Question au Gouvernement n° 2865 :
Russie

14e Législature

Question de : M. Philippe Meunier
Rhône (13e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 13 mai 2015


COMMÉMORATION DE LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

M. le président. La parole est à M. Philippe Meunier, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

M. Philippe Meunier. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre, à qui je demande de maîtriser ses nerfs et sa gestuelle menaçante à l'égard de l'opposition. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC ; applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Monsieur le Premier ministre, les Russes ont commémoré le 9 mai dernier la victoire des Alliés contre les nazis. À l'occasion de ce soixante-dixième anniversaire, la Russie a organisé des cérémonies à la hauteur du sacrifice de son peuple.

Le devoir de mémoire consiste d'abord à respecter le sacrifice des hommes et des femmes qui ont lutté contre l'hitlérisme. Cette lutte contre le nazisme et son idéologie mortifère est sans commune mesure avec tous les désaccords que vous pouvez avoir à l'égard du pouvoir russe actuel.

L'absence de François Hollande ce 9 mai à Moscou est donc une faute.

D'abord une faute morale à l'égard des volontaires de l'escadrille Normandie-Niémen et des Résistants, qui ont tout sacrifié dans leur combat aux côtés des troupes russes jusqu'à la chute du Troisième Reich. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Ensuite une faute politique s'agissant de la politique étrangère de la France. Mme Merkel, qui a le sens de sa fonction et de ses responsabilités, s'est rendue le 10 mai dernier à Moscou pour déposer une gerbe devant la flamme du soldat inconnu en mémoire des soldats russes tués lors de la Seconde guerre mondiale. François Hollande, préférant faire des pieds et des mains pour obtenir un entretien avec un dictateur cubain au lieu d'être aux côtés du peuple russe qui nous a permis de retrouver la liberté, n'a pas été à la hauteur de sa charge de Président de la République française. (Huées sur les bancs du groupe UMP ; vives exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues !

M. Philippe Meunier. Le 6 juin dernier, le président de la Russie n'a pas hésité à venir en Normandie, montrant ainsi que le sacrifice de nos deux peuples était bien supérieur aux griefs et aux reproches qu'il pouvait avoir à l'égard de votre gouvernement. Monsieur le Premier ministre, quand allez-vous mettre fin à cette posture et cesser cette politique absurde à l'égard du président de la Russie, qui vont à l'encontre des liens qui unissent nos deux peuples et des intérêts de la France ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Manuel Valls, Premier ministre. Garder ses nerfs, monsieur le député, c'est un conseil que vous pourriez d'abord vous appliquer à vous-même lorsque vous parlez du Président de la République ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne, parmi lesquels le Président de la République et la chancelière Angela Merkel, se sont concertés sur la présence des responsables de l'Union à ces commémorations. C'est la raison pour laquelle la France était représentée à un haut niveau par son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius.

Je voudrais cependant vous apporter deux autres éléments de réponse.

Tout d'abord, j'aurais aimé que vous vous félicitiez de l'action de la France, notamment celle de François Hollande en lien avec Angela Merkel, pour trouver une solution de paix en Ukraine en concertation avec des autorités ukrainiennes et russes. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs des groupes RRDP et écologiste.)

M. Nicolas Dhuicq. Hollande ne sait même pas ce qui se passe en Ukraine !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Puisque M. Le Maire parlait tout à l'heure d'unité nationale, il serait bon que, sur ces questions, on cesse de charger en permanence le Président de la République, notamment quand notre politique étrangère remporte des succès. Car c'est bien là le fond du problème. La parole de la France est aujourd'hui respectée, son autorité est reconnue, grâce notamment à nos interventions au Sahel et en Afrique pour défendre nos valeurs et pour lutter contre le terrorisme. La parole et l'action de la France et du Président de la République sont saluées grâce à l'initiative que j'ai évoquée pour trouver, avec la chancelière Merkel, une solution durable en Ukraine.

Par ailleurs, puisque vous y avez fait allusion : oui, le déplacement du Président de la République à Cuba est un succès.

M. Daniel Fasquelle. Non, c'est une honte !

M. Manuel Valls, Premier ministre. La France a pris toute sa part dans la relation entre Cuba, qui est en train d'évoluer, et l'Union européenne. Après les décisions du président Obama, il s'agit aussi d'un message important pour la Caraïbe, l'Amérique centrale et l'ensemble de l'Amérique latine.

Monsieur le député, plutôt que d'être dans l'opposition stérile, plutôt que d'être uniquement le porte-voix de celui qui critique en permanence le Président de la République parce que ce dernier l'a battu en 2012, soyez davantage fier de l'action de la France à l'étranger ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs des groupes RRDP et écologiste.)

M. Jean-Luc Laurent. Bien envoyé !

M. Claude Goasguen. Et la réponse, où est-elle ?

Données clés

Auteur : M. Philippe Meunier

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 13 mai 2015

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