Question au Gouvernement n° 175 :
politique fiscale

14e Législature

Question de : M. Damien Abad
Ain (5e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 17 octobre 2012

POLITIQUE ÉCONOMIQUE DU GOUVERNEMENT

M. le président. La parole est à M. Damien Abad, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire
M. Damien Abad. Monsieur le Président, permettez-moi d'abord de regretter le départ précipité du Premier ministre (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.), car ma question lui était destinée. Je m'adresserai donc à M. " l'encore Premier ministre ".
Si un Australien volant a franchi ce week-end le mur du son, force est de constater que votre Gouvernement et vous-même venez de dépasser le mur de l'incompréhension. (Applaudissements sur certains bancs du groupe UMP.)
Mur d'incompréhension, d'abord, au sein de votre propre Gouvernement dans lequel, depuis un mois, il n'y a que reculade, dérobade, rétropédalage, volte-face, confusion et dissonance en tout genre. (Même mouvement)
Mur d'incompréhension, aussi, envers les Français. Depuis que vous êtes aux manettes, ils sont devenus, pour les uns des pigeons - c'est le cas des jeunes créateurs d'entreprises, des entrepreneurs, des artisans et des commerçants - (Même mouvement), pour les autres, les dindons d'une farce qui a assez duré : je songe aux ouvriers, aux employés, et aux salariés courageux, qui voient leur salaire diminuer, car ils ne peuvent plus faire d'heures supplémentaires. Vous qui prétendez faire de la France un grand pays industriel, vous envoyez un bien triste message à notre jeunesse, à nos entreprises, à la France des classes moyennes, à la France de la majorité silencieuse, celle qui paie toujours tout et ne reçoit jamais rien !
Mur d'incompréhension, enfin, quant à votre politique et à votre budget. Avec près de 30 milliards d'euros de taxes et impôts supplémentaires, vous mettez la France à genoux, et les Français à terre. Comment croire, dans ces conditions, que seulement un Français sur dix subira de plein fouet votre matraquage fiscal ?
Alors que le moral des entrepreneurs est au plus bas, que le pouvoir d'achat des salariés est en berne, et que la confiance des Français tend à disparaître, ma question est simple, monsieur le Premier Ministre : combien de temps encore allez-vous persister dans ce qui ressemble de plus en plus à un double mensonge d'État, vis-à-vis des chefs d'entreprises, et vis-à-vis des salariés ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du budget.
M. Jérôme Cahuzac, ministre délégué. Monsieur le député, tout à l'heure, un de vos collègues de l'opposition a demandé au Premier ministre de ne pas se cacher derrière ses prédécesseurs.
Mme Claude Greff. Il n'est plus là !
Plusieurs députés du groupe UMP. Il est parti !
M. Jérôme Cahuzac, ministre délégué. Loin de moi cette idée. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) J'aimerais que, de votre côté, vous ne vous cachiez pas derrière ceux qui vous ont succédé... (Même mouvement)
M. le président. S'il vous plaît, allez, allez !
M. Jérôme Cahuzac, ministre délégué. ...et que vous interrogiez ceux qui sont autour de vous sur ces bancs, afin de leur demander ce qu'ils ont décidé, ce qu'ils ont voté et ce qu'ils ont voulu faire ! Peut-être qu'ensemble, nous tomberons alors d'accord sur ce qu'a été le résultat de ces dix ans de politique sous l'empire continu de la majorité UMP. Trouvez-vous vraiment que, sous l'empire de cette majorité, la politique que vous semblez défendre ait rencontré des succès tels, qu'il ne faille pas en changer ?
Oui, nous changeons ! Notre politique vous déplaît, et c'est normal, puisque vous avez été élus sur un programme différent du nôtre. Mais quelle impudence vous conduit donc à prétendre que ce qui fut fait pendant dix ans devrait être poursuivi ! (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Mme Catherine Vautrin. Tout à l'heure, vous parliez pourtant de continuité !
M. le président. S'il vous plaît, écoutez la réponse du ministre.
M. Jérôme Cahuzac, ministre délégué. Oubliez-vous les 900 milliards d'euros de dettes ? Oubliez-vous les trois millions de chômeurs ? Oubliez-vous le déficit public qui explose ? Oubliez-vous le commerce extérieur, équilibré en 2001, et déficitaire de 70 milliards d'euros l'année dernière ? Oubliez-vous donc à ce point vos résultats, parce qu'ils datent de quatre mois ? Il faudrait donc aujourd'hui que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault soit responsable de tout ?
Vous ironisez sur telle divergence, sur telle différence de point de vue. Voulez-vous que je vous rappelle comment le précédent Président de la République traitait son Premier ministre ? De collaborateur ! Était-ce un " couac ", ou bien une insulte ? Voulez-vous que je vous rappelle quel était le surnom que le président du groupe UMP à l'assemblée donnait au Premier ministre, qu'il était censé soutenir ? " Courage, Fillon "... Était-ce de l'opposition que venaient ces insultes, ou était-ce de vos rangs ?
Mme Claude Greff. Le Premier ministre n'est pas là !
M. Bernard Deflesselles et Mme Catherine Vautrin. Répondez à la question ! Le PLF !
M. Jérôme Cahuzac, ministre délégué. Et c'est au nom de ce passé, au nom de vos errements passés, que vous osez donner des leçons à cette majorité qui s'efforce de rester digne dans la tourmente, et de réparer le mal que vous avez fait à ce pays. Je vous laisse à vos polémiques, laissez-nous à notre travail. À ceux qui souhaitent travailler sérieusement, je donne rendez-vous pour la discussion du projet de loi de finances. (Les députés du groupe SRC se lèvent et applaudissent. - Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, écologiste et RRDP)

Données clés

Auteur : M. Damien Abad

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Impôts et taxes

Ministère interrogé : Budget

Ministère répondant : Budget

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 17 octobre 2012

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