droit de vote
Question de :
M. Gérald Darmanin
Nord (10e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Question posée en séance, et publiée le 11 décembre 2014
POLITIQUE DE LA FRANCE
M. le président. La parole est à M. Gérald Darmanin, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. Gérald Darmanin. Monsieur le Premier ministre, voilà déjà deux ans que les Français ont réalisé qu'il n'y avait pas de pilote dans l'avion présidentiel.
M. Jean-Claude Perez. Chihuahua !
M. Gérald Darmanin. Xavier Bertrand a raison, cela en est fini du Premier ministre courageux : vous avez été touché par le hollandisme, monsieur le Premier ministre, un fléau qui empêche les hommes politiques d'agir.
Vous avez perdu 155 communes aux élections municipales en mars dernier. Vous avez perdu les élections sénatoriales en septembre dernier. Vous avez perdu toutes les élections législatives partielles en métropole – même pas cinq candidats maintenus au premier tour. Dimanche dernier, votre candidat a réuni à peine 14 % des voix.
M. Christian Jacob. C'est la cote de François Hollande !
M. Gérald Darmanin. Monsieur le Premier ministre, vous êtes tétanisé par les prochaines élections départementales et régionales. Le parti socialiste, nous pouvons tous le constater, disparaît de la carte électorale. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe UMP.)
Comme vous ne pouvez rien faire pour inverser la courbe du chômage, comme vous ne pouvez pas renforcer la sécurité des Français, comme vous avez renoncé à relancer l'économie, vous remettez sur la table la proportionnelle et le droit de vote des étrangers.
En bon disciple de François Mitterrand, vous allez jouer avec le Front national pour le faire entrer dans l'hémicycle. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Hier, la réponse que vous avez apportée à Bernard Accoyer était bien floue mais comme on dit dans le Nord, « quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup ».
Aujourd'hui, le premier secrétaire du parti socialiste propose d'accorder le droit de vote aux étrangers : plutôt que de faire votre petite soupe sur votre petit feu, pourquoi touchez-vous encore les institutions de la Ve République ? Vous qui invoquez Clemenceau et la République, avez-vous mesuré le risque que vous faites courir à la France pour 2017 ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur Darmanin, j'ai déjà eu l'occasion d'appeler l'attention des uns et des autres, y compris lorsque j'étais dans l'opposition car je m'applique également cette critique, sur la manière dont nous parlons du Président de la République. Je la trouve, aujourd'hui, inconvenante. (Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP - Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. Mes chers collègues, on écoute la réponse.
M. Manuel Valls, Premier ministre . Faisons attention car, monsieur Darmanin, je ne sais pas si j'ai été touché par le hollandisme mais en revanche, vous avez été, vous, touché par le sarkozysme, n'en déplaise à Xavier Bertrand. (Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Ne soyez pas péremptoires, les thèmes que vous avez évoqués sont source de polémiques. Prenons garde à ce qui se passe dans notre pays. Nous avons déjà connu une telle situation mais le vrai danger, pour vous comme pour nous, comme pour l'idée que nous nous faisons de la République, est précisément le Front national. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Si vous continuez à le nourrir en abordant ainsi tous ses thèmes de prédilection, vous prenez un risque.
M. Jean-Pierre Gorges. C'est le parti socialiste qui est troisième aujourd'hui !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Je vais tenter de répondre à votre question fourre-tout, monsieur le député : pour avoir l'honneur de servir le Président de la République, je puis vous assurer que, tant en matière de politique intérieure que de politique économique ou de politique internationale et de défense, ne vous en déplaise, il y a un pilote dans l'avion.
Plusieurs députés du groupe UMP . Ah bon ?
M. Manuel Valls, Premier ministre . Je suis fier d'être le Premier ministre, comme l'a été Jean-Marc Ayrault, d'un Président de la République qui a fait le choix d'envoyer les armées pour lutter contre le terrorisme au Mali, au Sahel. (Interruptions continues sur les bancs du groupe UMP.) Je suis fier que, grâce à ce Président, nos armées soient accueillies comme elles le sont en Afrique. Je suis fier d'un Président de la République qui a pris la décision de participer à une coalition en Irak pour lutter contre Daech. Je suis fier d'un Président de la République qui renoue, au nom même de la France et de l'Europe, un dialogue avec la Russie parce que nous avons besoin de la paix en Europe. (Mêmes mouvements) Je suis fier, monsieur le député, de servir un Président de la République qui fait une priorité du redressement de notre pays, dans le respect des principes de justice, et je suis fier d'être le Premier ministre d'un Président de la République qui conduit la France avec la volonté d'élever le débat, et non de le rabaisser comme vous le faites. (Les députés du groupe SRC se lèvent et applaudissent, longuement - Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Auteur : M. Gérald Darmanin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Élections et référendums
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 11 décembre 2014