Question au Gouvernement n° 2943 :
Moyen-Orient

14e Législature

Question de : M. Nicolas Dhuicq
Aube (1re circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 28 mai 2015


LUTTE CONTRE DAECH

M. le président. La parole est à M. Nicolas Dhuicq, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

M. Nicolas Dhuicq. Monsieur le président, mes chers collègues, le sang des victimes n'a pas encore séché que de nouvelles se préparent ! Les combattants du huitième califat, impies qui combattent au nom d'une foi dévoyée, continuent leurs massacres sur les décombres de ce qui fut l'Irak et la Syrie ! Monsieur le ministre des affaires étrangères, vous prophétisiez dans ce même hémicycle au mois de juillet dernier la mort d'Assad. Mais si le régime d'Assad tombe, ce sont les chrétiens d'Orient, inestimable passerelle entre l'Occident et l'Islam, qui seront égorgés ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

M. François Rochebloine. C'est hélas la vérité !

M. Nicolas Dhuicq. Monsieur le ministre, à l'heure où nous, qui avons le ventre plein et vivons en paix, voyons le réel revenir dans l'Histoire qui est tragique par essence, le Gouvernement dont vous êtes membre collabore comme les précédents avec ceux-là mêmes qui ont financé le monstre Daech ! (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Qui finance Daech ? Pour combien ? Où va l'argent saoudien et qatari ? Alors même que vous ne cessez d'invoquer la laïcité, le Président de la République s'est rendu dans un pays qui décapite pour motif religieux, l'Arabie saoudite. Il n'y a plus de politique étrangère française…

M. Philippe Baumel et M. Jean-Pierre Dufau. Et quoi encore ?

M. Nicolas Dhuicq. …car vous suivez aveuglément la politique américaine jusque dans ses aventures funestes !

M. Nicolas Bays. Il est frappé !

M. Jean-Claude Perez. Chez le psychiatre !

M. Nicolas Dhuicq. Le Gouvernement dont vous êtes membre allume un feu de paille pour faire croire à la représentation nationale qu'il investit suffisamment dans la défense (Vives exclamations sur les bancs du groupe SRC.) mais quel que soit le courage de nos marins, de nos aviateurs et de nos soldats, c'est au sol que la guerre se gagnera en effet !

M. Nicolas Bays. Irresponsable !

M. le président. S'il vous plaît, monsieur Bays !

M. Bruno Le Roux. Internez-le !

M. Nicolas Dhuicq. Elle se gagnera idéologiquement, en particulier à l'université al-Azhar. J'attends des imams sunnites qu'ils condamnent fermement les actions de Daech et la folle idée du huitième califat dont la prochaine cible est la ville de Dabiq puis Jérusalem pour la bataille finale ! Nous sommes face à une dangereuse secte millénariste ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international. J'ai tâché d'écouter votre question en dépit du bruit, monsieur le député, et vous prie de m'excuser si je n'en ai pas tout entendu. Elle porte sur un certain nombre de sujets dont le principal est Daech, si j'ai bien compris. Daech est un ennemi pour tous ceux qui sont ici, pour tous les démocrates et pour tous ceux qui ont tout simplement une fibre humaine. Ses exactions sont sans équivalent. Je ne suis pas d'accord avec vos propos selon lesquels le rôle de la France serait d'aller combattre Daech au sol. Si je vous interrogeais les uns et les autres pour savoir si vous souhaitez l'engagement au sol de la France en Irak et en Syrie, votre réponse serait non, à raison. La réponse, monsieur le député, nous n'avons cessé de la demander. Elle est d'ordre politique. Nous sommes ici pour faire de la politique et proposer la solution grâce à laquelle vaincre Daech à la fois en Irak et en Syrie.

En Syrie, où c'est probablement le plus difficile, la réponse ne consiste pas à prendre parti pour M. Bachar el-Assad, non seulement pour des raisons morales mais aussi pour des raisons pratiques. En effet, si nous prenions parti pour M. Bachar el-Assad qui est aujourd'hui affaibli, nous jetterions la majorité du peuple syrien dans les bras du groupe terroriste Daech. La France, puissance indépendante, ne s'aligne sur personne. Vous avez cité les États-Unis d'Amérique mais de nombreux exemples illustrent les positions indépendantes de la France qui demande la conclusion d'une alliance entre d'un côté, certains éléments de l'opposition, et de l'autre, des éléments du régime à l'exclusion de M. Bachar el-Assad car c'est la seule manière de parvenir à une Syrie intègre et libre et de lutter enfin efficacement contre le groupe terroriste Daech ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et plusieurs bancs du groupe écologiste.)

Données clés

Auteur : M. Nicolas Dhuicq

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Affaires étrangères

Ministère répondant : Affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 28 mai 2015

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