gouvernement
Question de :
M. Gérald Darmanin
Nord (10e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Question posée en séance, et publiée le 1er avril 2015
MONTÉE DU FRONT NATIONAL
M. le président. La parole est à M. Gérald Darmanin, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. Gérald Darmanin. Monsieur le président, ma question s'adresse à M. le Premier ministre. Monsieur le Premier ministre, vous avez fait de la bataille contre le Front national un combat personnel et moral. Un an après votre nomination à la tête du Gouvernement et trois ans après l'élection de François Hollande et de votre majorité, il est temps de tirer un premier bilan sur ce sujet, comme sur tant d'autres.
Avec vous au pouvoir, monsieur le Premier ministre et à cause de vos politiques injustes et inefficaces, le Front national, malheureusement, n'a jamais été aussi haut dans notre pays.
Avec vous au pouvoir, ce sont deux membres du Front national qui siègent à l'Assemblée nationale, dont l'une a été élue députée grâce au parti socialiste du Vaucluse.
M. Christian Bataille. Menteur !
M. Gérald Darmanin. Avec vous au pouvoir, ce sont deux membres du Front national qui ont fait leur entrée au Sénat. Avec vous au pouvoir, ce sont 24 membres du Front national qui ont été élus députés européens, formant le premier groupe français en nombre de députés. Avec vous au pouvoir, ce sont 1 600 membres du Front national qui ont été élus conseillers municipaux, et qui siègent dans plusieurs villes historiquement socialistes du bassin minier. Avec vous au pouvoir, ce sont 62 membres du Front national qui viennent d'être élus conseillers départementaux, grâce à votre tripatouillage électoral.
Quelle triste politique, monsieur le Premier ministre ! Et quel triste bilan !
Par égocentrisme, ou par aveuglement, vous avez dit sur toutes les ondes que vous ne changeriez pas votre politique.
M. Jean-Claude Perez. Quel niveau !
M. Gérald Darmanin. Et pourtant, elle fait monter inexorablement le chômage et la délinquance, continuant de désespérer les Français.
Monsieur le Premier ministre, on ne combat pas la misère, la désespérance sociale ou l'insécurité avec des cours de morale et des coups de menton. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.)
On les combat avec des résultats ! Où sont vos résultats ? Arrêtez d'attendre la croissance, avec M. Hollande, comme d'autres attendaient Godot. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. Sébastien Denaja. Petit roquet !
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le député Darmanin, alors que notre pays traverse une époque grave…
Mme Claude Greff. Ça fait un moment !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Oui, cela fait plusieurs années, je peux même vous donner des dates, madame la députée ! Je ne suis pas certain qu'il faille nous renvoyer les uns aux autres – je parle des formations républicaines – la responsabilité de la montée du Front national.
Un député du groupe UMP . C'est ce que vous faites en permanence !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Il me serait pourtant aisé de vous dire que le Front national est passé de 10 % à plus de 18 % entre 2007 et 2012 ! Je pourrais aussi vous rappeler que l'on comptait un million de chômeurs de plus à l'issue du quinquennat de Nicolas Sarkozy, que la pauvreté était plus grande et que la délinquance, notamment dans les territoires ruraux, avait explosé. Enfin, je pourrais vous rétorquer que le sentiment d'abandon ne date pas d'hier et que la désespérance dans les quartiers populaires s'est particulièrement illustrée en 2005.
M. Claude Goasguen. Qu'avez-vous fait depuis trois ans ?
M. Guy Geoffroy. En fait, c'est nous qui avons été battus dimanche !
M. Christian Jacob. C'est vous qui êtes responsables de votre échec !
M. Manuel Valls, Premier ministre . Honnêtement, je trouve que ce débat n'a aucun intérêt ! Mais là où je veux vous reprendre, monsieur le député, c'est sur les valeurs. Je suis convaincu qu'il faut toujours apporter des réponses concrètes, notamment à ceux qui sont dans la désespérance.
M. Yves Fromion. Ça, ça ne coûte rien !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Lorsqu'il s'agit d'évoquer dans ce Parlement une formation dont des dizaines de candidats ont tenu des propos racistes, antisémites, xénophobes, sexistes et homophobes, pardon de vous le dire avec modestie, il ne faut pas dire que les valeurs n'ont pas d'importance. Les valeurs, cela compte et il faudra plus que jamais, peut-être, les brandir pour lutter contre l'extrême-droite ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Et ce, quoiqu'il arrive ! Car ce sont précisément les valeurs qui nous rassemblent, au-delà des débats politiques que nous connaissons. C'est cela aussi l'histoire de notre pays, c'est ainsi que nous pouvons parfois nous retrouver sur l'essentiel, comme en janvier.
Mme Claude Greff. Avec tout ça, vous ne parlez pas beaucoup du chômage !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Mais, monsieur le député, vous avez raison, face au chômage et à la pauvreté, il faut des résultats. Les Français attendent des réponses.
M. Yves Fromion. Exactement !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Nous commençons à obtenir un certain nombre de résultats sur la croissance, sur la compétitivité de nos entreprises…
M. Bernard Deflesselles. Lesquels ?
M. Manuel Valls, Premier ministre . …et nous devons aller plus loin.
M. Patrice Verchère. Arrêtez le massacre !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Il nous faut poursuivre, en préservant notre modèle social. Nous devons lutter contre la pauvreté et permettre le retour à l'emploi.
Le débat sur l'insécurité existe, notamment dans un contexte de campagne électorale. Si le ministre de l'intérieur n'était pas à Berlin avec le Président de la République, il vous le dirait mieux que moi : nous obtenons aussi des résultats dans ce domaine. La délinquance et le nombre de cambriolages sont en baisse.
M. Christian Jacob. Tout va très bien !
M. Manuel Valls, Premier ministre . Oui, nous devons exposer nos résultats, montrer notre efficacité, répondre à la désespérance d'un certain nombre de nos concitoyens. Nous devons aussi donner du sens, un projet, un récit à ce pays. Vous ne voulez pas des valeurs ? Nous voulons à la fois des résultats et des valeurs. Je continuerai, avec la majorité, avec le Gouvernement, à les porter et à les incarner, car elles sont plus que jamais nécessaires à notre pays ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs des groupes écologistes et RRDP.)
Auteur : M. Gérald Darmanin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : État
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 1er avril 2015