régions
Question de :
M. Marc Le Fur
Côtes-d'Armor (3e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 17 décembre 2014
SITUATION DE LA BRETAGNE
M. le président. La parole est à M. Marc Le Fur, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. Marc Le Fur. Dans quelques heures, monsieur le Premier ministre, vous vous rendrez en Bretagne où nous vous réserverons l'accueil républicain qui vous est dû. Vous faites déjà mieux que le Président de la République qui, en deux ans et demi de mandat, n'est pas parvenu à consacrer une seule journée à la Bretagne ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Vous découvrirez une région très déçue par la réforme territoriale, une région en crise – ce n'est pas la seule – : crise du bâtiment, en particulier, mais surtout crise provoquée par les décisions que vous prenez. Je pense notamment à votre décision anti-gasoil, monsieur le Premier ministre, alors que 90 % des véhicules qui sortent de l'usine PSA de Rennes sont des véhicules diesel.
Vous allez trouver également une région qui ne comprend pas un certain nombre des décisions prises par votre Gouvernement. Voici un an, votre prédécesseur était venu, avec force médias, signer le Pacte d'avenir pour la Bretagne. On nous parlait alors de deux milliards d'euros. Évidemment nous n'en avons rien vu. De surcroît, plusieurs décisions antérieures, prises il y a plus d'un an, n'ont pas été appliquées. Je pense en particulier aux décisions de financement concernant la route nationale 164. Même dans le domaine culturel, où nous demandons très peu d'argent, aucune décision n'a été prise.
Vous réservez votre visite, monsieur le Premier ministre, à nos belles métropoles, Brest et Rennes, qui sont tenues par vos amis politiques.
M. Marc Francina. Eh oui !
M. Marc Le Fur. Sachez qu'en Bretagne, il existe aussi un monde rural très actif, ainsi que de petites villes qui se débrouillent très bien !
M. Bernard Accoyer et Mme Catherine Vautrin . Bravo !
M. Marc Le Fur. Certaines d'entre elles gagnent même contre Paris : voyez ce qui s'est passé dimanche dernier à Guingamp ! (Sourires.)
Hélas, vous ignorez totalement cette réalité de l'aménagement de notre territoire. Qu'allez-vous donc nous annoncer, monsieur le Premier ministre ? Nous n'attendons pas de vous de la communication. Nous n'attendons pas davantage des décisions octroyées. Nous attendons des échanges, des décisions négociées, dans l'intérêt de la Bretagne et de l'ensemble de notre pays. Les Bretons ne demandent qu'à bien travailler, dans l'intérêt de tous ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Manuel Valls, Premier ministre. Il est heureux que vous me promettiez un accueil républicain car vos propos m'inclinaient plutôt à mettre mon casque lourd avant de rejoindre la Bretagne, où je vous retrouverai jeudi… (Sourires.)
Plusieurs députés du groupe UMP . Enfilez plutôt votre bonnet rouge !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Vous devez sans doute, monsieur Le Fur, être non pas seulement le seul parlementaire breton, mais même le seul Breton qui considère que Brest et l'île de Sein ne se trouvent pas en Bretagne, puisque le Président de la République s'est déjà rendu dans ces deux lieux. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC, puis huées à l'endroit des bancs de l'opposition.)
Si je me rends à Brest et à Rennes, c'est pour faire le point sur le pacte d'avenir signé il y a un an par Jean-Marc Ayrault. Le but du pacte d'avenir, comme vous le savez parfaitement, était de répondre à des situations d'urgence : soutien à des salariés licenciés, plan d'aide à l'agriculture et à l'agroalimentaire – nous évoquerons ces questions à l'occasion de ce déplacement, puisque Stéphane Le Foll m'accompagnera –, mais aussi mesures en faveur de l'aménagement du territoire destinées à construire l'avenir de la Bretagne, une région qui, comme d'autres, éprouve des inquiétudes. Mais, par tempérament, les Bretons savent aussi affronter l'avenir avec volontarisme, sinon optimisme.
Un député du groupe de l'UDI . Vous êtes à l'ouest !
Mme Claude Greff. Quels sont vos résultats depuis deux ans ?
M. Manuel Valls, Premier ministre. Je ne veux pas tout dévoiler ici, et uniquement pour vous, monsieur Le Fur. Sachez cependant que non seulement les engagements ont été tenus, mais qu'ils seront renforcés par la signature du contrat de plan 2015-2020, qui mobilisera plus d'un milliard d'euros, dont 520 millions apportés par l'État et le reste par la région. La région bénéficiera en outre de 630 millions d'euros provenant de l'État et de l’Union européenne.
En somme, l'État, l’Union européenne et la région elle-même apportent des réponses concrètes et précises aux secteurs économiques bretons qui connaissent des difficultés, mais aussi à ceux qui vont de l'avant et, d'une manière générale, à la Bretagne.
Je ne partage pas votre pessimisme, monsieur Le Fur. Je pense que la Bretagne a été entendue à propos de la réforme territoriale, de même qu'en ce qui concerne les questions économiques et sociales ou sur les problématiques culturelles. Je sais qu'une campagne électorale aura lieu dans un an à l'occasion des élections régionales, mais ce n'est pas une raison pour porter un regard négatif sur la situation de cette région qui compte tant pour la France. À Brest comme à Rennes, j'aurai l'occasion de dire que la Bretagne va de l'avant et que l'État est à ses côtés ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. Christophe Priou. Et la Loire-Atlantique ?
Auteur : M. Marc Le Fur
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Collectivités territoriales
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 17 décembre 2014