revendications
Question de :
M. Éric Ciotti
Alpes-Maritimes (1re circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 14 octobre 2015
MANIFESTATION DE POLICIERS
Mme la présidente. La parole est à M. Éric Ciotti, pour le groupe Les Républicains.
M. Éric Ciotti. Demain se tiendra, pour la première fois depuis 1983, une manifestation de policiers sous les fenêtres du ministère de la justice – sous vos fenêtres, madame la garde des sceaux. Ma question s’adressera donc à M. le ministre de l’intérieur, en l’absence de M. le Premier ministre.
Cette manifestation de demain exprimera le malaise et, au-delà, la colère des policiers face à plusieurs décisions de justice incompréhensibles, au moment même où l’un de ces policiers, l’un de ces hommes valeureux et courageux qui assurent la défense de nos libertés, lutte contre la mort après avoir été visé par quelqu’un qui bénéficiait d’une permission de sortie totalement inopportune.
Les policiers exprimeront aussi leur colère face à la pression qu’ils subissent et aux centaines de milliers d’heures de récupération qui ne sont pas payées. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)
Ils exprimeront leur colère devant le fait que les immigrés en situation clandestine qu’ils interpellent chaque jour sont systématiquement relâchés, comme c’est le cas à Menton ou à Calais.
M. Michel Lefait. Démagogie !
M. Éric Ciotti. Monsieur le ministre de l’intérieur, ce matin, vous avez fait un énième discours, vous avez prononcé des paroles, mais les policiers attendent des actes.
Ils attendent des actes en matière de légitime défense, alors que vous avez refusé d’adopter la proposition de loi que le groupe des Républicains avait déposée. Ils attendent des actes en matière de moyens et, surtout, ils attendent de la considération – la considération légitime que leur ont portée les Français lors de la manifestation du 11 janvier dernier, et qu’ils méritent.(« Bravo ! » et applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains.)
Quand entendrez-vous, monsieur le ministre, le malaise des policiers et leur colère ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains. – Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur. Monsieur Ciotti, le moins que l’on puisse dire, c’est que vous ne manquez pas de toupet ! (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.) Je vais vous dire de quelle manière vous avez considéré les policiers pendant cinq ans.
La considération que vous avez eue pour les policiers vous a conduits à ne pas augmenter pendant treize ans l’indemnité destinée aux forces mobiles, que nous avons augmentée, en une fois, de 30 %. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen. – Protestations sur les bancs du groupe Les Républicains.) Je pense que les policiers préfèrent notre considération à la vôtre. (Mêmes mouvements.)
La considération dans laquelle vous avez tenu les policiers vous a conduits, pendant cinq ans, à supprimer 13 000 postes dans les forces de sécurité, là où, avant la fin du quinquennat, nous en aurons créé 5 500. Je pense que les policiers préféreront notre considération à la vôtre. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)
Pendant cinq ans, vous avez diminué de 8 % les crédits de fonctionnement dont bénéficiaient la police et la gendarmerie. Cette année, je présente un budget prévoyant une augmentation de 3,1 % de ces crédits. Je pense que les policiers, monsieur Ciotti, préféreront ma considération à la vôtre. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)
Pendant cinq ans, vous avez supprimé quinze unités de forces mobiles dans la police. (Protestations sur les bancs du groupe Les Républicains.) Le Premier ministre a décidé de créer 900 postes supplémentaires pour redonner aux forces mobiles les moyens dont elles ont besoin. (« Bravo ! » sur plusieurs bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.) Je pense que les policiers préféreront notre considération à la vôtre. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen. – Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)
En outre, monsieur Ciotti, lorsque j’ai rencontré les forces de l’ordre, ce matin, elles étaient parfaitement conscientes de l’état d’affaiblissement dans lequel vous les avez mises par vos décisions iniques. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen. – Protestations sur les bancs du groupe Les Républicains.)
Quand vous parlez de Calais et de l’immigration irrégulière, les forces de sécurité, qui se mobilisent avec courage contre l’immigration irrégulière, savent parfaitement que, grâce à leur action et grâce à nos moyens, le nombre de filières que nous avons démantelées a augmenté de 25 % et qu’entre 2013 et aujourd'hui, le nombre des personnes reconduites à la frontière est passé de 13 000 à 17 000. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)
Alors, franchement, monsieur Ciotti, un peu moins de toupet et un peu plus de dignité ! (Mmes et MM. les députés du groupe socialiste, républicain et citoyen se lèvent et applaudissent vivement. – Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)
Auteur : M. Éric Ciotti
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Police
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 octobre 2015