés par sept en un peu plus d'un mois.

Monsieur le ministre, quelles sont les mesures que la France entend prendre afin d'aider l'Ukraine dans le processus de transition démocratique dans lequel elle s'est engagée ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.

M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères. Monsieur le député, je vous remercie des propos que vous venez de tenir. Il est vrai que, lorsque, avec mes collègues allemand et polonais, nous sommes arrivés à Kiev, la ville était en état de siège. Il y avait des morts, des morts et des morts ; la ville brûlait ; sur les toits, des snipers tiraient d'une manière indistincte. Lorsque notre médiation s'est terminée, les combats eux aussi avaient pris fin. Autant l'Europe est souvent mise en cause, autant, dans cette circonstance il faut – comme vous l'avez fait – la saluer.

Toutefois, la situation reste extrêmement difficile. Les mots d'ordre que nous devons nous donner et essayer de faire partager à nos amis ukrainiens sont l'unité – il s'agit de l'unité et de l'intégrité du territoire –, la démocratie – tout ce qui pourra être fait pour assurer la régularité des élections, rarement respectée dans ce pays, sera utile – et la solidarité, car la situation économique est effectivement dramatique. En effet, la monnaie locale a perdu beaucoup de sa valeur. Il existe un certain nombre de réserves, mais elles ne sont pas inépuisables et les dettes sont considérables.

L'effort de la communauté internationale, et singulièrement de l'Europe, doit porter sur ces trois terrains. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes mis en contact avec les Russes - car il s'agit de les associer à la résolution des problèmes de l'Ukraine -, les Américains, l'ensemble des Européens et le reste du monde. C'est ainsi que l'on pourra, je l'espère, trouver une solution. Les élections présidentielles ont été fixées au 25 mai. Normalement, un gouvernement doit être constitué jeudi prochain au plus tard. La France et l'Europe doivent être aux côtés de l'Ukraine au nom de la solidarité, de l'unité et de la démocratie. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP, et sur certains bancs du groupe UDI.)

Données clés

Auteur : M. René Rouquet

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Affaires étrangères

Ministère répondant : Affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 26 février 2014

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