Cuba
Question de :
M. Sergio Coronado
Français établis hors de France (2e circonscription) - Écologiste
Question posée en séance, et publiée le 7 mai 2015
CUBA
M. le président. La parole est à M. Sergio Coronado, pour le groupe écologiste.
M. Sergio Coronado. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.
Le 11 mai prochain, le Président de la République se rendra en visite officielle à Cuba.
Mme Claude Greff. Il devrait peut-être rester en France !
M. Sergio Coronado. C'est la première fois qu'un chef d'État français se rend sur l'île, dans un contexte inédit : en effet, les relations entre les États-Unis et Cuba sont en voie de normalisation depuis que Barack Obama et Raúl Castro, dans deux discours concomitants, le 17 décembre dernier, ont annoncé un rapprochement historique entre leurs deux pays, dont les relations diplomatiques étaient rompues depuis 1961.
Les déplacements présidentiels successifs, le troisième à ce jour sur le continent, ont permis de renouer un dialogue apaisé avec des partenaires latino-américains, avec qui la relation s'était dégradée.
Notre pays dispose d'un réseau culturel d'une grande densité sur le continent sud-américain, avec notamment les plus importantes Alliances françaises du monde et un réseau éducatif dont l'excellence est reconnue, même s'il a traversé récemment quelques crises. Quant à notre réseau diplomatique, malgré la priorité affichée, il subit des fermetures de postes consulaires et des réductions de personnel.
L'éducation et la culture sont les deux piliers de notre présence sur un continent qui considère, depuis les Lumières et la révolution de 1789, que la voix de la France compte et qui a gardé en mémoire le voyage triomphal du général de Gaulle en 1964.
Au-delà des relations commerciales, qui sont le cœur de la diplomatie économique depuis bientôt trois ans, pouvez-vous nous dire, en ce qui concerne Cuba, quelle est la position du gouvernement français face à ce que l'on appelle la position commune de l'Europe et qui conditionne toute coopération à des avancées en matière de libertés, de droits civiques et de réformes politiques ? Ce texte est toujours en vigueur et son abrogation ne peut être décidée qu'à l'unanimité.
Plus largement, s'agissant des droits de l'homme, la France est attendue sur un continent qui, dans un contexte de progrès et d'améliorations, connaît encore de graves difficultés. C'est le cas au Mexique, avec 25 000 disparitions forcées depuis vingt ans et le massacre de 43 élèves enseignants de l'école normale d'Ayotzinapa en septembre dernier, ou encore au Guatemala, où la justice tente de mener à bien un procès pour génocide contre d'anciens dirigeants. (Applaudissements sur les bancs du groupe écologiste et sur quelques bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger.
M. Matthias Fekl, secrétaire d'État chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger. Monsieur le député, vous m'interrogez sur la diplomatie de la France en Amérique latine. C'est un continent que vous connaissez bien, en raison de votre parcours et parce que vous représentez ici, à l'Assemblée nationale, les Français établis dans cette partie du monde.
Vous avez raison d'insister sur le caractère global de la diplomatie française mise en œuvre par le Gouvernement, sous l'autorité du Président de la République et du ministre des affaires étrangères. Elle passe par les déplacements que vous avez cités, auxquels s'ajoutent les prochains déplacements du Premier ministre dans cette région où vous êtes souvent présent.
La diplomatie s'exerce bien sûr dans le champ culturel, et ce sera le cas lors du déplacement du Président de la République à Cuba la semaine prochaine, avec l'inauguration de l'Alliance française, située dans un lieu magnifique et entièrement rénovée par Cuba, des rencontres avec les personnalités de la culture cubaine, et l'ensemble des projets qui concrétisent la présence française à Cuba, notamment le Festival international du film français de La Havane.
Ce message vaut pour l'ensemble de l'Amérique latine, dont vous connaissez le prestige dans notre pays, comme vous connaissez le prestige de la France dans le monde des idées et le monde intellectuel de ce continent.
M. Bernard Accoyer. C'est pourquoi il faut faire attention avec la réforme du collège !
M. Matthias Fekl, secrétaire d'État. La diplomatie économique est aussi une réalité récente, comme le montre notamment la signature du contrat de vente d'une centaine d'Airbus avec la Colombie pour un montant de 10 milliards d'euros. C'est un succès que nous devons à la diplomatie économique de la France. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SRC.)
Le message porte aussi sur les droits de l'homme, comme l'a montré récemment le Président de la République en Arabie Saoudite en rappelant notre attachement à la lutte contre la peine de mort. Et, puisque le latin est à la mode, je dirai que ce message urbi et orbi (Rires et exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI), est bien celui de la diplomatie française. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe écologiste.)
Auteur : M. Sergio Coronado
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Commerce extérieur, tourisme et Français de l'étranger
Ministère répondant : Commerce extérieur, tourisme et Français de l'étranger
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 7 mai 2015