Moyen-Orient
Question de :
M. Michel Liebgott
Moselle (8e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain
Question posée en séance, et publiée le 4 mars 2015
LUTTE CONTRE DAECH
M. le président. La parole est à M. Michel Liebgott, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.
M. Michel Liebgott. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.
Monsieur le ministre, le grand écrivain Heinrich Heine écrivait déjà, au 19e siècle, que « là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes ». En s'attaquant au musée de Mossoul et à ses œuvres multimillénaires, Daech ne s'en prend pas seulement au patrimoine de l'Irak, berceau de l'humanité ; ses attaques, systématiques, intentionnelles, sont aussi et surtout l'expression d'un programme d'anéantissement de toute humanité.
Il faut saluer la réponse d'une extrême dignité de la population de cet Irak martyrisé. Je pense plus particulièrement à la réouverture anticipée du musée de Bagdad, en signe de résistance à l'oppression et à l'obscurantisme.
De nombreuses forces s'élèvent pour résister à l'oppression : les chrétiens d'Orient, que Daech veut éliminer des territoires qu'il détient ; les Kurdes, engagés dans une résistance héroïque à Kobané, et aujourd'hui à Hassaké ; plus largement, les habitants d'Irak et de Syrie de toutes confessions qui combattent pour leur liberté face à la barbarie de Daech et de ses mercenaires étrangers.
Ce que Daech veut imposer, c'est une dictature que ni les Syriens ni les Irakiens ne veulent.
Mes chers collègues, le défi posé par l'État islamique, aussi appelé Daech, est considérable. C'est l'honneur de la France d'avoir su précocement mobiliser la communauté internationale face à cette menace redoutable et mortifère.
Monsieur le ministre, la lutte contre Daech revêt plusieurs dimensions cruciales. Elle s'étend sur plusieurs théâtres, y compris sur notre territoire national, où des cellules menacent notre sécurité. Notre diplomatie, notre armée, comme nos forces de sécurité sont mobilisées sur ce front. Pouvez-vous nous dire comment évolue la situation sur ce terrain périlleux ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. Patrick Lemasle. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.
M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international. Monsieur le député, dans leur fureur destructrice, les terroristes ne massacrent plus seulement des êtres humains ; ils massacrent aussi des œuvres d'art.
Nous avons tous en tête les images du saccage du musée de Mossoul, qui sont consternantes. Ils veulent non seulement tuer le présent, mais aussi en détruire physiquement toutes les racines.
La France s'est mobilisée immédiatement, aux côtés de l'UNESCO, pour condamner ces crimes et faire adopter une résolution des Nations unies qui sanctionne aussi les revenus tirés du pillage du patrimoine.
Une autre manifestation terrible de cette barbarie est l'enlèvement récent de centaines de chrétiens assyriens de Syrie, quelques jours après le meurtre de coptes égyptiens en Libye.
M. François Rochebloine. Décapités !
M. Laurent Fabius, ministre . Je le répète avec force : la France n'abandonnera pas les chrétiens d'Orient. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. Dominique Dord. Ah oui ?
M. Laurent Fabius, ministre. Nous apportons une aide humanitaire aux déplacés et réfugiés, nous portons assistance aux pays d'accueil, nous accueillons en France des réfugiés syriens et irakiens, et notre priorité est de permettre à ces minorités de rester, ou plutôt de revenir en paix et en sécurité sur les terres qui sont les leurs.
Monsieur le député, quel est le sens de ce combat ? Du côté de Daech, il s'agit de faire disparaître 2 000 ans d'histoire humaine ; c'est dans cette fureur destructrice et totalitaire que se rejoignent la violence contre les hommes et celle contre les pierres. De notre côté, il s'agit de combattre l'expansion territoriale de Daech, de détruire ses réseaux de financement et ses filières, de venir en aide aux populations civiles, de contrer sa propagande et de soutenir une solution politique dans tous les territoires où il est présent. C'est un combat de longue haleine, que nous devons…
M. le président. Merci, monsieur le ministre.
Auteur : M. Michel Liebgott
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Affaires étrangères
Ministère répondant : Affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 4 mars 2015