Question au Gouvernement n° 2890 :
programmes

14e Législature

Question de : M. Jean-Charles Taugourdeau
Maine-et-Loire (3e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 20 mai 2015


RÉFORME DU COLLÈGE

M. le président. La parole est à M. Jean-Charles Taugourdeau, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

M. Jean-Charles Taugourdeau. Monsieur le Premier ministre, avez-vous lu la lettre que votre prédécesseur a adressée à votre ministre de l'éducation nationale ?

En voici quelques extraits – je cite Jean-Marc Ayrault : « Madame la ministre, […] je tenais […] à vous faire part de mon inquiétude quant aux conséquences de certaines mesures annoncées sur l'enseignement de la langue allemande. 

« Les classes bilangues, nées du plan de relance de l'allemand en France et du français en Allemagne, ont permis à l'allemand de rester la troisième langue vivante enseignée en France. Et la promotion de cet apprentissage, en lui accordant une position privilégiée, est au cœur de la coopération franco-allemande. […] Nous cherchons aujourd'hui à renforcer nos liens avec l'Allemagne : cela passe par une meilleure connaissance de son histoire, de sa culture et de sa langue. Ces mesures prévues par la réforme du collège ne me semblent pas favoriser ce rapprochement, qui doit s'incarner dans des projets communs, particulièrement en direction de la jeunesse. »

Ouverts au monde, de gauche comme de droite, les intellectuels, les politiques et aujourd'hui massivement les enseignants s'élèvent contre votre réforme du collège. À aucun moment, ils n'ont été entendus par votre Gouvernement.

Plus grave, tous sont décrédibilisés, voire méprisés, et sont nommés par vous les « pseudo-intellectuels ».

Devant une telle contestation, le groupe UMP demande la tenue d'un débat devant notre Parlement. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Monsieur le Premier ministre, à part vous et le Président de la République, qui soutient la ministre de l'éducation et sa réforme pseudo-intelligente ? (« Nous ! » sur les bancs du groupe SRC.)

Quand allez-vous retirer votre projet, stupide et destructeur ? (« Jamais ! » sur les bancs du groupe SRC. – Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le député, voilà maintenant trois semaines que nous sommes engagés ici dans une sorte de dialogue de sourds.

M. Christian Jacob. Il ne tient qu'à vous !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Vous faites mine de ne pas comprendre, vous faites mine de ne pas entendre ce que l'on vous dit et c'est bien dommage. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

M. Bernard Accoyer. Acceptez le débat !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. C'est dommage, parce que vous aurez embrouillé pendant trois semaines les Français, à coups d'enfumage, de contre-vérités, de mensonges, qui nous ont éloignés de l'essentiel et je voudrais y revenir, monsieur Taugourdeau.

En effet, l'opposition entre la gauche et la droite apparaît bien dans la conception que nous avons du collège.

M. Patrice Verchère. Et Jean-Marc Ayrault, il est de droite ?

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Est-ce que le collège doit avoir vocation à faire réussir tous les élèves ou à réserver l'excellence à quelques élèves ? C'est à cette question que nous répondons.

Et puisque votre collègue M. Bruno Le Maire a eu le courage, d'une certaine façon, de sortir du bois et de nous donner à voir un autre projet de réforme du collège, je voudrais, avec vous, monsieur Taugourdeau, en reprendre les points.

Projet contre projet, notre réforme du collège a pour objectif de renforcer les fondamentaux chez tous les élèves, quand la vôtre a pour vocation de les réduire comme peau de chagrin, puisque vous proposez de vous en tenir au français, aux mathématiques, à l'histoire et à une seule langue étrangère. Cela signifie que, pour les collégiens de demain, vous ne voulez plus d'apprentissage des sciences et vie de la terre, vous ne voulez plus d'apprentissage de la langue vivante 2, vous ne voulez plus d'apprentissage de la science physique, vous ne voulez plus, même, de l'apprentissage des fameuses humanités, du latin et du grec ! Vous ne voulez plus promouvoir l'allemand, dont vous nous parlez depuis trois semaines. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

M. Pascal Terrasse. Le Maire est d'accord !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Comment faites-vous pour le promouvoir si vous supprimez la langue vivante 2 pour les collégiens ?

Projet contre projet, monsieur le député, notre réforme du collège a vocation à préparer les collégiens de demain à entrer dans le monde qui les attend, avec tous les défis qui vont des langues vivantes au numérique en passant par la maîtrise des fondamentaux. Tous ceux qui sont attachés à la réussite du collège l'ont compris. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Données clés

Auteur : M. Jean-Charles Taugourdeau

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Enseignement secondaire

Ministère interrogé : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Ministère répondant : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 mai 2015

partager