collèges
Question de :
M. Olivier Faure
Seine-et-Marne (11e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain
Question posée en séance, et publiée le 6 mai 2015
RÉFORME DU COLLÈGE
M. le président. La parole est à M. Olivier Faure, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.
M. Olivier Faure. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale.
Madame la ministre, à l'évidence, l'éducation nationale n'est pas un sujet parmi d'autres : c'est la priorité de cette majorité. Il est logique que les projecteurs sont braqués sur chaque réforme touchant à l'éducation, parce qu'il s'agit de l'avenir de nos enfants, parce que les valeurs transmises et les savoirs enseignés à l'école peuvent toucher à l'idée que chacun se fait de la religion, de l'histoire, de la science, de la civilisation, et parce que l'école est le socle institutionnel de la République.
M. Bernard Accoyer. Et le massacre du collège ?
M. Olivier Faure. C'est pourquoi chaque mesure est examinée au microscope. Cependant, à force de se focaliser sur des enjeux, certes légitimes mais de portée secondaire, ou de rechercher la polémique, on risque de perdre le fil de la nécessaire refondation de l'école.
À quel défi sommes-nous – êtes-vous – confrontés ? Au constat, établi notamment par le programme PISA, que la France est le pays le plus inégalitaire de l'OCDE en matière éducative.
Mme Claude Greff. Et ça ne va pas s'arranger !
M. Olivier Faure. En dépit du professionnalisme et de l'engagement personnel des maîtres, l'école conforte encore trop souvent les inégalités de naissance ou de territoire. Il fallait donc une réforme globale si on voulait mettre fin à l'école à deux vitesses.
M. Bernard Accoyer. Le massacre du collège, vous appelez ça une réforme globale ? C'est scandaleux ! Quelle violence idéologique !
M. Olivier Faure. Vous avez beaucoup entrepris depuis 2012. On forme à nouveau les enseignants, on en recrute par milliers. Désormais les moyens sont concentrés dans les établissements les plus défavorisés, la lutte contre le décrochage scolaire est engagée, la scolarisation avant trois ans se développe. Il est mis à disposition plus de maîtres que de classes dans le primaire, et les rythmes scolaires ont été adaptés aux rythmes d'acquisition. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
Maintenant, vous vous attelez à la réforme urgente du collège.
Plusieurs députés du groupe UMP . Allô ! Allô !
M. Olivier Faure. Madame la ministre, pouvez-vous, devant les élus de la République que nous sommes, restituer le sens de la refondation de l'école dans laquelle vous êtes engagée et qui fait notre fierté collective ? (« Allô ! Allô ! » et exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. Gérald Darmanin. Trois sur vingt !
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le député, quand il a été élu, il y a bientôt trois ans, le Président de la République a dit qu'il ferait de l'éducation et de la jeunesse la priorité sur laquelle il voulait être jugé à la fin de son quinquennat. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Plusieurs députés du groupe UMP . Non, c'était le chômage !
Mme Claude Greff. Ça se voit !
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Cette promesse est aujourd'hui totalement respectée : il suffit de regarder le budget de l'éducation nationale, redevenu le premier budget de la Nation.
M. Patrice Verchère. Avec quel succès !
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre . Ce sont en effet 65 milliards d'euros qui sont consacrés aux élèves, qui jusqu’à présent étaient davantage habitués aux suppressions de postes par dizaines de milliers et aux fermetures de classes par milliers. La droite avait même, par une étrange décision, fait disparaître la formation des enseignants chargés de leur transmettre les enseignements fondamentaux que l'on réclame désormais sur certains bancs. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
M. Philippe Cochet. Mensonge ! C'est scandaleux !
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre . Je le répète : nous avons fait de l'éducation notre priorité, en rétablissant la formation initiale des enseignants, en donnant la priorité au primaire, en permettant la pré-scolarisation des enfants avant l'âge de trois ans, notamment dans les quartiers les plus en difficulté, pour les faire démarrer dans de meilleures conditions.
M. Yves Censi. Et que faites-vous du collège ?
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre . Oui, nous avons augmenté le nombre de postes de professeurs, et attiré de plus en plus de candidats aux concours de l'enseignement. ( Mêmes mouvements.)
M. Philippe Meunier. Pas encore assez !
Mme Claude Greff et Mme Bérengère Poletti . Il n'y en a pas suffisamment !
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre . Nous abordons aujourd'hui le tournant délicat, important, essentiel de la réforme du collège. Si cette réforme s'impose, c'est parce que les résultats du collège ne font que se dégrader depuis dix ans. On ne peut pas se satisfaire qu'un élève sur quatre sorte du collègue sans maîtriser les fondamentaux en français, en mathématiques et en histoire ! (Applaudissements les bancs du groupe SRC. – Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Ceux qui nous font la leçon aujourd'hui ne s'en sont jamais souciés !
M. le président. S'il vous plaît, un peu de calme ! Je sais bien que c'est la reprise, mais quand même !
M. Marc Le Fur. Non : la rentrée !
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Nous créons 4 000 postes supplémentaires au bénéfice d'une réforme qui met l'accompagnement personnalisé des enfants au cœur du système, qui multiplie les façons d'apprendre pour permettre aux enfants de s'approprier les savoirs,…
M. Philippe Meunier. Vous êtes les fossoyeurs de l'enseignement de l'histoire de France !
Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre . …qui avance l'apprentissage des langues vivantes, dans l'intérêt de tous les collégiens. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP. – Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. Je vous demande de faire preuve d'un minimum de calme ! Il y va de l'image de notre assemblée.
Auteur : M. Olivier Faure
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement secondaire
Ministère interrogé : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Ministère répondant : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 mai 2015